Étendre les mesures spéciales d’immigration à d’autres crises : Commission de la Chambre des Communes
OTTAWA — Le Comité de l’immigration de la Chambre des communes a déclaré mercredi que le Canada n’a pas traité les Ukrainiens fuyant la guerre de la même manière que ceux fuyant d’autres crises humanitaires, et les députés veulent que cela change.
Le comité a voté mardi pour publier une déclaration publique, exhortant le gouvernement à accorder aux réfugiés d’autres régions les mêmes mesures spéciales d’immigration qu’il a accordées aux Ukrainiens.
La déclaration indique que « le temps presse » et que le comité demande au ministre de l’immigration de veiller à ce que la réponse du Canada aux crises humanitaires dans d’autres régions « soit traitée avec la même vigueur que l’Ukraine ».
Le Canada a accéléré les demandes d’immigration en provenance d’Ukraine et a créé un programme extraordinaire pour permettre aux citoyens ukrainiens et à leur famille de venir au Canada et de travailler ou d’étudier pendant trois ans pendant qu’ils décident de leurs prochaines étapes.
Le programme ne s’applique pas aux non-Ukrainiens qui ont fui le pays.
Le Canada a reçu 112 000 demandes de personnes fuyant l’Ukraine et a jusqu’à présent approuvé plus de 26 500 demandes, a déclaré le ministre de l’Immigration Sean Fraser lors d’une conférence de presse mercredi.
Les députés du comité affirment que ces mesures devraient également être accessibles aux Afghans qui se trouvent toujours dans leur pays d’origine contrôlé par les Talibans, ainsi qu’aux réfugiés d’autres régions confrontées à des crises humanitaires, comme le Yémen, le Myanmar et la Chine.
M. Fraser n’a pas abordé la demande du comité lors de sa conférence de presse, mais a déclaré que le Canada reste « extrêmement engagé » à aider les gens à fuir l’Afghanistan.
Le Canada a jusqu’à présent accueilli 10 025 Afghans depuis août 2021, date à laquelle les Talibans ont pris le contrôle du pays.
Dans une déclaration mercredi, un porte-parole de Fraser a déclaré que les efforts de réinstallation des réfugiés, y compris les initiatives en Afghanistan et en Syrie, peuvent prendre des années à mettre en œuvre et doivent être pris en compte dans les objectifs annuels du gouvernement en matière de niveau d’immigration déposés au Parlement.
Entre-temps, les consultations menées auprès de la communauté ukrainienne révèlent que nombre d’entre eux ne souhaitent venir au Canada que temporairement, puis rentrer chez eux lorsqu’ils sont en sécurité.
« Nous continuerons à chercher d’autres moyens pour le Canada d’installer les réfugiés, en complément de nos efforts de réinstallation », a déclaré la porte-parole Aidan Strickland dans un communiqué. « Chaque situation est unique et doit être considérée comme telle pour s’assurer que le Canada réagit en conséquence. »
Le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a applaudi les mesures prises par le Canada pour amener les Ukrainiens en lieu sûr, mais a également rappelé aux responsables gouvernementaux d’autres crises de réfugiés.
En février, avant la violente invasion de l’Ukraine par la Russie, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés comptait environ 84 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde.
« Depuis, ce nombre est probablement passé à bien plus de 90 millions. Nous devons être aux alentours de 95 millions maintenant », a déclaré M. Grandi lors de la conférence de presse avec M. Fraser.
Grandi était à Ottawa mercredi pour annoncer un nouveau groupe de travail mondial, présidé par le Canada, visant à trouver d’autres moyens d’amener les réfugiés dans des pays sûrs.
L’initiative s’appuie sur un programme pilote canadien visant à permettre aux réfugiés qualifiés de demander la résidence permanente par le biais de canaux économiques. L’idée est de faire venir des réfugiés supplémentaires dans le pays, en plus de ceux accueillis par le biais des processus humanitaires.
Le programme pilote a supprimé certains des obstacles qui auraient traditionnellement empêché les réfugiés de demander la résidence permanente au Canada par le biais des filières économiques.
Il a été élargi à la fin de l’année dernière pour accueillir 500 réfugiés qualifiés, et M. Fraser dit qu’il espère que le programme en accueillera encore plus à l’avenir.
La porte-parole du NPD en matière d’immigration, Jenny Kwan, dit que l’idée derrière le programme pilote est excellente, mais elle a noté certains problèmes dans l’exécution. Par exemple, le programme est censé inclure une option de prêt pour permettre aux réfugiés de répondre aux exigences économiques pour subvenir à leurs besoins lorsqu’ils viennent au Canada, mais ce prêt n’est pas encore disponible.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 6 avril 2022.