Les traités internationaux ne fonctionnent généralement pas : Une étude canadienne
Une nouvelle étude menée par des chercheurs canadiens suggère que les traités internationaux n’ont pas réussi à atteindre les effets escomptés et que, dans certains cas, ils peuvent faire plus de mal que de bien.
Les chercheurs, dirigés par une équipe du Global Strategy Lab de l’Université de York, ont exposé leurs conclusions dans un article publié lundi dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Ils ont examiné des décennies de preuves provenant de 306 études portant sur plusieurs traités internationaux.
À l’exception des traités commerciaux et financiers, les chercheurs ont constaté que les traités internationaux « n’ont généralement pas réussi à produire les effets escomptés ».
« Non seulement de nombreux traités n’ont pas eu d’impact mesurable, mais certains traités peuvent même avoir entraîné des effets néfastes involontaires », a déclaré l’auteur Mathieu J.P. Poirier, professeur à l’Université York et codirecteur du Global Strategy Lab, dans un communiqué de presse publié mardi.
L’étude a révélé que la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant est le traité qui a produit les « effets les plus néfastes ». Selon l’étude, la ratification de ce traité est associée à de moins bons résultats en matière de droits de l’homme, à une absence d’amélioration des résultats en matière de santé et même à une augmentation du travail des enfants.
D’autres traités identifiés dans l’étude comme étant associés à de plus mauvais résultats, incluent la Quatrième Convention de Genève et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
« Ces effets contre-intuitifs pourraient être dus au fait que les gouvernements répressifs cherchent à obtenir des récompenses diplomatiques pour avoir signé des traités sur les droits de l’homme tout en faisant face à peu de conséquences en cas de non-respect des dispositions du traité », a déclaré M. Poirier dans le communiqué.
D’autre part, les traités centrés sur le commerce et les finances internationales se sont avérés assez efficaces pour atteindre leurs objectifs. Par exemple, l’ALENA a permis d’augmenter les investissements directs étrangers et le commerce entre les industries, ont indiqué les chercheurs.
Les traités comportant des mécanismes d’application intégrés se sont également avérés beaucoup plus efficaces pour atteindre les objectifs visés.
Parmi les traités examinés dans le cadre de l’étude, les mécanismes d’application ne sont inclus que dans deux des cinq traités environnementaux et dans aucun des 28 traités régissant les droits de l’homme, les crises humanitaires, les questions maritimes et la sécurité. Toutefois, l’étude indique que neuf des 20 traités sur le commerce et la finance comportaient des mécanismes d’application intégrés.
D’autre part, les chercheurs ont constaté que les mécanismes liés à la transparence, aux plaintes et à la surveillance n’étaient pas associés à une efficacité accrue des traités.
Les chercheurs affirment que leurs résultats devraient « faire douter de la valeur » des traités qui ne sont pas liés au commerce ou à la finance et qui n’ont pas de mécanismes d’application.
« Il existe aujourd’hui au moins 250 000 traités, mais relativement peu d’entre eux ont été évalués quant à leur impact, ce qui signifie que nous ne savons pas si ces instruments servent effectivement l’objectif visé », a déclaré M. Poirier dans le communiqué.
« Et pourtant, les dirigeants des gouvernements, des universités, des entreprises et de la société civile appellent régulièrement à la conclusion de nouveaux traités pour relever les défis mondiaux en partant du principe que la plupart des traités fonctionnent comme prévu. »