Élections Canada a sondé le nombre de Canadiens ayant un « esprit de conspiration ».
OTTAWA — Élections Canada était curieux de savoir combien de Canadiens croyaient aux théories du complot dans la période précédant le récent vote fédéral.
Le premier ministre Justin Trudeau avait encore deux ans à son mandat minoritaire en août lorsqu’il a plongé le pays dans une élection alors qu’une quatrième vague de COVID-19 faisait rage.
Des manifestants opposés aux mesures de santé publique telles que le masquage et les vaccinations obligatoires ont organisé des manifestations, certains d’entre eux suivant Trudeau alors qu’il sillonnait le pays, lui lançant des obscénités et, à un moment donné, des graviers.
Des mois avant le déclenchement du vote, l’agence fédérale chargée d’organiser les élections a commandé sa première enquête indépendante sur le niveau de confiance des Canadiens dans le processus électoral. Il s’agissait notamment de savoir combien d’entre eux avaient un « état d’esprit conspirationniste ».
« Les questions sur les conspirations permettent de mieux comprendre ce qui peut déclencher la méfiance à l’égard de l’administration électorale », a déclaré Natasha Gauthier, porte-parole d’Élections Canada, dans un communiqué, ajoutant que « la pandémie de COVID-19 a entraîné des changements sociaux et économiques importants, y compris dans le domaine de l’administration électorale. »
« L’examen de la méfiance en général nous aide également à mieux comprendre quels types d’approches d’information et de communication peuvent être efficaces pour instiller la confiance dans les élections. »
Réalisé par la firme Léger pendant 10 jours en avril, le sondage a interrogé 2 500 Canadiens en ligne et par le biais d’une technologie d’entrevue assistée par ordinateur.
Il a révélé que la majorité des répondants faisaient confiance à Élections Canada et croyaient que le système de vote était « sûr et fiable ».
En ce qui concerne les croyances en matière de conspiration, l’étude, récemment publiée sur un site Web du gouvernement, a révélé que 17 % des répondants croyaient que le gouvernement tentait de dissimuler le lien entre les vaccins et l’autisme, et 30 % pensaient que de nouveaux médicaments ou de nouvelles technologies étaient testés sur des personnes à leur insu.
L’étude a également révélé que 40 % des personnes interrogées pensaient que certains grands événements étaient le produit d’un « petit groupe qui manipule secrètement les événements mondiaux. »
Aengus Bridgman, chercheur principal d’un projet qui a suivi la diffusion d’informations fausses et trompeuses pendant la campagne, a déclaré qu’il était difficile de chiffrer exactement le nombre de Canadiens qui croient aux conspirations, car cela dépend de la façon dont on le mesure.
L’étudiant en doctorat en sciences politiques de l’Université McGill dit que le projet, co-organisé avec l’Université de Toronto, a fait ses propres enquêtes qui suggèrent qu’entre 10 et 20 pour cent des gens ont de fortes croyances en matière de conspiration.
Selon Mme Bridgman, les fausses informations sur le nouveau coronavirus ont joué un rôle important pendant l’élection. Les médias sociaux ont également été le théâtre d’un « groupe incessant d’individus » qui ont fait de fausses déclarations sur la façon dont les votes par correspondance seraient comptés, à l’image de ce qui s’est passé lors de l’élection présidentielle américaine de 2020, où l’ancien président Donald Trump a fait part de préoccupations non fondées concernant des votes par correspondance frauduleux.
À l’approche du jour de l’élection du 20 septembre, Élections Canada a répliqué avec des messages expliquant le processus de comptage de ces bulletins, mais Bridgman dit que cela doit se faire plus rapidement.
« Dès que cela commence à circuler sur un canal Telegram, vous pouvez être à peu près sûr que dans les 24 heures, 36 heures, cela va être sur certaines des plateformes plus grand public, et les gens vont y être exposés. »
L’un des effets de la pandémie, dit-il, est que les vaccinations sont devenues un « point d’éclair » où les groupes qui ont des croyances différentes basées sur la conspiration, allant de la Terre plate à l’agenda prétendument sinistre des grandes entreprises pharmaceutiques, trouvent un foyer ensemble.
Les partis politiques traditionnels sont souvent qualifiés de « partis à grande tente », note Bridgman. « Eh bien, maintenant nous avons ce parti conspirationniste à grande tente ».
Il dit qu’une théorie de la conspiration qui est apparue pendant la campagne et aussi en ligne était autour de ce qu’on appelle les « verrouillages climatiques. »
Cette théorie a été diffusée, entre autres, par la députée conservatrice de longue date Cheryl Gallant de l’Ontario. Avant les élections, elle a distribué des courriers à ses électeurs les avertissant que les libéraux voulaient imposer un « verrouillage climatique » et a fait des commentaires similaires dans une vidéo publiée sur les médias sociaux.
La vidéo a été retirée après que le chef conservateur Erin O’Toole ait reçu des questions à ce sujet
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Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 2 novembre 2021.