Les chiens peuvent-ils vraiment détecter le cancer ? Une étude montréalaise tente de le découvrir
MONTRÉAL — Une étude conjointe de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et de l’Institut Curie à Paris permettra de vérifier si les chiens peuvent réellement détecter l’odeur du cancer ou même du COVID-19, comme certaines expériences l’ont suggéré.
Ces expériences ont permis d’espérer qu’un jour, on pourrait demander à un chien de renifler l’haleine d’un patient pour détecter un cancer du poumon ou de parcourir un aéroport à la recherche de passagers infectés par le COVID en se basant sur l’odeur de leur sueur.
Dans une revue systématique de ces études, les chercheurs québécois et français ont toutefois constaté que ces résultats étaient basés sur de très petits échantillons et que les chiens avaient peut-être trompé les humains.
« L’étude n’a pas été menée en aveugle ou de façon aléatoire, donc le chien ou une autre personne dans la pièce avec lui ont eu une influence sur la rapidité avec laquelle il a compris ce qu’on attendait de lui », a déclaré le Dr Eric Troncy de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Les chercheurs veulent maintenant mener une étude en double aveugle et randomisée, ce qui signifie qu’aucun participant ne sera informé de la nature de l’échantillon qui est présenté au chien.
« Nous croyons fermement à la capacité olfactive du chien, mais nous devons le guider », a déclaré Troncy. « Nous devons lui apprendre que dans les odeurs qu’il va renifler, il y a toute une palette d’odeurs qui sont négatives. Et donc nous essayons d’exposer les chiens à des milliers d’échantillons en leur faisant comprendre que ‘ce n’est pas une odeur que je veux que tu marques, c’est celle-là’. »
Les chercheurs espèrent pouvoir améliorer la sélectivité du chien, donc sa capacité à ne pas marquer les échantillons négatifs.
L’étude, qui bénéficie d’un financement de près d’un million de dollars de la part de la Royal Canin Foundation, n’en est encore qu’à ses débuts. L’essai clinique sera mené conformément aux normes de Santé Canada, car les chercheurs doivent obtenir la coopération de divers hôpitaux pour obtenir des échantillons, ce qui nécessite le feu vert des comités d’éthique de ces institutions.
Ils devront également être en mesure d’obtenir la confirmation du diagnostic par un médecin, comme une mammographie dans le cas du cancer du sein, pour voir si le chien avait raison ou non.
FORMATION
La Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Montréal va développer une formation pour tous les professionnels de l’éducation canine intéressés à faire de la détection médicale avec leurs chiens de travail. La formation devrait comporter environ sept modules et durer environ 180 heures.
« La formation sera donnée en ligne et à parts égales par des collaborateurs français et québécois », précise M. Troncy.
Les différents retards rencontrés en cours de route, dont certains liés à la pandémie de coronavirus, ont permis aux chercheurs de peaufiner un peu leur expérience, notamment pour éviter les défauts qu’ils avaient perçus dans les expériences précédentes.
Entre autres, ils ont décidé d’utiliser des chiens qui ne sont pas totalement « naïfs ».
« Nous allons travailler avec des chiens qui ont déjà été entraînés à la détection olfactive », a expliqué Troncy. « Ce sont des chiens qui sont entraînés à détecter de l’argent, à détecter de la charcuterie, à détecter de la drogue, etc. Après cela, ce que nous faisons, c’est ré-imprégner le chien à la détection médicale. »
Les chercheurs ont également décidé de se concentrer sur la détection du COVID-19, étant donné « l’urgence de la situation. »
Les premières cohortes de chiens sont actuellement en cours de formation et les premiers résultats sont attendus au début de l’année prochaine.
– Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié en français le 21 octobre 2021.