Uber Canada signe une entente avec le syndicat, mais pas pour se syndiquer
Uber Technologies Inc. a signé une entente avec un syndicat du secteur privé qui assurera la représentation des chauffeurs et des coursiers canadiens, mais ne syndique pas les travailleurs.
Le géant de la technologie basé à San Francisco, en Californie, a déclaré jeudi qu’il s’associait à United Food and Commercial Workers Canada, un syndicat représentant au moins 250 000 travailleurs d’entreprises telles que Maple Leaf Foods Inc., Loblaw Companies Ltd. et Molson Coors Beverage Co.
Le partenariat donnera aux TUAC Canada la possibilité de représenter environ 100 000 chauffeurs et coursiers canadiens, à la demande des travailleurs, lorsqu’ils font face à des désactivations de compte et à d’autres différends avec Uber.
Les travailleurs ne seront pas facturés pour les services de représentation, qui seront couverts conjointement par Uber et les TUAC Canada.
« Nous nous sommes réunis pour trouver un terrain d’entente et ouvrir une nouvelle voie vers un avenir meilleur pour les travailleurs basés sur les applications », a déclaré Andrew Macdonald, vice-président senior des courses et de la plate-forme mondiales d’Uber, dans un communiqué.
« Grâce à cet accord, nous accordons la priorité à ce que les chauffeurs et les livreurs nous disent qu’ils veulent : améliorer leur flexibilité pour travailler si, quand et où ils le souhaitent avec une voix plus forte et de nouveaux avantages et protections. »
Les chauffeurs et les coursiers d’Uber sont considérés comme des entrepreneurs indépendants car ils peuvent choisir quand, où et à quelle fréquence ils travaillent, mais en échange, ils n’ont aucune sécurité d’emploi, aucune indemnité de vacances ni aucun autre avantage.
La décision d’offrir plus de soutien aux travailleurs d’Uber au Canada intervient alors que le géant de la technologie fait face à une pression mondiale croissante pour reconnaître les coursiers et les chauffeurs comme des employés et, au moins, mieux les rémunérer et leur donner plus de droits.
L’avocate de Samfiru Tumarkin, Samara Belitzky, par exemple, a représenté le coursier d’Uber Eats David Heller dans un recours collectif faisant valoir que ceux qui travaillent pour Uber devraient avoir droit au salaire minimum, à l’indemnité de vacances et à d’autres protections parce qu’ils répondent à la définition d’employés en vertu de la Loi sur l’emploi de l’Ontario. Loi sur les normes.
Belitzky ne pense pas que l’accord annoncé jeudi aura un impact important sur les travailleurs.
« Sur le papier, il semble que cela donne des droits ou des avantages supplémentaires très limités aux conducteurs, mais en pratique, cela ne leur donne pas grand-chose », a-t-elle déclaré.
L’accord soulève également des problèmes de conflit d’intérêts, car Uber paiera pour la représentation contre l’entreprise.
« Si j’étais chauffeur pour Uber… je serais un peu inquiète de savoir où se situent leurs intérêts », a-t-elle déclaré.
Belitzky a également noté que l’UFCW avait précédemment critiqué Uber pour plusieurs problèmes qu’elle avait décrits sur son site Web, mais a depuis remplacé ce contenu par des détails sur l’accord.
« C’est peut-être une façon pour Uber d’essayer d’apaiser les inquiétudes du syndicat », a-t-elle déclaré.
La page des TUAC Canada indiquait précédemment que les chauffeurs passaient souvent plus de 100 heures connectés à l’application Uber et attendaient du travail chaque semaine, les laissant payés bien en dessous du salaire minimum pour les heures qu’ils passaient à faire des courses.
Il s’est également plaint que les chauffeurs d’Uber sont susceptibles d’être désactivés si leurs notes – les scores offerts en retour par les consommateurs – tombent en dessous d’un certain seuil. Les TUAC Canada ont déclaré que cette pratique peut obliger un conducteur à quitter son travail s’il refuse les demandes des clients d’ignorer les règles de circulation ou les règlements municipaux.
Le syndicat s’est également inquiété du peu de recours dont disposent les chauffeurs et les coursiers d’Uber lorsqu’ils sont victimes de harcèlement et d’abus au travail parce qu’ils ne sont pas éligibles à l’indemnisation des accidents du travail, aux indemnités de vacances, aux heures supplémentaires ou à la protection de la retraite.
Dans le cadre de l’entente entre les TUAC Canada et Uber, les deux groupes affirment qu’ils s’efforceront d’encourager les provinces à imposer des politiques offrant aux travailleurs à la demande de nouveaux avantages et d’autres droits.
« Ce n’est qu’un point de départ pour les nombreux problèmes que nous devons résoudre », a déclaré Paul Meinema, président national des TUAC Canada, dans une vidéo annonçant l’accord.
« Uber Canada et les TUAC Canada défendront conjointement des normes législatives à l’échelle de l’industrie comme des garanties de salaire minimum, un fonds d’avantages sociaux, une voie vers la syndicalisation et d’autres droits pour les travailleurs du secteur des applications. »
Uber a passé une grande partie de l’année dernière à présenter aux Canadiens un modèle appelé Flexible Work+. Le modèle demande aux provinces et aux territoires de forcer Uber et d’autres entreprises basées sur des applications à créer un fonds d’avantages sociaux autogéré à distribuer aux travailleurs pour les ordonnances, les soins dentaires et de la vue, les REER ou les frais de scolarité.
Les travailleurs ont déclaré que le modèle n’offrirait toujours pas toutes les protections qu’ils souhaitent et ont accusé Uber d’utiliser le terrain pour éviter de traiter les chauffeurs et les coursiers comme des employés.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 27 janvier 2022.