L’Ukraine et la Syrie devraient être au centre des discussions entre Erdogan et Poutine en Russie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est rendu en Russie vendredi pour des entretiens avec le président russe Vladimir Poutine qui devraient porter sur un accord sur les céréales négocié par la Turquie, les perspectives de discussions sur la fin des hostilités en Ukraine et la situation en Syrie.
Le mois dernier, la Turquie et les Nations Unies ont aidé à négocier des accords entre la Russie et l’Ukraine, permettant à cette dernière d’exporter 22 millions de tonnes de céréales et d’autres produits agricoles bloqués dans ses ports de la mer Noire depuis que Moscou a envoyé des troupes dans le pays il y a plus de cinq mois. Ces accords permettent également à la Russie d’exporter des céréales et des engrais.
Trois autres navires transportant des milliers de tonnes de maïs ont quitté les ports ukrainiens vendredi après le départ du premier navire en début de semaine.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré que les discussions de vendredi à Sotchi permettront à Poutine et Erdogan d’examiner la mise en œuvre de l’accord sur les céréales. Il a noté que les deux dirigeants discuteront également de la situation en Ukraine et en Syrie.
En mars, la Turquie a accueilli une série de pourparlers entre les négociateurs russes et ukrainiens qui ont discuté d’un éventuel accord pour mettre fin aux hostilités. Mais les discussions se sont effondrées après la réunion d’Istanbul, la Russie et l’Ukraine se rejetant mutuellement la responsabilité de l’absence de progrès.
La Turquie, membre de l’OTAN, et la Russie entretiennent des relations complexes. Bien que les deux pays soutiennent des camps opposés en Syrie et en Libye, ils coopèrent étroitement en matière de défense, d’énergie et d’accords commerciaux. Leur relation a frustré les alliés occidentaux de la Turquie, qui ont été particulièrement contrariés par l’achat par Ankara d’un système de défense aérienne russe sophistiqué.
La Turquie a fourni à l’Ukraine des drones, qui ont joué un rôle important dans la dissuasion de l’avancée russe au début du conflit, mais elle ne s’est pas associée aux sanctions contre la Russie.
Au milieu d’une crise économique majeure avec une inflation officielle atteignant près de 80%, la Turquie dépend de plus en plus de la Russie pour le commerce et le tourisme. Elle dépend également de la Russie pour ses importations de gaz naturel et l’agence atomique russe construit actuellement la première centrale nucléaire de Turquie.
Les relations entre la Russie et la Turquie ont atteint un point bas en 2015 lorsque la Turquie a abattu un avion de guerre russe près de la frontière syrienne et que Moscou a répondu en arrêtant le tourisme en Turquie et en interdisant les importations de fruits et légumes et d’autres articles en provenance de Turquie.
Bien que Moscou et Ankara aient soutenu des camps opposés dans le conflit syrien, la Russie étayant le gouvernement du président Bachar Assad avec l’aide de l’Iran tandis que la Turquie soutenait l’opposition, les deux pays ont coopéré étroitement pour négocier un accord de cessez-le-feu dans le nord-ouest de la Syrie.
La Turquie espère maintenant que Moscou donnera son feu vert à une opération turque dans le nord de la Syrie contre les militants kurdes que la Turquie considère comme des terroristes.
Zeynep Bilginsoy à Istanbul, Turquie, a contribué à ce rapport.