Les défenseurs des droits de l’homme sont ravis que le tribunal ordonne à Santé Canada de réévaluer sa décision sur le glyphosate.
OTTAWA — Un désherbant populaire fait à nouveau l’objet d’un examen après que la Cour d’appel fédérale a jugé que Santé Canada n’avait pas suivi ses propres règles de réglementation des pesticides et des herbicides.
Il s’agit du dernier rebondissement dans les débats en cours dans le monde entier sur la question de savoir si le glyphosate est cancérigène et dangereux pour les humains.
Ce produit chimique a été autorisé pour la première fois au Canada en 1976 et se trouve actuellement dans plus de 100 désherbants, dont beaucoup sont utilisés par les agriculteurs pour lutter contre les mauvaises herbes dans les champs.
Mais le glyphosate fait l’objet d’une surveillance accrue au niveau mondial depuis que le Centre international de recherche sur le cancer a déclaré en 2015 qu’il causait « probablement » le cancer.
Santé Canada a réautorisé le glyphosate deux ans plus tard en disant que le produit reste sûr s’il est utilisé avec des conseils spécifiques, mais l’organisation à but non lucratif Safe Food Matters et d’autres se sont opposés à cette décision.
La Cour d’appel fédérale n’a pas annulé l’autorisation mais a déclaré dans un jugement rendu la semaine dernière que l’organisme de réglementation n’avait pas correctement expliqué pourquoi il avait rejeté les préoccupations soulevées par Safe Food Matters et qu’il devait donc revenir en arrière et réexaminer ces préoccupations.
Safe Food Matters et de nombreuses organisations environnementales espèrent que cette décision obligera l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada à nommer une équipe de scientifiques indépendants pour évaluer la sécurité du glyphosate.
Les groupes préoccupés par l’innocuité du glyphosate voulaient que l’organisme de réglementation nomme une équipe d’experts scientifiques pour examiner les preuves concernant le glyphosate. Ils s’inquiètent du fait qu’une partie de la science utilisée pour autoriser à nouveau son utilisation a été influencée par Monsanto, le fabricant original du Roundup.
Monsanto a été rachetée par l’entreprise allemande Bayer AG en 2018.
« Espérons que l’ARLA fasse bien les choses la deuxième fois et arrive à la décision qu’une commission d’examen est justifiée », a déclaré Mary Lou McDonald, présidente de Safe Food Matters. « Il y a encore une chance pour une fin heureuse sur le chapitre canadien de ce pesticide, une histoire qui est racontée dans le monde entier. »
Bayer a fait face à de multiples poursuites judiciaires aux États-Unis de la part d’Américains affirmant que le Roundup leur a donné le cancer. Plusieurs cas individuels ont abouti à des indemnités de plusieurs millions de dollars pour les plaignants, bien que Bayer fasse appel à la Cour suprême des États-Unis dans au moins un de ces cas.
Bayer continue d’affirmer que le Roundup est sûr, mais en 2020, elle a accepté un règlement de 10 milliards de dollars US pour au moins 95 000 réclamations à son encontre.
La plupart des organismes de réglementation nationaux, comme Santé Canada, ont conclu que le glyphosate est sans danger pour les humains en très petites quantités.
Beatrice Olivastri, PDG des Amis de la Terre Canada, dit qu’il y a un certain espoir que les nouvelles preuves sur le glyphosate qui ont été révélées au cours des cinq dernières années feront partie du tableau lorsque l’ARLA reconsidérera sa décision.
« Beaucoup de recherches ont eu lieu depuis cette dernière intervention en 2019 et elles pointent toutes vers de graves préoccupations quant aux impacts sur la santé humaine », a-t-elle déclaré.
Une grande partie de cela est liée à certains changements dans la façon dont le glyphosate est maintenant utilisé, et dans les habitudes alimentaires des Canadiens. L’utilisation du désherbant est autorisée juste avant la récolte, ce qui, selon certains, signifie qu’il reste davantage de résidus de glyphosate sur les cultures lorsqu’elles sont consommées par les humains.
Dans une déclaration écrite, Santé Canada n’a d’abord pas abordé directement la décision du tribunal, mais a ensuite envoyé une deuxième déclaration indiquant qu’il examinait la décision.