RBC affirme que le Canada se dirige vers une récession
Le Canada se dirige vers une récession modérée, mais la contraction économique devrait être de courte durée par rapport aux récessions précédentes, selon les économistes de la Banque Royale du Canada.
La Banque du Canada a relevé son taux d’intérêt directeur au jour le jour de manière agressive cette année afin de lutter contre l’inflation galopante, qui a atteint 7,7 % en mai, soit la hausse la plus rapide en près de quarante ans et bien au-delà des attentes des économistes.
La banque centrale maintenant son objectif de deux pour cent, des mesures plus agressives sont attendues ce mois-ci et au-delà pour réduire l’inflation de 5,7 pour cent. Les économistes prévoient une augmentation de 75 points de base en juillet – reflétant la décision de la Réserve fédérale américaine en juin – et une autre de 50 points en septembre, selon un sondage Reuters.
Cette stratégie énergique, en phase avec la Réserve fédérale américaine, a fait craindre que le Canada ne se dirige vers une récession, les coûts d’emprunt élevés rendant les ménages canadiens trop endettés particulièrement vulnérables. Selon les experts, les groupes à faible revenu sont les plus exposés au double risque de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt.
Selon les économistes, la plupart des pressions inflationnistes proviennent de l’extérieur du Canada, les prix de l’énergie et des denrées alimentaires s’envolant en raison des goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement dus en partie à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
« La croissance économique du Canada a tiré sur tous les cylindres après les arrêts de la pandémie », ont déclaré les économistes Nathan Janzen et Claire Fan dans un article de RBC publié mercredi.
« Mais un resserrement historique de la main-d’œuvre, la flambée des prix des aliments et de l’énergie et la hausse des taux d’intérêt se rapprochent maintenant. Ces pressions pousseront probablement l’économie vers une contraction modérée en 2023… Pourtant, selon les normes historiques, nous nous attendons à ce que le ralentissement soit modeste. «
Selon Janzen et Fan, la forte activité dans les secteurs du voyage et de l’hôtellerie et la hausse des prix des produits de base contribuent à alimenter la reprise, mais le manque de travailleurs entrave les entreprises qui tentent de se développer. Ils notent que si le nombre d’offres d’emploi a augmenté de 70 % le mois dernier par rapport à la même période avant la pandémie, les employeurs se sont disputés près de 9 % de travailleurs en moins sur le marché du travail.
« La flambée des prix réduit le pouvoir d’achat des Canadiens à la pompe et à l’épicerie », ont-ils ajouté.
« La contraction de l’économie se poursuivra l’année prochaine, [the unemployment] Le taux de chômage augmentera probablement d’un autre point et demi de pourcentage pour atteindre 6,6 pour cent. Ces pertes d’emplois surviendront à un moment où les Canadiens sont déjà aux prises avec la hausse des prix et du service de la dette, des facteurs qui ont touché le plus durement les ménages à faible revenu. »
Entre-temps, mardi, le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a constaté qu’au cours des 60 dernières années, les trois fois où la Banque du Canada a réussi à réduire l’inflation de 5,7 % par une hausse rapide et agressive des taux d’intérêt, une récession a suivi. Mais les économistes de RBC et d’ailleurs ont déclaré qu’il y a peu d’alternatives que les banques centrales peuvent utiliser pour faire face à l’inflation.
« La Banque du Canada n’a maintenant guère d’autre choix que d’agir », ont écrit Jazen et Fan.
« L’inflation a été trop forte pendant trop longtemps et commence à s’immiscer dans les attentes des entreprises et des consommateurs à plus long terme. Des attentes d’inflation plus élevées peuvent devenir auto-réalisatrices, rendant les entreprises plus susceptibles de répercuter les augmentations de coûts et les consommateurs plus disposés à les payer. »
Même sans les mouvements de taux d’intérêt, le ralentissement de la croissance et de la demande extérieure pèsera sur le Canada.
Malgré ces préoccupations, RBC croit que la récession sera moins grave que les ralentissements économiques précédents.
« Les pressions inflationnistes mondiales pourraient bientôt atteindre un sommet », prédisent les économistes.
« Les prix augmentent encore trop vite et l’inflation ne ralentira pas durablement tant que la demande ne diminuera pas. Mais une fois que cela se produira, les banques centrales assoupliront à nouveau les taux d’intérêt… Nous ne pensons pas qu’il faudra longtemps pour dénouer cette faiblesse en 2024 et au-delà. »
Graphique réalisé par Deena Zaidi, journaliste de actualitescanada.com.