La Banque du Canada relève son taux d’intérêt directeur
La Banque du Canada a relevé son taux directeur au niveau le plus élevé depuis plus de 20 ans et a prévenu que d’autres hausses de taux sont à venir, tout en renforçant ses perspectives d’inflation.
La banque centrale a augmenté son taux directeur d’un demi-point de pourcentage pour le porter à 1 % mercredi.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré que l’inflation est trop élevée et qu’elle devrait le rester plus longtemps que la banque ne le pensait auparavant.
« L’invasion de l’Ukraine a fait grimper les prix de l’énergie et d’autres produits de base, et la guerre perturbe davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales », a-t-il déclaré.
« Nous sommes également préoccupés par l’élargissement des pressions sur les prix au Canada ».
M. Macklem a déclaré que les Canadiens devraient s’attendre à ce que les taux d’intérêt continuent d’augmenter pour atteindre des niveaux plus normaux.
« Par plus normal, nous entendons dans la fourchette que nous considérons pour un taux d’intérêt neutre qui ne stimule ni ne pèse sur l’économie », a-t-il dit.
La Banque du Canada a ramené mercredi son estimation du taux neutre nominal – ce que serait le taux d’intérêt si l’inflation était stable et l’économie au plein emploi – à son niveau pré-pandémique, soit une fourchette de deux à trois pour cent.
L’estimation de la banque en avril 2021 était une fourchette de 1,75 % à 2,75 %.
Les avertissements de Macklem concernant de nouvelles hausses de taux ont été repris dans la déclaration de politique générale de la banque centrale.
« L’économie évoluant vers une demande excédentaire et l’inflation persistant bien au-dessus de l’objectif, le conseil des gouverneurs juge que les taux d’intérêt devront encore augmenter », peut-on lire.
« Le calendrier et le rythme des nouvelles hausses du taux directeur seront guidés par l’évaluation continue de l’économie par la banque et son engagement à atteindre l’objectif d’inflation de deux pour cent. »
Elle assouplit également les mesures de relance de l’époque de la pandémie. La banque centrale commencera un « resserrement quantitatif » à partir du 25 avril, date à laquelle les obligations d’État qu’elle détient ne seront plus remplacées à leur échéance. Au début de la pandémie, la Banque du Canada a acheté des milliards d’obligations d’État, dans le but de maintenir la circulation de l’argent lorsque l’économie s’est arrêtée.
On s’attend à ce que l’augmentation du taux d’intérêt directeur de la banque incite les grandes banques canadiennes à augmenter leur taux préférentiel – un changement qui augmentera le coût des prêts liés à l’indice de référence, y compris les prêts hypothécaires à taux variable.
La dernière fois que la banque centrale a augmenté son taux d’intérêt directeur d’un demi-point de pourcentage remonte à mai 2000.
Dans son rapport de printemps sur la politique monétaire, publié en même temps que la décision sur les taux d’intérêt, la Banque du Canada a relevé ses attentes en matière d’inflation, en grande partie en raison de la flambée des prix de l’énergie et des autres produits de base à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Elle a déclaré qu’elle s’attend maintenant à ce que le taux d’inflation annuel atteigne en moyenne près de 6 % au cours du premier semestre de cette année et reste bien au-dessus de sa fourchette de contrôle de 1 à 3 % tout au long de 2022, avant de redescendre à environ 2,5 % au cours du second semestre de 2023.
Dans son rapport de politique monétaire de janvier, la banque centrale avait déclaré qu’elle s’attendait à ce que l’inflation soit proche de cinq pour cent au cours du premier semestre de 2022 avant de tomber à environ trois pour cent à la fin de l’année.
Le rythme annuel de l’inflation en février a grimpé à 5,7 pour cent, contre 5,1 pour cent en janvier, a indiqué Statistique Canada le mois dernier. L’agence devrait publier la semaine prochaine ses chiffres sur l’inflation pour le mois de mars, qui comprendront la flambée des prix de l’essence due à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Dans ses perspectives économiques, la Banque du Canada a déclaré qu’elle s’attend à ce que la croissance au deuxième trimestre s’accélère pour atteindre un taux annuel de 6,0 %, soit une augmentation par rapport au taux de 3,0 % du premier trimestre.
Elle a indiqué que les effets de la variante Omicron COVID-19 ont pesé sur l’économie au début de l’année, mais qu’ils ont été de courte durée.
La banque a déclaré que le marché du logement était fort au premier trimestre, mais qu’elle s’attendait à un certain ralentissement des ventes au deuxième trimestre en raison de la hausse des taux hypothécaires.
La Banque du Canada a également ramené son estimation du taux neutre nominal à son niveau pré-pandémique, soit une fourchette de deux à trois pour cent. L’estimation de la banque pour avril 2021 était une fourchette de 1,75 % à 2,75 %.
La prochaine annonce des taux d’intérêt de la banque centrale est prévue pour le 1er juin, tandis que son prochain rapport de politique monétaire, qui comprendra ses perspectives actualisées pour l’économie et l’inflation, devrait être publié en même temps que la décision sur les taux d’intérêt du 13 juillet.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 13 avril 2022.