L’UE veut interdire les produits issus du travail forcé
L’Union européenne a dévoilé mercredi des plans visant à interdire les produits fabriqués par le travail forcé, dans le but de lutter contre une forme moderne d’esclavage qui, selon une agence des Nations unies, touche plus de 27 millions de personnes dans le monde.
La Commission européenne, qui propose les lois de l’UE, a déclaré que cette politique retirerait des marchés du bloc des 27 nations tous les produits fabriqués par le travail forcé. Elle empêcherait également qu’ils soient fabriqués ou expédiés dans le plus grand bloc commercial du monde.
L’initiative ne vise pas de sociétés, d’industries ou de pays spécifiques.
« Notre objectif est d’éliminer du marché européen tous les produits issus du travail forcé, quel que soit leur lieu de fabrication. Notre interdiction s’appliquera aux produits nationaux, aux exportations et aux importations », a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission.
Le bras exécutif de l’UE définit le travail forcé comme une situation dans laquelle une personne est contrainte de travailler par la violence ou l’intimidation, ou de manière plus indirecte en se faisant manipuler pour rembourser sa dette, en se faisant voler ses papiers d’identité ou en étant menacée d’être dénoncée aux services d’immigration.
Le projet prévoit que la Commission crée et gère une base de données publique contenant des informations sur les produits et pratiques suspects. Les pays de l’UE désigneraient une autorité chargée de faire appliquer les règles, et les agents des douanes seraient chargés de veiller au respect de ces règles aux frontières de l’Union.
L’objectif est de se concentrer sur les produits à haut risque. Des enquêtes seront lancées si les autorités nationales pensent que le travail forcé a pu être utilisé. Les cas suspectés impliquant des opérateurs plus importants qui fabriquent le plus de produits seraient la cible privilégiée, plutôt que les petites entreprises.
Si un produit issu du travail forcé est déjà commercialisé dans l’UE, l’entreprise concernée sera tenue de le retirer du marché et de l’éliminer. Si l’entreprise refuse, elle s’expose à des sanctions en vertu de la législation du pays où elle opère.
La principale organisation syndicale européenne, la Confédération européenne des syndicats, a salué ce projet.
« Une interdiction correctement appliquée devrait donc réduire les profits des criminels à l’origine de ces violations », a déclaré Claes-Mikael Stahl, secrétaire général adjoint de la CES.
L’Organisation internationale du travail a estimé qu’en 2021, environ 27,6 millions de personnes étaient contraintes de travailler un jour donné, dont 3,3 millions d’enfants. Les femmes et les filles représentaient 11,8 millions de ce nombre.
Le textile, les mines et l’agriculture font partie des industries les plus notoires pour cette pratique.
La proposition de la Commission doit maintenant être débattue par les États membres de l’UE et le Parlement européen. Les règles entreraient en vigueur deux ans après la conclusion d’un accord.