Un projet de l’ONU condamne les attaques contre les journalistes et appelle à des sanctions
NATIONS UNIES — Un projet de résolution de l’ONU condamne « sans équivoque » toutes les attaques, représailles et violences contre les journalistes et les travailleurs des médias et demande instamment aux gouvernements de prendre des mesures pour mettre fin à l’impunité qui prévaut et punir ces crimes.
Le projet de résolution de l’Assemblée générale distribué vendredi demande également « la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes et des travailleurs des médias qui ont été arrêtés, détenus arbitrairement ou pris en otage ou qui ont été victimes de disparitions forcées ».
La résolution a été rédigée par la Grèce, la France, l’Autriche, le Costa Rica et la Tunisie, selon des diplomates de l’ONU, et compte 34 co-sponsors, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et de nombreux autres pays d’Europe et d’Amérique latine, ainsi que la Côte d’Ivoire et le Liban.
Les États-Unis ne figuraient pas sur la liste, mais un fonctionnaire de la mission américaine auprès des Nations unies a déclaré à l’Associated Press que l’administration Biden avait signé en tant que co-sponsor. Le fonctionnaire a parlé sous couvert d’anonymat car il n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement,
Le projet de résolution doit d’abord être approuvé par le comité des droits de l’homme de l’Assemblée générale, puis par l’organe mondial composé de 193 membres. Contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité, les résolutions de l’Assemblée générale ne sont pas juridiquement contraignantes, mais elles reflètent l’opinion mondiale.
La résolution proposée souligne que le droit à la liberté d’opinion et d’expression est garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle reconnaît l’importance de « médias libres, indépendants, pluriels et diversifiés et de l’accès à l’information, en ligne et hors ligne, dans la construction de sociétés de la connaissance et de démocraties inclusives et pacifiques ». Et elle reconnaît que le journalisme évolue en permanence et « contribue à façonner le débat public. »
Le projet appelle les gouvernements à prendre des mesures juridiques pour protéger les journalistes et les travailleurs des médias et à « faire tout leur possible » pour prévenir la violence, les menaces et les attaques à leur encontre. Et il leur demande « d’élaborer et de mettre en œuvre des cadres juridiques et des mesures efficaces et transparentes pour la protection des journalistes et des travailleurs des médias et pour la lutte contre l’impunité. »
Elle souligne l’importance de l’obligation de rendre des comptes, tout d’abord en menant « des enquêtes impartiales, rapides, approfondies, indépendantes et efficaces sur toutes les allégations de violence, de menaces et d’attaques contre des journalistes et des travailleurs des médias, y compris la violence sexuelle et sexiste contre les femmes journalistes et les travailleurs des médias dans les situations de conflit armé et hors conflit. »
La résolution proposée exhorte également les dirigeants politiques, les fonctionnaires et les autorités gouvernementales « à s’abstenir de dénigrer, d’intimider ou de menacer les médias, y compris les journalistes individuels et les travailleurs des médias, ou d’utiliser un langage misogyne ou discriminatoire à l’égard des femmes journalistes, ce qui mine la confiance dans la crédibilité des journalistes ainsi que le respect de l’importance du journalisme indépendant ».
En outre, le projet condamne « sans équivoque » les actions gouvernementales visant à perturber l’accès à l’information – ou la diffusion de l’information – en ligne ou hors ligne. Cela vise à « saper le travail des journalistes dans l’information du public, y compris par des pratiques telles que les fermetures d’Internet ou des mesures visant à restreindre, bloquer ou fermer indûment les sites web des médias, comme les attaques par déni de service ».
La résolution proposée demande à tous les pays de mettre fin à ces mesures « qui causent un préjudice irréparable » aux efforts visant à construire des sociétés inclusives, pacifiques et démocratiques. Elle demande également aux gouvernements de veiller à ce que les lois sur la diffamation et la calomnie ne soient pas utilisées à mauvais escient.