Le premier navire quittant l’Ukraine se trouve en Syrie, selon les images.
La première cargaison de céréales à quitter l’Ukraine dans le cadre d’un accord de guerre semble avoir atterri en Syrie, alors que Damas reste un proche allié de Moscou, selon des images satellites analysées mardi par l’Associated Press.
L’arrivée du cargo Razoni en Syrie intervient après que le gouvernement de Kiev ait salué le départ initial du navire du port d’Odesa comme un signe que l’Ukraine pouvait expédier en toute sécurité son orge, son maïs, son huile de tournesol et son blé vers un monde affamé où les prix alimentaires mondiaux ont grimpé en partie à cause de la guerre.
Mais son arrivée dans le port syrien de Tartus montre à quel point le commerce international et le transport maritime peuvent être compliqués et obscurs. La Syrie a déjà reçu des céréales ukrainiennes provenant des territoires occupés par la Russie dans le cadre de la guerre de Moscou contre Kiev.
Les images de Planet Labs PBC analysées par l’AP montrent le Razoni, battant pavillon de la Sierra Leone, au port peu avant 11 heures lundi. Le navire se trouvait juste à côté des silos à grains du port, essentiels à l’approvisionnement en blé de la nation.
Les données du système d’identification automatique du Razoni montrent qu’il était éteint depuis vendredi, lorsqu’il se trouvait au large de Chypre, selon le site Web de suivi des navires MarineTraffic.com. Les navires sont censés garder leurs traceurs AIS allumés, mais les navires qui veulent cacher leurs mouvements les éteignent souvent. Ceux qui se dirigent vers les ports syriens le font couramment.
Le Razoni a pu être identifié sur l’image satellite par sa couleur, sa longueur et sa largeur, ainsi que par les quatre grandes grues blanches sur son pont. Samir Madani, cofondateur du site Web de transport pétrolier TankerTrackers.com et expert en suivi de navires par images satellite, a également identifié le navire sur l’image.
Le Financial Times a été le premier à rapporter l’image satellite.
Le Razoni, chargé de 26.000 tonnes de maïs, a quitté Odesa le 1er août. Le cargo était le premier à quitter un port contrôlé par l’Ukraine dans le pays depuis que la Russie a déclenché la guerre en février. Dans le cadre de l’accord, un centre de coordination des Nations unies à Istanbul, composé de représentants de la Turquie, de la Russie et de l’Ukraine, supervise les cargaisons pour s’assurer qu’elles traversent en toute sécurité la mer Noire, qui contient des mines dans certaines zones et a été le théâtre de combats pendant le conflit.
Mais le Liban, qui était la destination présumée de Razoni, a fini par ne pas accepter la cargaison, alors qu’il est aux prises avec sa propre crise économique. Les médias libanais avaient rapporté qu’après un retard de plusieurs mois dû à la guerre en Ukraine, le marchand qui avait acheté la cargaison n’en voulait plus.
Le navire a fait escale au large de Mersin, en Turquie, avant de se diriger vers la Syrie.
Interrogé sur le Razoni, le Centre de coordination conjoint des Nations Unies a déclaré dans un communiqué que « après que les navires sortants ont passé l’inspection à Istanbul, le JCC cesse de les surveiller ».
« Les navires autorisés se dirigent alors vers leurs destinations finales, quelles qu’elles soient », a déclaré le centre.
Mardi, l’ambassade d’Ukraine à Beyrouth a fait référence à une déclaration antérieure selon laquelle la cargaison du Razoni n’était plus sous la responsabilité de Kiev.
« Notre tâche a été de rouvrir les ports maritimes pour les cargaisons de céréales et cela a été fait », a déclaré le communiqué.
Un responsable joint par téléphone mardi au port de Tartous s’est refusé à tout commentaire. La mission de la Syrie auprès des Nations Unies n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Tartus, sur la mer Méditerranée, se trouve à environ 320 kilomètres (200 miles) au nord-ouest de la capitale de la Syrie, Damas.
La Syrie reste sanctionnée par l’Occident pour les meurtres et les abus commis à l’encontre des civils pendant la guerre civile, bien que l’approvisionnement en nourriture ait été exempté par l’Occident. Le soutien militaire russe a été essentiel au maintien au pouvoir du président syrien Bashar Assad. La Syrie a reconnu les régions séparatistes de Donetsk et de Louhansk, soutenues par la Russie, comme des entités souveraines, ce qui a conduit Kiev à rompre ses liens diplomatiques avec Damas.
Depuis le début de l’année, des navires transportent des denrées alimentaires ukrainiennes du territoire occupé par la Russie vers la Syrie. En mai, des images satellites ont montré le Matros Pozynich, battant pavillon russe, à quai à Lattaquié, en Syrie. L’Ukraine a déclaré que le navire contenait 27 000 tonnes de céréales que la Russie lui avait volées et qu’elle avait initialement tenté de vendre à l’Égypte, qui a refusé d’accepter la cargaison.
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Le journaliste de l’Associated Press Kareem Chehayeb à Beyrouth a contribué à ce rapport.