Le ministre des Sports du Canada dévoile une liste de réformes du sport sécuritaire
Le ministre canadien des Sports a annoncé une série de réformes pour faire face à la crise du sport sécuritaire.
Pascale St-Onge a dévoilé des mesures pour rendre les organismes nationaux de sport plus responsables du financement fédéral qu’ils reçoivent.
Un registre public des personnes sanctionnées ou suspendues au sein du système sportif, la restriction de l’utilisation des accords de non-divulgation, la publication des états financiers et la modification de la composition des conseils d’administration figuraient parmi les mesures annoncées.
La récente avalanche de plaintes d’athlètes concernant des mauvais traitements et des abus, y compris des abus sexuels, dans leurs sports a plongé le sport canadien dans une crise.
Des athlètes en larmes de plusieurs sports ont témoigné lors d’audiences de comités parlementaires à Ottawa sur les abus et le harcèlement qu’ils ont subis de la part d’entraîneurs et d’autres membres du personnel de l’équipe, sur la façon dont ceux au pouvoir ont fermé les yeux et sur leur peur des répercussions s’ils se plaignaient.
Il y a eu des appels de certains milieux pour une enquête nationale, y compris le prédécesseur de St-Onge, Kirsty Duncan, auquel St-Onge a jusqu’à présent résisté.
Parmi les mesures annoncées jeudi :
- Un registre public des personnes sanctionnées en vertu du Code de conduite universel pour prévenir et combattre la maltraitance dans le sport (UCCMS).
- Les accords de non-divulgation/clauses de non-dénigrement ne peuvent pas être utilisés pour empêcher les athlètes et autres participants sportifs de divulguer les abus ou le harcèlement qu’ils ont subis ou vus. Les organismes nationaux de sport doivent adopter le modèle d’entente avec l’athlète d’AthlètesCAN.
- La représentation des athlètes au conseil d’administration d’un ONS est obligatoire, au moins 40 % des membres du conseil doivent être indépendants de l’organisation, aucun membre du personnel ne peut siéger au conseil et la durée du mandat est de neuf ans.
- Les OSN doivent publier en ligne leurs états financiers annuels audités, les procès-verbaux des réunions du conseil et les rapports annuels sur la diversité au sein du conseil.
Le budget fédéral de cette année a engagé 13,8 millions de dollars pour le sport sécuritaire.
Une nouvelle unité de conformité de Sport Canada travaillera avec les organismes nationaux de sport et des experts externes pour résoudre les problèmes, surveiller les performances et lier l’atteinte de ces objectifs au financement fédéral. Ces plans doivent être en place d’ici 2024.
Sport Canada et le Comité olympique canadien dépenseront ensemble 2 millions de dollars pour l’éducation et la promotion de l’UCCMS et des outils disponibles pour lutter contre les abus.
L’Association canadienne des entraîneurs recevra 250 000 $ pour s’assurer que tous les entraîneurs des équipes nationales et de développement sont présélectionnés et certifiés. La certification comprend la vérification des antécédents et la formation UCCMS.
« Veiller au bien-être des athlètes est ma priorité absolue en tant que ministre des Sports », a déclaré St-Onge dans un communiqué.
« Le sport ne peut pas se limiter aux médailles et aux podiums. Les athlètes doivent avoir une plus grande voix à tous les niveaux de prise de décision.
« Les mesures concrètes que j’ai annoncées aujourd’hui font partie d’un changement à long terme visant à inverser la tendance d’un changement de culture bien nécessaire dans le sport.
« Les nouvelles exigences obligatoires augmenteront la responsabilité des organisations sportives, amélioreront les pratiques de gouvernance et donneront la priorité à la représentation des athlètes dans les structures décisionnelles. »
Les athlètes qui feront partie d’un comité consultatif de Sport Canada seront nommés bientôt, indique le communiqué.
Quelques semaines après que St-Onge a pris le portefeuille du sport en octobre 2021, elle a été confrontée à ce qu’elle a appelé une crise du sport sécuritaire.
Des accusations de mauvais traitements, d’abus sexuels ou de détournement de fonds visaient au moins huit organisations sportives nationales au cours de ses cinq premiers mois au pouvoir.
L’insatisfaction et les problèmes dans le sport de haut niveau canadien faisaient surface avant les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2022, certaines organisations sportives nationales procédant à des examens internes avant Pékin.
Mais quelques jours après les cérémonies de clôture, les athlètes des sports de bobsleigh, de skeleton et de boxe appelaient publiquement au licenciement du personnel de la fédération et des dizaines de gymnastes se sont manifestés en détaillant les abus dans leur sport.
Les joueurs de rugby, les rameurs et les nageurs artistiques se sont joints à la foule exigeant des changements allant de l’éviction des dirigeants et des entraîneurs au traitement des plaintes d’intimidation et de harcèlement aux décisions opaques prises concernant la sélection des athlètes pour les équipes.
Au milieu de cette tourmente, des révélations ont été faites sur la façon dont Hockey Canada a traité un viol collectif présumé par des membres de l’équipe masculine junior de hockey de 2018 lors d’un gala cette année-là.
Hockey Canada a utilisé une partie des frais d’inscription au hockey mineur pour régler des poursuites pour agression sexuelle.
Mesurer le succès par le nombre de médailles internationales remportées, et les décisions de financement basées sur cela, sont passés au microscope.
Le contribuable canadien est le plus gros investisseur dans le sport de haut niveau avec plus de 200 millions de dollars par an.
Les athlètes continuent de témoigner et les dirigeants du sport continuent d’être interrogés par les députés à Ottawa.
Canada Soccer a été parmi les derniers appelés sur le tapis alors que les athlètes de l’équipe féminine ont parlé à la fois de la mauvaise gestion financière de leur programme et du traitement d’un entraîneur reconnu coupable d’agression sexuelle.
St-Onge a été invitée à utiliser ses pouvoirs de financement pour punir les fédérations d’avoir permis une culture d’abus et forcer le changement au sein de la culture.
Elle a suspendu le financement de Hockey Canada l’an dernier et l’a rétabli le mois dernier.
St-Onge a également gelé l’argent de Gymnastique Canada jusqu’à ce qu’il devienne signataire du Bureau du commissaire à l’intégrité du sport (OSIC), ce que l’organisation a fait en octobre.
Le ministre a déclaré plus tôt ce mois-ci qu’une vérification de Canada Soccer était une possibilité.
St-Onge a créé l’OSIC, avec l’avocate et ancienne nageuse artistique Sarah-Eve Pelletier à sa tête, pour être un organisme indépendant pour les plaintes d’abus.
L’OSIC a commencé à traiter les plaintes et les signalements il y a près d’un an, en juin 2022.
Tous les ONS ont reçu la date limite du 1er avril de cette année pour devenir signataires de l’OSIC de peur de perdre le financement fédéral.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 11 mai 2023.