Les libéraux proposent un nouveau comité avec des arbitres pour étudier le licenciement de scientifiques au laboratoire de Winnipeg
OTTAWA — Le gouvernement propose la création d’un nouveau comité de la Chambre des communes, conseillé par un panel de trois anciens juges principaux, pour passer au peigne fin les documents sensibles relatifs au licenciement de deux scientifiques au laboratoire de haute sécurité du Canada.
Une lettre signée par le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Mark Holland, et adressée à ses homologues de l’autre côté de la Chambre, indique que, bien que le gouvernement maintienne que ces informations doivent être conservées par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (NSICOP), il est prêt à trouver une solution.
La proposition permettrait à ce nouveau groupe de députés d’avoir accès à des documents non censurés concernant les questions relatives au laboratoire de Winnipeg.
Les partis d’opposition se battent depuis longtemps pour obtenir des réponses sur les raisons pour lesquelles le Dr Xiangguo Qiu et le Dr Keding Cheng ont été escortés hors du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg en juillet 2019 et licenciés 18 mois plus tard par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).
Il existe également des préoccupations et des questions quant à savoir si leurs licenciements sont liés au fait que quatre mois avant leur renvoi, Qiu a envoyé une cargaison de virus Ebola et Henipah à l’Institut de virologie de Wuhan en Chine.
Le président de l’ASPC, Iain Stewart, n’a offert aucun éclairage sur cette affaire et a été publiquement réprimandé à la Chambre des communes à la fin du mois de juin pour ne pas avoir remis les documents en question.
L’ancien ministre de la santé Patty Hajdu avait renvoyé l’affaire et fourni les documents à la NSICOP, qui comprend des membres de la Chambre et du Sénat, et a pour mandat d’analyser toute activité menée par un ministère en rapport avec la sécurité nationale ou le renseignement.
« Le NSICOP a fait ses preuves en tant qu’organe qui travaille en collaboration et de manière non partisane. Il a montré qu’il pouvait travailler efficacement pour les Canadiens », peut-on lire dans la lettre, obtenue par CTV News.
« Malheureusement, les partis d’opposition à la Chambre n’étaient pas d’accord avec le renvoi de cette question à la NSICOP. »
Les libéraux suggèrent qu’ils ont trouvé une solution « responsable et démocratique », une solution qui a été utilisée par l’ancien premier ministre Stephen Harper en 2010 pour répondre aux appels des députés qui voulaient avoir accès aux documents liés au traitement des détenus en Afghanistan.
Le gouvernement et les partis d’opposition signeraient, s’il y a accord, un protocole d’entente pour créer le comité ad hoc, « avec les garanties appropriées », pour examiner les documents.
Le comité d’arbitres déterminerait alors que les « informations pertinentes et nécessaires » pourraient être rendues publiques tout en évaluant les risques pour la sécurité nationale.
« Les membres du comité ad hoc mèneraient leurs activités dans une installation gouvernementale sécurisée et seraient soumis à des mesures de sécurité appropriées pour sauvegarder les informations sensibles et confidentielles. Le comité et le panel seraient soutenus par des fonctionnaires non partisans ayant une habilitation de sécurité », peut-on lire dans la lettre.
En cas de désaccord sur ce qui doit être divulgué, les juges interviendraient.
« Le panel d’arbitres prendrait une décision contraignante sur la manière dont cette information pourrait être mise à la disposition des membres du Parlement et du public sans porter atteinte à la sécurité nationale, à la défense nationale ou aux relations internationales », peut-on lire dans la lettre.
Holland a déclaré que la proposition reconnaît le rôle de la Chambre dans l’obligation de rendre des comptes au gouvernement, tout en respectant son rôle dans la protection des Canadiens.