L’activiste syrienne Noura Aljizawi obtient le statut de RP au Canada
L’incertitude qui planait sur la vie de Noura Aljizawi depuis trois ans a été levée cette semaine. Après l’avoir initialement signalée comme une menace potentielle pour la sécurité nationale, le gouvernement canadien a accordé à la défenseure des droits humains syrienne très en vue et à son mari le statut de résident permanent.
Aljizawi, 36 ans, qui vit maintenant à Toronto avec son mari et sa fille de cinq ans, dit qu’après avoir appris la bonne nouvelle mercredi, elle ressent enfin un « sentiment de sécurité ».
« Avant, je sentais que tout allait m’être enlevé – ma vie, ma fille et ma maison, mon travail. Tout ce que j’ai aimé », a-t-elle déclaré.
L’approbation de l’immigration intervient après une plainte déposée le 23 juin au sujet de la lutte d’Aljizawi devant un tribunal fédéral pour savoir pourquoi l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) la considérait comme un risque pour la sécurité. Six mois plus tôt, l’ASFC l’a informée dans un courriel qu’elle faisait l’objet d’une évaluation en vertu de l’article 34 de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, mais ne voulait pas lui dire quels renseignements elle possédait.
La législation stipule qu’un ressortissant étranger peut être considéré comme interdit de territoire pour des raisons de sécurité parce qu’il s’est livré à l’espionnage, au terrorisme ou à la subversion par la force de n’importe quel gouvernement.
ALJIZAWI RE-TRAUMATISÉE PAR LE PROCESSUS D’IMMIGRATION, DIT-ELLE
Aljizawi dit qu’elle a été traumatisée à nouveau par le processus d’immigration. L’incertitude l’a laissée dans une peur constante d’être expulsée et a réveillé des souvenirs de son arrestation et de ses tortures passées, a-t-elle déclaré.
L’activisme d’Aljizawi a commencé il y a plus de dix ans en Syrie pendant le printemps arabe. En tant qu’étudiante dans la ville de Homs, elle a organisé des manifestations anti-gouvernementales en 2012. Elle a été jetée en prison et torturée à l’électricité pour avoir dénoncé le régime brutal du président Bashar Al-Assad, a-t-elle déclaré. Aljizawi a été libéré de prison après une campagne internationale menée par Reporters sans frontières et s’est enfui en Turquie.
Après le début de la guerre civile syrienne, Aljizawi a représenté des partis d’opposition dans des négociations de paix ratées pendant son exil.
En 2017, Aljizawi a déménagé au Canada avec un visa d’étudiant après avoir été accepté dans le programme de l’Université de Toronto pour les universitaires à risque. Récemment, elle a participé à la lutte du Canada devant la Cour internationale de justice pour tenir le régime syrien responsable de crimes de guerre. Le témoignage d’Aljizawi fait partie de la thèse du Canada.
RAPPORTEUR SPÉCIAL DES NATIONS UNIES, LES DÉPUTÉS PARLENT
À la suite du reportage de actualitescanada, plus de 300 organisations internationales de défense des droits humains et militants d’Europe ainsi que d’Amérique du Nord et du Sud ont signé une pétition demandant au Canada d’accélérer la demande de résidence permanente d’Aljizawi.
Sur Twitter, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, a salué Aljizawi comme « courageuse » et a demandé pourquoi elle était signalée comme un risque pour la sécurité.
Ancien ministre de la justice Allan Rock a qualifié les actions du gouvernement de « profondément troublantes ».
« Elle s’est opposée au régime monstrueux d’al Assad… mais pourquoi Noura Aljizawi est-elle ciblée par le Canada ? Rock a tweeté le 25 juin.
Le 30 juin, deux députés néo-démocrates ont envoyé une lettre avec une demande urgente d’information sur l’affaire aux ministres fédéraux responsables des affaires étrangères, de l’immigration et de la sécurité publique.
Dans une copie de la lettre fournie à actualitescanada, les députées Heather McPherson et Jenny Kwan ont écrit qu’elles « sont alarmées par cette affaire et ses implications non seulement pour Noura, mais pour tous les défenseurs des droits humains en quête de sécurité au Canada.
Est-ce la position de ce gouvernement que la défense des droits de la personne, y compris l’opposition aux dictatures brutales qui torturent leurs citoyens, rend une personne inadmissible à la résidence permanente?
Cinq jours plus tard, Aljizawi a obtenu la résidence permanente le 5 juillet. Depuis que son cas est devenu public, Aljizawi dit avoir entendu trois autres militants pour la démocratie qui font l’objet d’un examen en vertu de l’article 34.
LES FONCTIONNAIRES DOIVENT RÉÉVALUER L’UTILISATION DE L’ARTICLE 34 : CRITIQUE DU NPD EN MATIÈRE D’IMMIGRATION
Kwan, porte-parole du NPD en matière d’immigration, affirme que la notoriété d’Aljizawi a accru la pression sur le gouvernement pour qu’il agisse. Mais la députée dit qu’elle craint également que des militants des droits de l’homme moins connus et soupçonnés de la même manière ne soient pas protégés.
Kwan dit que les responsables de l’immigration doivent réévaluer la manière dont ils utilisent l’article 34 pour évaluer les candidatures des défenseurs des droits humains
« Si notre gouvernement propose des politiques d’immigration spéciales pour soutenir et mettre en sécurité les militants des droits de la personne, alors lorsqu’ils arrivent au Canada et qu’ils s’engagent dans le processus d’immigration, comment est-il possible qu’ils soient signalés à des problèmes potentiels d’interdiction de territoire ? ”
On ne sait pas combien de militants sont signalés comme des menaces potentielles à la sécurité nationale lorsqu’ils arrivent au Canada.