Macron : l’Europe doit défendre sa souveraineté dans l’espace
BERLIN — L’Europe a besoin d’une politique spatiale plus audacieuse, a déclaré mercredi le président français Emmanuel Macron, avertissant que la souveraineté de l’Europe est en jeu si elle se laisse distancer par les puissances rivales dans un domaine clé pour la technologie, la science et la compétitivité militaire.
S’exprimant lors d’une réunion à Toulouse, en France, M. Macron a déclaré que les événements récents avaient montré à quel point il est crucial de pouvoir surveiller les mouvements de troupes depuis l’orbite – une référence aux images satellites montrant le déploiement militaire massif de la Russie près de l’Ukraine qui font craindre une invasion imminente.
« Il n’y a pas de pleine puissance ou d’autonomie sans gestion de l’espace », a déclaré Macron. « Sans (lui), on ne peut pas conquérir de nouvelles frontières ni même contrôler les siennes ».
L’Europe a de bons résultats lorsqu’il s’agit de lancer des satellites pour les télécommunications, les services de positionnement mondial et la recherche scientifique. Mais elle est à la traîne par rapport à ses rivaux tels que les États-Unis, la Russie et la Chine en matière de vols spatiaux habités, n’ayant pas la capacité de lancer ses propres missions avec équipage.
Le mois dernier, le directeur de l’Agence spatiale européenne a soutenu les appels à développer son propre vaisseau spatial avec équipage, bien que les États membres doivent encore donner leur accord.
M. Macron a déclaré que l’Europe devait se demander si elle souhaitait suivre cette voie et, le cas échéant, quel devait être son objectif. Une option serait de suivre les États-Unis en visant Mars, tandis qu’une autre serait de se concentrer sur le remplacement de la station spatiale internationale vieillissante.
Avec des centaines de milliers d’emplois liés à l’industrie spatiale, M. Macron a prévenu que l’Europe devait faire face à une rude concurrence non seulement des grandes puissances, mais aussi de rivaux émergents comme l’Inde et des entreprises privées comme Blue Origin et SpaceX.
« Malheureusement, ils ne sont pas européens, mais ils ont fait un pari », a-t-il déclaré, ajoutant que ces entreprises avaient bénéficié d’un financement public important sous la forme de lancements parrainés par le gouvernement. M. Macron a déclaré que l’Europe devrait également envisager cette option pour ses lanceurs nationaux, comme la future Ariane 6.
Par ailleurs, l’Europe s’efforce d’égaler les « constellations privées » de satellites prévues dans un avenir proche par des entreprises privées telles que celles d’Elon Musk (42 000 satellites prévus) et Kuiper de Jeff Bezos (3 200 satellites). Il y a aussi Oneweb du gouvernement britannique, qui prévoit 650 satellites.
Cette constellation européenne, dont les premiers satellites devraient être opérationnels en 2024, vise à fournir des connexions aux réseaux Internet de l’UE et une couverture de communication commerciale dans toute l’UE et en Afrique.
« Nous avons un accord politique » pour déployer une « constellation indépendante », a déclaré le ministre français des Finances Bruno Le Maire en marge de la réunion.