Ukraine : Biden voit un rôle plus important pour les fermes américaines
Le président Joe Biden veut mettre l’accent sur la flambée des prix des denrées alimentaires due à l’invasion de l’Ukraine par la Russie lorsqu’il se rendra dans une ferme de l’Illinois pour souligner comment les exportations agricoles américaines peuvent soulager les pressions financières ressenties dans le monde entier.
La guerre en Ukraine a perturbé l’approvisionnement des marchés mondiaux en blé de ce pays, tout en provoquant une hausse des coûts du pétrole, du gaz naturel et des engrais. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déclaré que son indice des prix alimentaires avait fait un bond de près de 30 % en avril par rapport à l’année précédente, même si l’indice a légèrement baissé sur une base mensuelle. Les Américains souffrent également de l’augmentation de 9,4 % des prix des denrées alimentaires par rapport à l’année dernière, soit la plus forte hausse depuis 41 ans.
Le voyage dans l’Illinois mercredi est l’occasion pour M. Biden de s’attaquer à deux défis distincts qui façonnent sa présidence. Tout d’abord, sa cote de popularité en baisse est due à une inflation élevée et sa visite coïncidera avec la publication de l’indice des prix à la consommation d’avril. Les prix à la consommation ont augmenté de 8,3 % par rapport à l’année précédente, soit une légère baisse par rapport à la hausse annuelle de 8,5 % enregistrée en mars. Cette baisse reflète en partie un refroidissement des prix de l’essence le mois dernier après le bond provoqué par le début de la guerre en Ukraine. Cependant, la volatilité des coûts de l’énergie demeure, car les prix de l’essence ont grimpé en mai pour atteindre une moyenne de 4,40 $ le gallon mercredi, selon l’AAA.
De manière beaucoup plus générale, la visite de M. Biden est l’occasion de renforcer le rôle distinct de l’Amérique dans l’atténuation des problèmes causés par la guerre en Ukraine. Le voyage suit un schéma similaire à celui de la récente visite de Biden dans une usine d’armement de l’Alabama, qui a mis en évidence les missiles antichars Javelin fournis par les États-Unis à l’Ukraine.
« Il va parler du soutien que nous devons continuer à apporter aux agriculteurs pour les aider à continuer à produire de plus en plus au niveau national », a déclaré mardi Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche. « Tout comme nous fournissons des armes, nous allons travailler à faire ce que nous pouvons pour soutenir les agriculteurs afin de fournir plus de blé et d’autres aliments dans le monde. »
Le président démocrate prévoit d’annoncer trois changements de politique pour aider les agriculteurs américains, selon la Maison Blanche. Il s’agit notamment de doubler le financement de la production nationale d’engrais pour le porter à 500 millions de dollars, d’élargir l’accès aux outils de gestion agricole pour les besoins des plantes et des sols, et de déployer des efforts pour augmenter le nombre de comtés éligibles à l’assurance « double culture » afin que les agriculteurs puissent réutiliser leurs terres pour les planter la même année.
M. Biden a noté mardi, à propos de l’inflation, que l’Ukraine a 20 millions de tonnes de blé et de maïs en stock que les États-Unis et leurs alliés tentent d’aider à expédier hors du pays. Cela permettrait de résoudre certains problèmes d’approvisionnement, même si des difficultés pourraient persister.
Plusieurs démocrates de la Chambre des représentants, dont la présidente de la Chambre Nancy Pelosi, ont rencontré M. Biden mardi après avoir visité l’Ukraine. Ils ont prévenu que la pénurie alimentaire signifiait que les conséquences de la guerre déclenchée par le président russe Vladimir Poutine s’étendraient bien au-delà des frontières ukrainiennes, à certaines des nations les plus pauvres du monde.
« Il va en résulter une crise de la faim, bien pire que ce que quiconque avait prévu », a déclaré Jim McGovern, représentant du Massachusetts, après la réunion de la Maison Blanche.
Une analyse réalisée ce mois-ci par Joseph Glauber et David Laborde pour le compte de l’American Enterprise Institute (centre-droit) a noté que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont les plus susceptibles de souffrir de la hausse des prix provoquée par la pénurie de céréales.
Il y a des limites à la quantité de blé que les États-Unis peuvent produire pour compenser toute pénurie. Le ministère de l’agriculture a estimé en mars que 47,4 millions d’acres de blé ont été plantés cette année, soit une augmentation de seulement 1 % par rapport à 2021. Il s’agirait de la cinquième plus faible quantité d’acres consacrées au blé dans les registres qui remontent à 1919.
M. Biden se rendra dans l’Illinois avec le secrétaire à l’agriculture Tom Vilsack. Après son discours à la ferme, le président se rendra à Chicago pour prendre la parole à une convention de la Fraternité internationale des ouvriers de l’électricité.