L’Estonie va interdire l’entrée aux touristes russes
L’Estonie a décidé jeudi d’interdire l’entrée du pays balte le plus septentrional aux personnes originaires de la Russie voisine munies d’un visa de tourisme, en raison de la guerre en Ukraine.
« La possibilité pour les citoyens russes de se rendre en Estonie en grand nombre ou de visiter l’Europe en passant par l’Estonie est incompatible avec le sens des sanctions que nous avons établies », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Urmas Reinsalu, cité par le Baltic News Service.
L’Union européenne, dont l’Estonie est membre, a déjà interdit les voyages aériens en provenance de la Russie après que celle-ci a envahi l’Ukraine. Mais les Russes peuvent toujours voyager par voie terrestre jusqu’en Estonie et apparemment prendre ensuite des vols vers d’autres destinations européennes.
En imposant cette sanction, l’Estonie veut que la Russie « soit incapable de poursuivre sa vie internationale ordinaire, y compris au niveau de ses citoyens », a déclaré M. Reinsalu selon BNS, la principale agence de presse de la région. Il a ajouté qu’ils avaient observé « une croissance massive du nombre de citoyens russes transitant par ou arrivant en Estonie. »
Selon la BNS, les exceptions à la sanction de jeudi incluent les citoyens russes titulaires d’un permis de séjour de longue durée, ceux qui viennent rendre visite à des parents proches, les travailleurs impliqués dans le transport international de marchandises et de passagers, ainsi que les personnes entrant dans le pays pour des raisons humanitaires.
La sanction estonienne s’applique à partir du 18 août. L’Estonie et la Russie partagent une frontière de près de 300 kilomètres (186 miles) de long.
« J’appelle les autres gouvernements à suivre ces mesures », a écrit Reinsalu sur Twitter.
Plus tôt cette semaine, les dirigeants estoniens et finlandais ont exhorté les autres pays européens à ne plus délivrer de visas touristiques aux citoyens russes, affirmant qu’ils ne devraient pas pouvoir prendre des vacances en Europe alors que le gouvernement russe mène une guerre en Ukraine.
Le Premier ministre estonien Kaja Kallas a écrit mardi sur Twitter que « visiter l’Europe est un privilège, pas un droit de l’homme » et qu’il est « temps de mettre fin au tourisme en provenance de Russie maintenant. »
Un jour plus tôt, son homologue finlandaise, Sanna Marin, a déclaré au radiodiffuseur finlandais YLE qu' »il n’est pas normal que, pendant que la Russie mène une guerre d’agression brutale en Europe, les Russes puissent vivre une vie normale, voyager en Europe, être des touristes ».
Des compagnies russes auraient commencé à proposer des voyages en voiture de Saint-Pétersbourg aux aéroports d’Helsinki et de Lappeenranta en Finlande, qui ont des liaisons directes avec plusieurs endroits en Europe. La deuxième plus grande ville de Russie se trouve à 300 kilomètres (186 miles) de la capitale finlandaise.
Les visas délivrés par la Finlande et l’Estonie sont valables dans la majeure partie de la zone européenne sans visa, connue sous le nom de « zone Schengen », qui comprend 26 pays : 22 nations de l’UE plus l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. En principe, les personnes et les marchandises circulent librement entre ces pays, sans contrôle aux frontières. Dix-neuf autres pays n’appartenant pas à cette zone de voyage autorisent l’entrée d’étrangers munis d’un visa Schengen.
En raison de la guerre, la Lettonie a déjà décidé de ne plus délivrer de visas aux Russes. La Pologne a déclaré mercredi qu’elle ne délivrait plus de visas touristiques aux Russes.