Le Canada ne protège pas les poissons à valeur commerciale : DeMarco
Le gouvernement fédéral a un parti pris contre l’inscription des poissons de valeur commerciale sur la liste des espèces en péril et devant être protégées, a déclaré le commissaire à l’environnement Jerry DeMarco dans un nouvel audit publié mardi.
L’audit des efforts du Canada pour protéger les espèces aquatiques en péril était l’un des six nouveaux rapports environnementaux déposés à la Chambre des communes.
Il a révélé que Pêches et Océans Canada était très lent à agir lorsque le comité national chargé d’évaluer la nécessité de protéger les espèces déclare qu’une créature ou une plante aquatique particulière est en danger.
Et lorsque l’évaluation porte sur un poisson ayant une valeur commerciale importante, le ministère ne semble pas vouloir inscrire le poisson sur la liste des espèces nécessitant une protection spéciale.
Cela inclut la population de morue de l’Atlantique de Terre-Neuve et du Labrador.
La surpêche a conduit à un moratoire sur la pêche commerciale de la morue de Terre-Neuve en 1992, et deux fois depuis lors, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a évalué cette espèce comme étant « en voie de disparition », ce qui signifie qu’elle est confrontée à un danger imminent d’extinction.
Une fois cette évaluation effectuée, Pêches et Océans Canada doit l’examiner et décider si l’espèce doit être inscrite sur la liste des espèces bénéficiant d’une protection spéciale en vertu de la Loi sur les espèces en péril. L’inscription de l’espèce dans la loi comme étant en voie de disparition empêcherait qu’elle soit tuée, blessée, harcelée ou capturée.
La première évaluation de la morue de Terre-Neuve remonte à 2003, et il a fallu trois ans à Pêches et Océans pour examiner les résultats. En 2006, le ministère fédéral a décidé de ne pas l’ajouter à la liste de la Loi sur les espèces en péril et a autorisé la poursuite de la pêche côtière et de la récolte autochtone.
En 2010, le comité a évalué la morue de Terre-Neuve comme étant en voie de disparition une deuxième fois. Douze ans plus tard, le ministère des Pêches et des Océans n’a toujours pas terminé l’examen visant à déterminer ce qu’il convient de faire de cette évaluation.
La vérification de M. DeMarco a porté sur neuf poissons, deux moules et une tortue de mer que le comité des espèces en voie de disparition a jugé devoir être protégés. Cinq de ces poissons étaient des espèces marines ayant une valeur commerciale importante, et dans ces cinq cas, le ministère a choisi de ne pas les inscrire sur la liste des espèces en péril.
Cela comprend la morue de Terre-Neuve, la truite arc-en-ciel, la population de saumon quinnat de l’Okanagan, le sébaste à bouche jaune et le thon rouge de l’Atlantique.
Les quatre autres poissons, les deux moules et la tortue caouanne ont été considérés comme n’ayant pas de valeur commerciale significative, et les sept espèces ont été recommandées pour être inscrites sur la liste des espèces en péril par Pêches et Océans.
M. DeMarco a également constaté que le ministère prenait beaucoup trop de temps pour effectuer ses propres examens.
Il a déclaré que le ministère des Pêches et des Océans n’a pas terminé l’examen de la moitié des 230 espèces aquatiques que le comité de la faune a recommandé de désigner comme espèces en péril depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur les espèces en péril en 2004.
De plus, il a été constaté que le ministère a de grandes lacunes dans ce qu’il sait sur les espèces qui ont besoin de protection et qu’il n’a pas assez de personnel pour appliquer les mesures de protection lorsqu’elles sont mises en place.
« Un parti pris contre la protection des espèces à valeur commerciale en vertu de la loi sur les espèces en péril, des retards importants dans l’inscription des espèces à protéger, des lacunes dans les connaissances sur les espèces et une capacité d’application limitée ont tous des effets négatifs sur les écosystèmes et les communautés « , a déclaré M. DeMarco dans une déclaration écrite.
Les vérifications d’automne du commissaire ont également porté sur les politiques de gestion des déchets radioactifs à faible et moyen risque, qui représentent 99,5 % de tous les déchets radioactifs au Canada.
DeMarco a déclaré que Ressources naturelles Canada, la Commission canadienne de sûreté nucléaire et Énergie atomique du Canada font un bon travail de gestion des déchets.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 4 octobre 2022.