L’OMS dit que le monde consomme beaucoup trop de sel
Trop de sel nous tue – et nous devons cesser de détourner le regard du problème, selon un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé.
Le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’objectif d’une réduction de 30 % de l’apport en sodium d’ici 2025, selon le rapport, et si nous ne prenons pas de mesures drastiques pour réduire rapidement notre apport en sel, cela pourrait entraîner des millions de décès inutiles. .
« Les régimes alimentaires malsains sont l’une des principales causes de décès et de maladies dans le monde, et l’apport excessif de sodium est l’un des principaux coupables », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, dans un communiqué de presse. « Ce rapport montre que la plupart des pays n’ont pas encore adopté de politiques obligatoires de réduction du sodium, laissant leur population à risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et d’autres problèmes de santé. L’OMS appelle tous les pays à mettre en œuvre les « meilleurs achats » pour la réduction du sodium, et les fabricants à mettre en œuvre les critères de référence de l’OMS pour la teneur en sodium des aliments. »
Le sel est un élément essentiel de l’alimentation humaine, mais peut contribuer à une myriade de problèmes s’il est consommé en excès, notamment en augmentant le risque d’accident vasculaire cérébral, de maladie cardiaque et de décès prématuré.
L’OMS recommande qu’une personne moyenne ne consomme pas plus de cinq grammes, ou une cuillère à café, de sel par jour. Cependant, la consommation moyenne mondiale de sel est estimée à plus du double, autour de 10,8 grammes.
La mise en œuvre de politiques visant à réduire l’apport en sodium pourrait sauver environ sept millions de vies dans le monde d’ici 2030, selon le communiqué de l’OMS.
En 2013, plus de 190 pays, dont le Canada, se sont engagés à réduire l’apport en sodium de la population de 30 % d’ici 2025.
Le rapport, publié jeudi, examine les progrès que les pays ont réalisés sur cet objectif et appelle les dirigeants mondiaux à mettre en œuvre des politiques plus claires pour réduire l’apport en sodium.
Selon le rapport, seuls 5 % des États membres de l’OMS disposent de politiques obligatoires et complètes de réduction du sodium : Brésil, Chili, République tchèque, Lituanie, Malaisie, Mexique, Arabie saoudite, Espagne et Uruguay. Cela signifie qu’environ 26 % seulement de la population mondiale vit dans des pays ayant adopté des mesures obligatoires de réduction du sodium.
Dans le cadre du rapport, l’OMS a créé une carte de pointage du sodium par pays, qui évalue les pays sur leurs progrès vers la réduction de l’apport en sodium.
Et en matière de salubrité du sel, le Canada ne reçoit pas la note de passage.
Le Canada est l’un des 65 pays qui ont reçu un deux sur quatre sur la carte de pointage en ayant des « mesures volontaires pour réduire le sodium ».
Un point a été attribué à 58 pays pour avoir un engagement politique national visant à réduire l’apport en sodium.
Les pays ont obtenu un score de trois sur quatre s’ils avaient adopté des mesures obligatoires pour la réduction du sodium, et quatre sur quatre s’ils avaient plusieurs mesures obligatoires et avaient mis en œuvre des recommandations spécifiques de l’OMS.
Un rapport de Santé Canada publié en 2020 a reconnu que lorsque l’agence a effectué une évaluation de la réduction de l’apport en sodium au Canada en 2018, elle a constaté que les réductions volontaires de sodium n’étaient que modestes et n’atteignaient pas les objectifs.
Les efforts volontaires dans le secteur de la transformation des aliments pour réduire le sodium n’ont entraîné qu’une diminution de 8 % de l’apport moyen en sodium depuis 2010, selon les données de 2018.
Environ 6 Canadiens sur 10 consomment trop de sodium, selon Santé Canada.
COMMENT RÉDUIRE LA CONSOMMATION DE SEL
L’OMS a défini quatre recommandations « best buy » sur la façon de réduire le sodium à grande échelle.
L’une consiste à reformuler les aliments pour qu’ils contiennent moins de sel et à ce que les pays fixent des objectifs pour la quantité de sodium dans les repas dans le cadre de recommandations sur une alimentation saine.
Une autre recommandation consiste à rendre obligatoire l’affichage des niveaux de sodium sur le devant des emballages alimentaires.
L’OMS recommande également des campagnes pour communiquer la nécessité de réduire l’apport en sodium à l’ensemble de la population afin de promouvoir un changement de comportement et la mise en place de politiques alimentaires qui limitent les aliments riches en sodium dans des lieux tels que les maisons de retraite, les hôpitaux et les écoles.
L’un des avantages des politiques obligatoires, par opposition aux changements de comportement volontaires, est qu’elles placent les fabricants de produits alimentaires sur un pied d’égalité et évitent que les intérêts commerciaux ne soient mis au-dessus de la sécurité sanitaire, selon l’OMS.
« Cet important rapport démontre que les pays doivent travailler de toute urgence pour mettre en œuvre des politiques ambitieuses, obligatoires et gouvernementales de réduction du sodium afin d’atteindre l’objectif mondial de réduction de la consommation de sel d’ici 2025 », a déclaré le Dr Tom Frieden dans le communiqué.
Frieden est président et chef de la direction de Resolve to Save Lives, une organisation à but non lucratif qui travaille avec les pays pour minimiser les décès dus aux maladies cardiovasculaires.
« Il existe des mesures éprouvées que les gouvernements peuvent mettre en œuvre et des innovations importantes, telles que les sels à faible teneur en sodium », a-t-il déclaré. « Le monde a besoin d’action, et maintenant, ou beaucoup plus de personnes connaîtront des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux invalidants ou mortels, mais évitables. »