Actualité ukrainienne : le président français se rend en Chine
Le président français Emmanuel Macron devra rassembler toute son habileté diplomatique et sa perspicacité politique lors d’une visite d’État de trois jours en Chine, où le sera à l’avant-plan, ainsi que des pourparlers difficiles sur le commerce.
Macron devrait mettre en garde la Chine contre l’envoi d’armes en Russie et demander à la place que le pays use de son influence pour soutenir les efforts de paix.
Pékin prétend avoir une position neutre dans la guerre, mais a également souligné son « amitié sans limites » avec la Russie. Le mois dernier, le président chinois Xi Jinping a rencontré le président russe Vladimir Poutine à Moscou.
La Chine a refusé de critiquer la Russie pour ses actions en Ukraine. Un haut responsable français a reconnu que Paris ne s’attendait pas à un changement majeur dans cette position.
Mais la France fera pression pour des initiatives aidant les Ukrainiens ordinaires et pour des voies possibles vers une solution à mi-chemin à la guerre, a déclaré le responsable, s’exprimant sous couvert d’anonymat conformément aux pratiques habituelles de la présidence française.
Paris et Pékin pourraient trouver un point de convergence après l’annonce récente de Poutine selon laquelle son pays prévoit de déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie. La Chine, sans nommer la Russie, a clairement exprimé son opposition au déploiement prévu.
Macron cherchera également à impliquer davantage la Chine dans les discussions mondiales sur les questions liées au climat, car les choses se compliquent pour lui chez lui.
Le dirigeant de 45 ans a fait face ces dernières semaines à une forte opposition des citoyens français ordinaires et des législateurs à son projet de relever l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. Une vague de manifestations de rue a entraîné une visite d’État du roi Charles III devant être reporté.
Alors que Macron est à Pékin, les syndicats français organiseront jeudi la 11e série de manifestations nationales depuis janvier.
La visite intervient également dans un contexte de tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, les deux plus grandes économies du monde.
Le commerce sera également un objectif majeur car Macron a demandé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de se joindre à lui pour une réunion avec Xi qui vise à montrer l’unité européenne, en particulier sur les questions économiques. Le président français a déclaré le mois dernier avoir pris une telle initiative parce qu’il est « attaché à la coordination européenne ».
La semaine dernière, von der Leyen a averti que l’Union européenne devait être prête à développer des mesures pour protéger le commerce et les investissements que la Chine pourrait exploiter pour sa propre sécurité et à des fins militaires.
La Chine est à la fois un partenaire commercial et un rival de l’UE, a déclaré lundi Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, sur la chaîne d’information française FranceInfo. Breton a déclaré que le message aux autorités chinoises est qu’elles « doivent cesser d’essayer de jouer un pays contre un autre ».
« Bien sûr, la Chine reste un marché important pour de nombreuses entreprises européennes. Mais le marché intérieur (de l’UE) est un marché crucial pour la Chine », a ajouté Breton.
Macron sera accompagné d’une délégation de plus de 50 PDG, dont le géant français de l’énergie EDF, le constructeur de transport ferroviaire Alstom et l’avionneur européen Airbus.
Le haut responsable français a déclaré que des négociations étaient toujours en cours sur un accord potentiel avec Airbus qui viendrait s’ajouter à la commande chinoise de 300 avions en 2019.
Des ONG telles que la Fédération internationale des droits de l’homme, la Campagne internationale pour le Tibet et la Ligue des droits de l’homme ont appelé Macron à placer les droits de l’homme au cœur de ses discussions avec les autorités chinoises.
Macron « doit dénoncer fermement en privé mais aussi publiquement la répression contre les militants et défenseurs des droits de l’homme chinois, les Hongkongais, les Ouïghours et les Tibétains », a déclaré le président de la Ligue des droits de l’homme Patrick Baudouin dans un communiqué.
Le bureau de Macron a déclaré que les questions relatives aux droits de l’homme seront évoquées lors de la visite.
Macron, qui s’est rendu pour la dernière fois en Chine en 2019 avant la crise du COVID-19, doit commencer son voyage mercredi à Pékin par un discours à la communauté française.
Jeudi, il aura des entretiens avec le chef de l’Assemblée populaire nationale, Zhao Leji, et le nouveau numéro 2 chinois, le Premier ministre Li Qiang, en plus d’une réunion et d’un dîner d’État avec Xi en présence de von der Leyen.
Vendredi, Macron se rendra dans la métropole du sud de la Chine, Guangzhou, où le père de Xi travaillait comme gouverneur de province dans les années 1980.
Le président français y répondra aux questions de quelques-uns des 1 000 étudiants chinois de l’université Sun Yat-Sen. Il rencontrera ensuite à nouveau Xi pour un dîner privé et rencontrera plus tard des investisseurs chinois.
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Le journaliste de l’AP Nicolas Garriga a contribué à l’histoire