Taux d’intérêt : Que signifie la hausse de la Banque du Canada ?
La Banque du Canada a augmenté son taux directeur pour tenter de ralentir l’inflation. Voici une analyse de l’effet de ce taux et de ce qu’une augmentation – probablement la première de plusieurs hausses de taux cette année – signifie pour les ménages, les entreprises et les gouvernements.
Qu’est-ce que le taux directeur et quel est son rôle ?
Le taux directeur, également appelé taux cible du financement à un jour, est le taux d’intérêt que la Banque du Canada souhaite que les banques commerciales appliquent lorsqu’elles se prêtent de l’argent pendant la nuit afin de régler leurs soldes à la fin de chaque journée. Le fait de savoir combien il en coûtera pour prêter de l’argent entre institutions, ou pour déposer de l’argent à la Banque du Canada, permet de fixer les taux d’intérêt commerciaux appliqués à des choses comme les prêts et les hypothèques.
Comment une hausse des taux refroidit-elle l’inflation ?
Le taux directeur est également le principal outil dont dispose la Banque du Canada pour gérer l’inflation. Lorsque l’économie est en récession et que l’inflation est faible, la banque abaisse le taux pour favoriser les dépenses. Le relèvement du taux a l’effet inverse en freinant les dépenses lorsque l’inflation dépasse la zone de confort de la Banque du Canada, soit entre un et trois pour cent. Les changements de taux peuvent avoir des répercussions immédiates, mais l’effet sur les taux d’inflation prend généralement entre six et 18 mois pour se manifester.
Que signifie une hausse des taux pour les ménages et les entreprises ?
Rates.ca et Ratehub.ca notent que les propriétaires d’un prêt hypothécaire à taux variable sont susceptibles de voir leurs paiements hypothécaires augmenter puisque le taux d’intérêt préférentiel facturé par les banques évolue généralement en fonction du taux directeur de la banque centrale. Pour ceux qui ont un prêt hypothécaire à taux fixe, l’impact de la hausse des coûts n’arrivera pas avant les renouvellements des prochaines années.
Royce Mendes, responsable de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, a déclaré que les taux plus élevés des banques centrales ont tendance à freiner la demande de logements et de biens durables tels que les voitures, les appareils électroménagers et l’électronique domestique, autant de biens pour lesquels les consommateurs ont dépensé beaucoup pendant la pandémie.
Selon M. Mendes, une seule hausse des taux ne fera pas grand-chose pour changer immédiatement les habitudes de consommation. Il faudra probablement plusieurs hausses et une baisse de la transmission du virus pour refroidir les dépenses en biens dans le cadre d’une réorientation vers des services en personne souvent restreints.
Cela a-t-il un effet sur les finances fédérales ?
Dans sa mise à jour économique de l’automne, le gouvernement fédéral a déclaré qu’une augmentation d’un point de pourcentage des taux d’intérêt diminue le solde budgétaire de 4,9 milliards de dollars la première année, de 5,8 milliards la deuxième année et de 6,4 milliards la cinquième année, car les coûts d’emprunt augmenteraient.
Rebekah Young, directrice de l’économie fiscale et provinciale à la Banque Scotia, affirme qu’en règle générale, une augmentation de 0,25 % du taux de financement à un jour de la Banque du Canada freine la croissance économique d’environ 0,1 point de pourcentage. Une croissance plus faible, dit-elle, prendrait rapidement le pas sur la hausse des intérêts comme principal facteur de détérioration du bilan du gouvernement.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 2 mars 2022.