Le chasseur d’astéroïdes Lucy de la NASA s’envole dans le ciel avec des diamants
CAPE CANAVERAL FLA. — Un vaisseau spatial de la NASA nommé Lucy s’est élancé dans le ciel avec des diamants samedi matin, dans le cadre d’une mission de 12 ans visant à explorer huit astéroïdes.
Sept de ces mystérieux rochers spatiaux font partie d’essaims d’astéroïdes partageant l’orbite de Jupiter, que l’on pense être les restes intacts de la formation planétaire.
Une fusée Atlas V a décollé avant l’aube, envoyant Lucy dans un voyage détourné de près de 6,3 milliards de kilomètres. Les chercheurs se sont montrés très émus en décrivant le succès du lancement. Le scientifique principal, Hal Levison, a déclaré que c’était comme assister à la naissance d’un enfant. « Vas-y Lucy ! » a-t-il lancé.
Lucy doit son nom aux restes squelettiques d’un ancêtre humain, vieux de 3,2 millions d’années, découverts en Éthiopie il y a près d’un demi-siècle. Cette découverte a été baptisée d’après la chanson des Beatles de 1967 « Lucy in the Sky with Diamonds », ce qui a incité la NASA à faire décoller le vaisseau spatial avec les paroles des membres du groupe et les mots de sagesse d’autres personnalités gravés sur une plaque. Le vaisseau spatial transportait également un disque fait de diamants cultivés en laboratoire pour l’un de ses instruments scientifiques.
Dans une vidéo préenregistrée pour la NASA, Ringo Starr, batteur des Beatles, a rendu hommage à son collègue défunt John Lennon, à qui l’on doit la chanson qui a inspiré tout ceci.
« Je suis tellement excité – Lucy va retourner dans le ciel avec des diamants. Johnny va adorer ça », a dit Starr. « En tout cas, si tu rencontres quelqu’un là-haut, Lucy, donne-lui paix et amour de ma part. »
Le paléoanthropologue à l’origine de la découverte du fossile Lucy, Donald Johanson, a eu la chair de poule en regardant Lucy s’envoler : « Je ne regarderai plus jamais Jupiter de la même façon… c’est absolument hallucinant ». Il s’est dit émerveillé par cette « intersection entre notre passé, notre présent et notre avenir ».
« Le fait qu’un ancêtre humain ayant vécu il y a si longtemps ait stimulé une mission qui promet d’apporter des informations précieuses sur la formation de notre système solaire est incroyablement excitant », a déclaré M. Johanson, de l’Arizona State University, qui s’est rendu à Cap Canaveral pour son premier lancement de fusée.
La mission de Lucy, d’un coût de 981 millions de dollars, est la première à viser ce qu’on appelle l’entourage troyen de Jupiter : des milliers, voire des millions, d’astéroïdes qui partagent l’orbite étendue de la géante gazeuse autour du soleil. Certains de ces astéroïdes troyens précèdent Jupiter sur son orbite, tandis que d’autres le suivent.
Malgré leurs orbites, les Troyens sont loin de la planète et surtout dispersés loin les uns des autres. Il n’y a donc pratiquement aucune chance que Lucy soit frappée par l’un d’entre eux lorsqu’elle passe devant ses cibles, a déclaré Levison du Southwest Research Institute, le scientifique principal de la mission.
Lucy passera devant la Terre en octobre prochain, puis à nouveau en 2024, afin d’obtenir suffisamment d’énergie gravitationnelle pour se rendre jusqu’à l’orbite de Jupiter. En chemin, le vaisseau passera devant l’astéroïde Donaldjohanson entre Mars et Jupiter. Ce rocher bien nommé servira d’échauffement pour les instruments scientifiques en 2025.
Tirant son énergie de deux énormes ailes solaires circulaires, Lucy poursuivra cinq astéroïdes dans le peloton de tête des Troyens à la fin des années 2020. Le vaisseau spatial reviendra ensuite vers la Terre pour une nouvelle assistance gravitationnelle en 2030. Lucy sera alors renvoyée vers l’amas de Troyens de queue, où elle passera devant les deux derniers astéroïdes en 2033, établissant ainsi un record de huit astéroïdes visités en une seule mission.
Il s’agit d’un parcours compliqué et tortueux qui a d’abord fait trembler le chef de mission scientifique de la NASA, Thomas Zurbuchen. « Vous devez plaisanter. C’est possible ? » se souvient-il.
Lucy passera à 965 kilomètres de chaque cible, la plus grande faisant environ 113 kilomètres de diamètre.
« Y a-t-il des montagnes ? Des vallées ? Des fosses ? Des mésas ? Qui sait ? Je suis sûr que nous allons être surpris », a déclaré Hal Weaver, de l’Université Johns Hopkins, qui est en charge de la caméra noir et blanc de Lucy. « Mais nous sommes impatients de voir ce que (…) les images vont révéler sur ces fossiles de la formation du système solaire ».
La NASA prévoit de lancer une autre mission le mois prochain pour tester si les humains pourraient être capables de modifier l’orbite d’un astéroïde — pratique au cas où la Terre aurait un jour un rocher tueur qui se dirigerait vers nous.
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