Le présumé espion d’Hydro-Québec demande une caution
Un ancien employé de la compagnie d’électricité du Québec, accusé d’espionnage économique au profit de la Chine, a nié jeudi qu’il risquait de s’enfuir et a déclaré vouloir rester au Canada pour combattre les accusations.
« Je veux rester ici pour blanchir mon nom », a déclaré Yuesheng Wang à la cour lors du deuxième jour d’une audience de libération sous caution au palais de justice de Longueuil, au Québec, au sud de Montréal. Il a dit à la cour que la défense de sa réputation était très importante pour lui.
L’homme de 35 ans est détenu depuis son arrestation par la GRC le 14 novembre. Les procureurs fédéraux s’opposent à sa libération car ils craignent qu’il ne fuie le pays.
Wang, un résident de Candiac, au Québec, au sud de Montréal, est la première personne à être accusée d’espionnage économique en vertu de la Loi sur la sécurité de l’information du Canada, et il fait également face à trois accusations en vertu du Code criminel pour utilisation frauduleuse d’un ordinateur, obtention frauduleuse d’un secret commercial et abus de confiance.
La GRC allègue que l’ancien employé d’Hydro-Québec a donné des informations sur l’entreprise publique à une université et à des centres de recherche chinois et qu’il a publié des articles scientifiques et déposé des brevets avec eux plutôt qu’avec l’entreprise publique. La police allègue également que Wang a utilisé des informations sans le consentement de son employeur, portant ainsi atteinte à la propriété intellectuelle d’Hydro-Québec.
Jusqu’à ce qu’il soit licencié au début du mois, Wang était un chercheur qui travaillait sur les matériaux de batterie avec le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage de l’énergie, connu sous le nom de CETEES. Ce centre développe des technologies pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d’énergie.
Depuis mercredi, le tribunal a entendu certaines des preuves recueillies au cours de l’enquête de la GRC. L’avocat de Wang, Gary Martin, n’a pas demandé d’interdiction de publication de ces preuves.
« Pour de nombreuses raisons, il a le sentiment d’être accusé injustement, et les récriminations faites contre lui … ce qu’ils disent ou allèguent contre lui, n’est pas vrai », a déclaré M. Martin à l’extérieur de la salle d’audience. « Il a le droit de se défendre. »
Wang aurait utilisé son compte courriel d’Hydro-Québec pour transférer à son adresse courriel personnelle des documents confidentiels et des photos non autorisées du laboratoire où il travaillait au sud-est de Montréal.
Il a déclaré à la cour que les informations qu’il aurait envoyées n’étaient pas secrètes et étaient « open source ». Il a dit avoir pris des photos du laboratoire à l’aide de son téléphone cellulaire, mais il a précisé qu’il l’avait fait pour montrer des failles de sécurité à ses collègues. Il a cependant admis avoir vu dans le laboratoire des panneaux interdisant la photographie.
Wang, un ressortissant chinois titulaire d’un visa de travail pour son emploi à la compagnie d’électricité du Québec, a mis en vente sa maison de la banlieue de Montréal et un condominium du centre-ville pour s’assurer qu’il resterait au Canada. Il n’a pas de famille dans le pays et sa vie sociale est limitée au travail et à un groupe de randonnée, a-t-il dit.
Sa petite amie depuis un peu moins de deux ans, Ayun Feng Zheng, a déclaré à la cour qu’elle se porterait garante pour que Wang respecte les conditions de la cour, s’il est libéré. Mais elle a dit qu’elle n’avait pas d’argent à offrir.
« Je crois vraiment qu’il va rester pour prouver qu’il n’a pas fait ces choses », a-t-elle dit à la cour.
« Sa réussite scolaire est quelque chose dont il est vraiment fier et qui lui tient aussi beaucoup à cœur… pour continuer son cher travail scolaire, je pense qu’il va rester afin de blanchir son nom et d’obtenir un traitement équitable de la part d’Hydro-Québec et de ce pays. »
Le juge Marco LaBrie de la Cour du Québec entendra les arguments finaux plus tard jeudi.
Ce reportage de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 23 novembre 2022.