L’ambassadeur d’Ukraine va dire aux députés que le Canada doit revenir sur sa décision concernant les turbines russes
L’ambassadeur d’Ukraine au Canada fera part aujourd’hui de la déception de son pays face à la décision du Canada d’autoriser le retour à un géant énergétique contrôlé par l’État russe d’un équipement de pipeline qui se trouvait à Montréal pour des réparations, malgré les sanctions liées à la guerre.
Yulia Kovaliv doit comparaître devant un comité de députés qui examine la décision d’Ottawa d’autoriser la remise d’une turbine à Gazprom, que le Canada a sanctionné en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pour qu’elle soit utilisée dans le gazoduc Nord Stream 1 qui approvisionne l’Allemagne en gaz naturel.
Le mois dernier, le gouvernement libéral s’est attiré des critiques pour avoir accordé à Siemens Energy une exemption des sanctions contre la Russie et permis à la turbine de retourner en Allemagne, puis éventuellement en Russie, pour être installée dans le gazoduc.
Siemens Energy a obtenu un permis pour importer, réparer et renvoyer jusqu’à six turbines pour Gazprom et l’ambassade ukrainienne indique que Kovaliv renouvellera les appels pour qu’Ottawa révoque cette décision.
Kiev a accusé le Canada de créer un dangereux précédent, affirmant que les exemptions sapent les sanctions imposées à la Russie en réponse à son invasion de l’Ukraine.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, doivent également comparaître devant le Comité des affaires étrangères de la Chambre des communes aujourd’hui, et le président libéral Ali Ehsassi affirme qu’il est important pour les Canadiens d’entendre comment la décision a été prise.
Mercredi, M. Joly et la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock ont tous deux insisté sur le fait que le retour des turbines utilisées dans le pipeline russe était nécessaire.
Mais ils ont également déclaré que le fait que la turbine reste en Allemagne après que le Canada ait autorisé sa libération – et que la Russie ait depuis lors réduit les fournitures de gaz naturel à l’Allemagne à 20 pour cent – révèle le niveau de malhonnêteté du président Vladimir Poutine.
La Russie avait invoqué le retour tardif de l’équipement pour justifier la réduction du débit de gaz naturel dans le gazoduc qui relie la Russie à l’Allemagne.
« Nous avons appelé son bluff », a déclaré Joly à Montréal mercredi lors d’une conférence de presse conjointe avec Baerbock. « Il est désormais clair que Poutine arme les flux énergétiques vers l’Europe ».
Ehsassi a déclaré que la réunion de la commission des affaires étrangères de jeudi permettrait d’établir « les représentations diplomatiques qui ont été faites » autour de cette décision.
L’ambassadrice de l’Allemagne au Canada, Sabine Sparwasser, devrait également comparaître devant le comité, ainsi que l’ambassadrice de l’Union européenne au Canada, Melita Gabric.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 4 août 2022.