Quel est le statut de l’accord d’Ottawa sur la garde d’enfants avec les provinces et les territoires?
OTTAWA — Au cours des près de huit mois écoulés depuis que le gouvernement fédéral a dévoilé son ambitieux plan de garde d’enfants, niché dans son budget du printemps, sept provinces et un territoire ont signé l’entente.
Seuls l’Alberta, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut n’ont pas encore signé la ligne pointillée qui permettrait de consacrer des milliards de dollars à l’établissement d’un programme d’apprentissage et de garde des jeunes enfants à 10 $ par jour.
Alors, que reste-t-il du processus de négociation et quand l’argent coulera-t-il réellement ?
RETARDS DES ELECTIONS
Le retard pour conclure les ententes restantes semble être, du moins en partie, attribuable à la campagne électorale fédérale de l’automne. Maintenant que le premier ministre Justin Trudeau a nommé son cabinet, ces pourparlers ont repris, ont déclaré des responsables provinciaux à CTVNews.ca.
La ministre des Services à l’enfance de l’Alberta, Rebecca Schulz, a déclaré qu’elle avait pu communiquer avec son homologue fédérale nouvellement nommée, la ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Karina Gould, depuis l’annonce par le cabinet du besoin d’accélérer les consultations.
« Comme je l’ai déjà dit, nous convenons que l’accès à des services de garde abordables et de qualité est important pour les familles albertaines. Nous travaillons actuellement avec le gouvernement fédéral pour créer un plan élaboré par l’Alberta qui stimulera la reprise économique et soutiendra les parents qui travaillent », lit-on dans une déclaration publiée sur CTVNews.ca vendredi dernier.
« À la suite des élections fédérales, nous avons présenté au gouvernement fédéral un plan qui est soutenu par un certain nombre d’opérateurs à but non lucratif et privés ainsi que des chefs d’entreprise. »
Le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick, Dominic Cardy, a quant à lui déclaré que « notre objectif demeure de parvenir à une entente le plus tôt possible ».
« Nous cherchons à mieux comprendre comment le financement fédéral peut avoir une incidence sur les services de garde d’enfants dans la province et nos efforts pour soutenir les familles, les éducateurs et les exploitants du Nouveau-Brunswick.
La proposition prévoit un investissement de 30 milliards de dollars à compter de 2021-2022 dans le cadre d’un accord initial de cinq ans.
L’objectif est de réduire de 50 % les tarifs moyens des soins réglementés dans toutes les provinces hors Québec d’ici la fin de 2022 et d’atteindre la structure de 10 $ par jour d’ici 2025-2026.
Le gouvernement travaillera séparément avec le Québec sur une entente unique pour améliorer leur système.
Selon les données de 2020 du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), Toronto, ON a signalé les frais médians les plus élevés pour les tout-petits l’année dernière à 1 578 $ par mois, suivi de Richmond Hill, ON à 1 327 $ et de Richmond, C.-B. à 1 300 $.
La vice-première ministre Chrystia Freeland a déclaré la semaine dernière qu’elle comprenait l’urgence de mettre le plan en œuvre.
« Beaucoup de familles m’ont dit que les frais d’apprentissage et de garde des jeunes enfants sont comme une deuxième hypothèque. Nous travaillons vraiment très fort pour conclure des accords avec les provinces et les territoires avec lesquels nous n’avons pas encore conclu d’accord », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.
« C’est vraiment important pour moi de les terminer, de les faire rapidement, car cela aidera les familles à s’en sortir. »
Le budget 2021 stipule qu’Ottawa autorisera le transfert du premier lot de financement dès que des ententes bilatérales seront conclues.
Cependant, un porte-parole du ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social a déclaré à CTVNews.ca que l’argent serait versé d’ici la fin de l’année.
PLUS D’ESPACES NÉCESSAIRES
Mais comme le notent certains experts, une réduction des frais n’est qu’une partie du problème. S’attaquer au manque d’espace est tout aussi urgent.
Dans une crise de plate-forme par le CCPA, l’auteur David Macdonald note que pour éviter une augmentation soudaine des longues listes d’attente, plus d’espaces doivent être construits pour répondre à la demande accrue.
« Ces espaces ont besoin de capitaux pour démarrer et d’éducateurs de la petite enfance (EPE) pour les doter et d’une stratégie planifiée pour s’assurer que l’expansion se produit quand et où c’est nécessaire. Sans formation supplémentaire en EPE et sans salaires considérablement plus élevés pour les attirer vers ces emplois, le personnel ne partira pas de rien. Des dollars pour la formation, de meilleures conditions de travail et des conditions salariales plus élevées doivent faire partie de tout plan national », lit-on dans le rapport.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a souligné certaines de ces préoccupations dans ses commentaires sur la réticence de son gouvernement à adhérer au plan tel qu’il a été rédigé.
En tant que province la plus peuplée du Canada, l’Ontario recherche une approche plus adaptée pour répondre à ses besoins tout en reconnaissant les investissements existants de la province, comme la maternelle à temps plein.
«Bien que nous nous félicitions d’un soutien accru aux services de garde, jusqu’à cette année, le gouvernement fédéral ne contribuait qu’à 2,5 pour cent au programme de l’Ontario», indique un communiqué du bureau du ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, envoyé à CTVNews.ca lundi.
« L’Ontario a besoin d’un soutien financier à long terme qui soit flexible pour répondre aux besoins uniques de chaque parent, et non d’une approche unique. L’Ontario négociera un bon accord pour les parents de l’Ontario – un accord qui offre aux familles qui travaillent fort des options de garde d’enfants sûres, abordables et flexibles.
Malgré les opinions et les approches divergentes pour améliorer les services de garde au Canada, les gouvernements provincial et fédéral conviennent que la reprise économique post-pandémie dépendra d’un système amélioré pour remettre les parents au travail.