Postmedia et Nordstar mettent fin aux pourparlers de fusion
Les sociétés de médias canadiennes Postmedia Network Canada Corp. et Nordstar Capital LP, la société propriétaire du Toronto Star, ont mis fin aux discussions sur une éventuelle fusion, affirmant qu’elles n’étaient pas en mesure de parvenir à un accord.
Les deux sociétés ont publié des communiqués de presse révélant le changement, Torstar Corp. notant que le contexte supplémentaire d’incertitude réglementaire et financière a contribué à la fin des pourparlers.
« Ce sont des temps difficiles pour les entreprises de médias, mais nous avons l’intention de continuer à travailler dur pour donner aux Canadiens les nouvelles dont ils ont besoin pour rester informés, ce qui est essentiel pour nos communautés et pour le fonctionnement de notre démocratie », a déclaré Jordan, propriétaire de Nordstar et éditeur du Toronto Star. Bitove dans un communiqué de presse.
Le président et chef de la direction de Postmedia, Andrew MacLeod, a déclaré dans un communiqué que « le besoin de solutions créatives et de transformation fondamentale dans notre industrie demeure ».
Les deux sociétés ont annoncé fin juin qu’elles étaient en pourparlers pour fusionner dans le cadre d’un accord qui aurait vu Postmedia et Metroland Media Group unir leurs forces, tandis que le Toronto Star serait géré par une nouvelle société.
Ils avaient déclaré que l’accord proposé les aiderait à se développer afin de répondre à la « menace existentielle » à laquelle est confrontée l’industrie des médias.
Mais les experts ont tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’un tel accord pourrait faire pour la couverture de l’actualité locale et pour la concurrence dans le journalisme. Beaucoup l’ont comparé à un accord en 2017 qui a vu Torstar et Postmedia échanger 41 journaux communautaires et quotidiens, dont 36 ont ensuite été fermés.
Le Bureau de la concurrence a lancé une enquête sur cette transaction, mais n’a finalement rien fait pour l’arrêter.
Postmedia a licencié 11% de son personnel éditorial plus tôt cette année dans le dernier signe de lutte pour la société nationale, qui possède des publications à travers le pays, notamment le National Post, le Vancouver Sun et le Calgary Herald.
L’accord maintenant mort aurait vu Nordstar conserver une participation de 65% dans la nouvelle société qui aurait été créée pour diriger le Toronto Star.
Pendant ce temps, les actionnaires de Postmedia auraient détenu une participation économique de 56% dans la société fusionnée, Nordstar détenant le reste, tandis que les actions avec droit de vote auraient été réparties à parts égales.
L’accord aurait également vu Postmedia convertir une partie de sa dette impayée en capitaux propres. Au cours de son dernier exercice complet, la société a payé 31 millions de dollars en frais d’intérêts tout en portant une dette d’environ 275 millions de dollars.
Les pourparlers entre Postmedia et Nordstar sont intervenus au milieu d’une vague de licenciements dans des entreprises de médias, notamment Postmedia, Bell et l’Athletic and Vice.
Chacun a vu ses revenus s’effondrer ces dernières années alors que les abonnés aux journaux et au câble ont chuté et que les géants du numérique se sont précipités, engloutissant les dollars publicitaires.
Le projet de recherche sur la concentration des médias au Canada a révélé que Google et Facebook représentaient collectivement 79 % des revenus publicitaires en ligne estimés à 12,3 milliards de dollars en 2021 et plus de la moitié des dépenses publicitaires totales dans tous les médias.
L’ajout d’Amazon dans l’équation signifie que les trois conglomérats numériques américains représentent près de 90 % du marché de la publicité en ligne, a également constaté le projet.
La domination des trois acteurs signifie qu’il reste peu de revenus publicitaires aux éditeurs canadiens. Selon les calculs de Médias d’Info Canada, les revenus publicitaires des journaux communautaires du pays sont passés de 1,21 milliard de dollars en 2011 à 411 millions de dollars en 2020. Au cours de cette période, près de 300 journaux ont disparu ou ont fusionné avec d’autres publications.
Pour lutter contre de telles ramifications, le gouvernement fédéral a récemment adopté la loi sur les informations en ligne, qui obligera les géants du numérique à payer les médias pour le contenu qu’ils partagent ou réutilisent sur leurs plateformes lorsqu’il entrera en vigueur plus tard cette année.
Les dirigeants de Postmedia et de Torstar soutiennent depuis longtemps les éditeurs qui reçoivent des réparations des géants du numérique.
Google et Meta, propriété d’Alphabet, propriétaire de Facebook et d’Instagram, ont réagi à la législation en annonçant qu’ils bloqueraient le contenu des éditeurs de nouvelles canadiens de leurs services avant l’entrée en vigueur de la loi.
Google a annoncé qu’il abandonnerait son News Showcase, un produit qu’il utilise pour autoriser les nouvelles de plus de 150 éditeurs locaux, dont Postmedia et Torstar, au Canada.
La semaine dernière, le gouvernement fédéral, la province de Québec et la ville de Montréal ont annoncé qu’ils suspendaient la publicité sur les plateformes Meta en réponse aux plans de l’entreprise de supprimer le contenu des nouvelles.
Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a déclaré que le gouvernement était en pourparlers avec Google et pensait que ses préoccupations seraient gérées par les réglementations à venir lors de la mise en œuvre du projet de loi, mais il a suggéré que la conversation avec Meta était différente.
Un porte-parole de Meta a déclaré que le processus de réglementation ne répondrait pas à ses préoccupations, le projet de loi devant entrer en vigueur dans moins de six mois.
La semaine dernière, Torstar et Postmedia, ainsi que les sociétés de médias Cogeco Inc. et le propriétaire de TVA et de Vidéotron, Quebecor Inc., ont annoncé qu’ils suspendaient la publicité sur les plateformes de Meta.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 10 juillet 2023.
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Torstar détient un investissement dans La Presse canadienne dans le cadre d’une entente conjointe avec des filiales du Globe and Mail et de La Presse de Montréal.