Le Canada pourrait rapatrier des femmes et des enfants détenus en Syrie
Le Premier ministre du Canada semble avoir changé d’avis, et cela fait fleurir des fleurs dans le dur désert du nord-est de la Syrie.
Peut-être pas tant un changement de cœur qu’un changement de circonstances.
Le gouvernement canadien semble sur le point de ramener chez eux une quarantaine de femmes et d’enfants canadiens détenus dans des conditions terribles dans un camp de détention syrien.
Il s’agit d’un changement significatif de politique, pas nécessairement basé sur la compassion, pour les citoyens canadiens qui ont passé les dernières années à vivre dans des conditions extérieures misérables, soumis à la violence de la nature et des autres détenus.
Un petit garçon canadien a récemment eu la tête fracassée par des pierres lancées par des détenus irakiens logés dans le même horrible camp. Une infirmière a recousu son cuir chevelu et l’a renvoyé vers sa mère et leur maison : une tente plantée dans le désert, entourée de gardes kurdes armés et de hautes clôtures.
Les Canadiens font partie des milliers de ressortissants étrangers détenus après la guerre contre l’État islamique, réduits au statut de prisonniers en raison de leur mariage avec des combattants étrangers. La plupart vous diront qu’ils n’avaient aucune idée de ce dans quoi ils s’engageaient et qu’ils n’ont jamais été impliqués dans la violence.
Les défenseurs des droits de l’homme décrivent leurs enfants comme des victimes innocentes, obligées de souffrir pour les actions des autres et privées d’une enfance normale. Blâmez les mères et les pères, disent les défenseurs, mais n’utilisez pas cela comme une raison pour détruire de jeunes vies.
Un procès intenté par l’avocat d’Ottawa Lawrence Greenspon semble avoir inspiré, ou forcé, le gouvernement Trudeau à prendre le genre de mesures que d’autres pays ont déjà prises. La France, l’Australie et l’Allemagne ont toutes ramené leurs femmes et leurs enfants à la maison, et la liste continue.
Le Canada, à quelques exceptions près, a fermement refusé de faire de même. La menace de perdre devant les tribunaux, sur la base d’une plainte déposée en vertu de la Charte des droits et libertés, semble avoir poussé le premier ministre à céder.
La poursuite de Greenspon implique six femmes, 13 enfants et quatre hommes. Le gouvernement a élargi son examen pour inclure plusieurs autres familles, mais ne se réfère qu’aux femmes et aux enfants détenus au camp de Roj.
Au cours des deux dernières semaines, presque toutes les femmes détenues au camp de Roj ont été informées qu’elles et leurs enfants répondaient désormais à un ensemble de directives en vue d’un éventuel rapatriement. Jusqu’à récemment, peu de gens savaient que de telles directives existaient.
Cela ne signifie pas qu’elles seront mises dans un avion la semaine prochaine, mais c’est presque certainement la direction que cela prend. La détérioration des conditions dans le camp a entraîné une révision de leurs cas, a déclaré le gouvernement.
Au cours des derniers jours, les enfants ont transmis des messages vocaux et des dessins à Greenspon, qui a pris en charge leur détresse à titre bénévole.
« Bonjour, c’est Isabella », dit une petite fille. « Nous avons fait un dessin de fleurs pour vous remercier de nous avoir aidés, moi, ma maman, mon frère et ma sœur. Il n’y a pas de fleurs dans le camp, mais j’espère que nous en verrons bientôt. »
Affaires mondiales Canada a informé les femmes que des « menaces pour la sécurité de vos enfants » et des « conditions de sécurité dangereuses » ont conduit à une réévaluation de leur situation. Il a également cité le risque d’épidémies de choléra et le faible accès à la nourriture et à l’eau potable.
Le Dr Alexandra Bain est à la fois ravie et très réaliste quant au revirement présumé du gouvernement. Elle est la fondatrice d’un groupe appelé Families Against Violent Extremism et a fait campagne sans relâche pour un tel moment.
« Cela signifie que le Canada peut enfin faire un pas en avant pour remplir ses obligations légales et morales », m’a-t-elle dit. « En termes de leurs droits de citoyenneté, de leurs droits humains fondamentaux et de leurs droits en tant qu’enfants ».
Le gouvernement insiste sur le fait qu’il n’a aucune obligation légale d’aider les Canadiens à l’extérieur du pays, mais pourrait concéder dans ce cas après le bombardement de critiques sévères de la part des groupes de défense des droits de l’homme.
M. Bain a déclaré que les familles n’ont reçu aucune indication quant à la date à laquelle elles pourraient être retirées du camp, ni quant à la manière dont cela se produira. Les États-Unis ont depuis longtemps proposé d’aider le Canada dans ses efforts de rapatriement.
« Les femmes espèrent qu’elles partiront demain », m’a-t-elle dit, « ou au moins qu’elles seront à la maison pour Noël ».
Affaires mondiales Canada n’a pas donné de nouvelles des 10 hommes canadiens également détenus par les autorités kurdes – y compris Jack Letts, dont les parents ont mené une campagne publique pour sa libération.
Il a été tristement surnommé « Jihadi Jack » par les médias britanniques et possède la double nationalité britannique et canadienne.