La démence au Canada : Le rapport indique que le pays n’est pas préparé
Le Canada n’est pas prêt à faire face à l’augmentation des taux de démence avec le vieillissement de sa population, selon une nouvelle étude de l’organisation nationale de défense des personnes âgées CanAge.
Dans son rapport sur la démence au Canada, publié le 18 octobre, CanAge prévient que le Canada sera confronté à un afflux de patients atteints de démence suffisamment important pour submerger son système de soins de santé d’ici 2050.
Entre-temps, l’organisme constate que le Canada prend du retard dans la course mondiale pour répondre aux besoins complexes d’une population qui vieillit rapidement. Selon les données du recensement de 2021, les personnes âgées de 85 ans et plus constituent désormais l’un des groupes démographiques dont la croissance est la plus rapide dans le pays.
Plus de sept millions de Canadiens ont actuellement plus de 65 ans. Dans la plupart des provinces, cela représente une personne sur six. Alors qu’un sixième de la population mondiale devrait avoir plus de 65 ans d’ici 2050, le Canada a déjà franchi cette étape. Dans certaines provinces, ce chiffre est plus proche d’une personne sur quatre.
« Étant donné que le risque de démence double à l’âge de 85 ans pour atteindre 25 pour cent, la fenêtre d’opportunité pour prendre de l’avance sur une crise inévitable des soins de santé s’amenuise de façon alarmante », peut-on lire dans le rapport.
Le rapport fait suite à la publication du Plan d’action mondial contre la démence de l’Organisation mondiale de la santé en 2017, qui visait à stimuler une approche mondiale coordonnée pour faire face à la croissance prévue du nombre de personnes vivant avec un déclin cognitif.
Une partie du problème du Canada, explique Laura Tamblyn Watts, PDG de CanAge, est qu’il manque de prestataires de soins de santé formés en gériatrie, capables de diagnostiquer la démence de manière précoce. En 2016, seuls deux médecins canadiens sur cinq se sentaient bien préparés à gérer les soins communautaires de la démence. Et alors qu’il y avait un pédiatre pour 2 822 enfants en 2020, la même année, il y avait un gériatre pour 20 905 personnes âgées, soit 327 gériatres au total.
« Nous savons que, dans la mesure où des traitements sont disponibles, ils doivent être administrés rapidement, et cela (parce que) les quelques médicaments dont nous disposons ne fonctionnent qu’au début du diagnostic », a déclaré Tamblyn Watts à la chaîne d’information de CTV mercredi.
Elle a ajouté que d’autres interventions, notamment le soutien social, sont également plus efficaces lorsqu’elles sont appliquées aux premiers stades de la démence. Cependant, comme il y a très peu de prestataires de soins de santé spécialisés en gériatrie et en déclin cognitif au Canada, par rapport au nombre de personnes âgées, il est difficile d’obtenir un diagnostic précoce de la démence.
« Dans les cas où nous ne pouvons même pas obtenir un diagnostic, les défis sont encore plus grands », a déclaré Tamblyn Watts.
Le rapport de CanAge constate que les spécialistes de la démence ont tendance à se concentrer dans les principaux centres urbains, ce qui expose les populations vieillissantes des communautés éloignées et rurales, ainsi que celles des autres communautés marginalisées, à un plus grand risque.
« De nombreuses personnes sont préoccupées par l’obtention d’un diagnostic formel parce qu’elles ont l’impression d’être victimes d’une discrimination active. Ces sentiments sont réels et fondés sur des preuves », a déclaré Tamblyn Watts.
UNE VOIE D’AVENIR
Pour que le système de santé canadien puisse gérer l’augmentation inévitable des taux de démence, le rapport préconise l’établissement d’un diagnostic en temps opportun à l’adresse DeepL, la formation de médecins spécialisés dans la démence et la mise en place de traitements et de technologies novateurs pour les patients ; un meilleur soutien pour les soignants ; et un meilleur soutien, une meilleure formation et un meilleur accès aux conseils pour les travailleurs de la santé.
Le Canada a publié une stratégie nationale sur la démence en 2019, ce qui en fait l’un des 39 États membres des Nations unies à le faire. Cependant, le rapport de CanAge indique qu’il n’existe pas de lignes directrices claires sur la façon dont les provinces et les territoires peuvent mettre en œuvre la stratégie et mesurer son succès, et que de nombreuses provinces et territoires n’ont pas leur propre stratégie claire en matière de démence.
CanAge recommande au gouvernement fédéral de recueillir de meilleures données sur la prévalence, les facteurs de risque et les effets des démences au Canada afin de mieux soutenir sa stratégie. Elle suggère également que la stratégie soit mise à jour pour inclure un plan de mise en œuvre avec des critères de réussite clairs, et un plan clair pour travailler avec les provinces et les territoires afin de mettre en œuvre la stratégie localement. Il indique également que le gouvernement fédéral devrait s’efforcer de transférer plus efficacement les fonds aux provinces pour gérer la capacité du système de soins de santé, les pénuries de main-d’œuvre et le soutien aux personnes atteintes de démence.
« Nous devons nous assurer que nous mettons de côté des soutiens dédiés aux fournisseurs de soins de santé afin qu’ils puissent obtenir la formation continue dont ils ont besoin pour soutenir leur clientèle qui vieillit », a déclaré Tamblyn Watts.