Poilievre commence maintenant la difficile recherche d’un soutien plus large : Don Martin
C’est une expérience audacieuse de la part des conservateurs – élire massivement un chef de file cracheur de feu de la droite dure et espérer que suffisamment d’électeurs gravitent dans sa direction pour remporter une élection fédérale.
Cela n’a pas été le cas avec les leaders de l’après-Harper, Andrew Scheer et Erin O’Toole, qui ont déplacé les positions de droite vers le courant dominant dans ce qui est devenu un effort futile pour trouver un soutien plus large des électeurs.
Mais le chef conservateur Pierre Poilievre, qui a remporté la victoire à la vapeur, ne gesticulera pas dans le vent politique ; il ne pivotera pas vers un milieu plus gentil, plus doux et plus mou pour gagner les électeurs. Ce n’est tout simplement pas dans l’ADN de Poilievre.
Cela fait de la victoire écrasante de samedi (avec 68 % des bulletins de vote) la partie facile de l’objectif ultime de Poilievre : devenir Premier ministre.
Le pit-bull partisan de 43 ans, au visage poupon, doit maintenant faire face à un test encore plus difficile pour se repositionner à la tête d’un gouvernement viable en attente.
Sa prochaine quête a tourmenté les conservateurs et les libéraux en quête de majorité au cours des deux dernières décennies : Où trouver l’augmentation cruciale de cinq pour cent du soutien électoral nécessaire pour gagner une élection fédérale ?
Ce n’est pas une recherche simple. Son assaut oratoire contre les élites, les gardiens et l’application ArriveCAN enflamme facilement ceux qui en ont assez de la prédication de Justin Trudeau et de sa réponse ouverte à toutes les causes politiquement correctes.
Mais recueillir des votes plus à gauche politiquement et plus à l’est géographiquement semble être une mission impossible, surtout si l’on tient compte du fait que les questions auxquelles il s’attaque perdent maintenant de leur attrait.
Poilievre est préoccupé par la « Justinflation » qui s’atténue légèrement grâce à un gouverneur de la Banque du Canada qu’il veut renvoyer. Pendant ce temps, les crypto-monnaies que Poilievre préconisait comme une alternative monétaire sûre sont à la poubelle et le « convoi de la liberté » illégal qu’il soutenait pour protester contre les mandats de vaccination auxquels il s’opposait n’est plus qu’un souvenir refoulé qui a peu de chances de renaître.
Et puis il y a le problème de l’unité de son parti.
Bien qu’il se soit adressé avec classe aux camps rivaux samedi soir, des dommages durables ont été causés à l’aile progressiste du parti après que sa campagne ait traité ses rivaux de conservateurs indignes dès le début de ce combat de sept mois pour la direction. Vous pouvez parier que Jean Charest, qui se trouve en deuxième position, et ses pathétiques 16 pour cent de membres votants du parti ne lèveront pas le petit doigt pour aider un parti dirigé par Poilievre. Jamais.
Cela suggère que nous verrons une Opposition officielle qui sera une réincarnation du Parti réformiste – et qui sera difficile à vendre dans les zones urbaines de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, un défi d’expansion des sièges au Québec et qui enregistrera au mieux une croissance modeste du soutien dans le Canada atlantique.
Tout n’est pas perdu, bien sûr.
Le gouvernement libéral ne parvient pas à fournir des services de base sur de multiples fronts, a présenté des budgets qui alimentent l’inflation et est dirigé par un Premier ministre dont la popularité est au plus bas. Ce gouvernement semble déterminé à se vaincre lui-même.
Pour sa part, M. Poilievre sera un chef d’opposition magistral, découpant le cabinet libéral de M. Trudeau en tranches et en clips dévastateurs sur les échecs économiques du gouvernement et les déceptions de la classe ouvrière, dont beaucoup ont été joliment annoncés dans son fougueux discours de victoire.
Tous ceux qui regarderont la période des questions à partir de la semaine prochaine verront ses éviscérations exquisément divertissantes de Justin Trudeau, ce qui constituera un contraste favorable avec un Premier ministre qui fait semblant de ne pas entendre ses questions tout en lisant des réponses écrites par son personnel.
Et avec les deux tiers du caucus conservateur derrière lui et cette victoire massive au congrès, Pierre Poilievre obtiendra sans aucun doute quelque chose que Scheer et O’Toole n’ont pas eu – deux campagnes électorales avant que le parti ne fasse sa routine habituelle consistant à se débarrasser du leader perdant.
Mais son succès à plus long terme dépend de l’influence qu’il exercera sur les électeurs indéfinis, imprévisibles et peu enclins à prendre des risques dans le centre du Canada et en Colombie-Britannique, qui baptisent habituellement le gagnant des élections et le font en restant fidèle à ses positions controversées.
Si ces électeurs ne se tournent pas vers le flambeur Pierre Poilievre, eh bien, félicitations aux conservateurs – vous venez de voter pour quatre années supplémentaires ou plus dans l’Opposition officielle.
Voilà l’essentiel.