COVID-19 au Canada : Réponses à huit questions sur la controverse concernant le vaccin d’AstraZeneca.
Que se passe-t-il vraiment ?
C’est un peu plus compliqué que ce que certains gros titres voudraient nous faire croire.
Le 29 mars, le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) du Canada a recommandé que l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca pour combattre le coronavirus soit « mise en pause » chez toutes les personnes de moins de 55 ans. C’était une grande nouvelle, mais il s’agit plutôt d’une mauvaise image pour AstraZeneca lorsque l’on analyse les données.
La couverture médiatique n’a pas tenu compte du fait que Santé Canada a… déjà pris des mesures une semaine plus tôt, le 24 mars, à émettre ce qu’on appelle une » modification de l’étiquette et des directives » sur le vaccin COVID-19 d’AstraZeneca, demandant au fabricant basé au Royaume-Uni » d’effectuer une évaluation détaillée des avantages et des risques du vaccin par âge et par sexe dans le contexte canadien « .
Cette mesure fait suite à des rapports européens faisant état de preuves supplémentaires d’un possible « lien de causalité » entre le vaccin et des cas « très rares » mais graves de caillots sanguins chez certains receveurs. Santé Canada, la Medicines, and Healthcare Products Regulatory Agency du Royaume-Uni et l’Agence européenne des médicaments continuent de recommander l’utilisation du vaccin.
Quel est le problème ?
Il s’agit de la thrombocytopénie immunitaire prothrombotique induite par le vaccin, ou VIPIT, une affection grave mais traitable « associée à de faibles taux de plaquettes sanguines ». La plupart des cas signalés en Europe concernent des femmes jeunes, âgées de moins de 55 ans. Mais l’Agence de la santé publique du Canada affirme qu’il est trop tôt pour évaluer le risque en fonction du sexe, simplement parce qu’il est possible que davantage de femmes aient reçu le vaccin d’AstraZeneca.
Que savons-nous des risques possibles jusqu’à présent ?
Les recherches montrent que des effets secondaires graves associés au vaccin (maux de tête persistants, essoufflement, douleurs thoraciques ou abdominales, ou gonflement et rougeur des membres) ont été isolés – 1 sur 125 000 à 1 sur 1 million de personnes vaccinées jusqu’à présent.
Devons-nous nous inquiéter ?
Les conservateurs fédéraux ont qualifié le nouvel avis du CCNI sur le vaccin AstraZeneca de « volte-face ». C’était probablement prévisible étant donné la veine de déni scientifique qui traverse le parti. Mais jusqu’à présent til n’y a eu aucun cas de VIPIT au Canada. De plus, les provinces administrent la version COVISHIELD du vaccin d’AstraZeneca, qui est fabriqué en Inde. C’est la marque AstraZeneca fabriquée au Royaume-Uni qui a produit certains des effets secondaires indésirables.
Il est facile d’oublier que tous les vaccins approuvés pour être utilisés contre le COVID-19 ont reçu une « autorisation d’urgence », ce qui signifie qu’ils continueront à être surveillés et examinés lorsqu’ils seront administrés au grand public.
La décision de suspendre l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca – une « mesure de précaution », comme l’a décrit le Conseil des médecins hygiénistes en chef du Canada – fait suite à un protocole réglementaire établi de longue date qui prévoit l’examen de nouvelles données au fur et à mesure de leur apparition.
Qu’en est-il de ceux qui ont déjà été vaccinés ?
Santé Canada affirme que les décisions relatives au type de deuxième dose qui sera offerte à ces personnes constituent « un domaine d’étude actif ». Les personnes vaccinées avec le vaccin d’AstraZeneca n’auront pas besoin d’une seconde dose avant 16 semaines. En attendant, les médecins sont invités à consulter un hématologue pour chaque cas.
Quelle est la sécurité des vaccins développés pour COVID-19 ?
En date du 12 mars, environ 1 dose sur 9 900 administrées au Canada a entraîné des effets secondaires qualifiés de « graves » (par exemple, une réaction allergique). Au total, 2 209 rapports d’effets secondaires indésirables ont été signalés sur un total de 3,68 millions de doses administrées au 19 mars.
Que dit AstraZeneca ?
Le site résultats de ses essais de phase trois publiés le 21 mars aux Etats-Unis suggèrent que son vaccin est efficace à 76 % contre les symptômes du COVID-19 (85 % chez les personnes de plus de 65 ans) et à 100 % contre l’hospitalisation et les symptômes graves du COVID-19.
Quel est le point essentiel à retenir ?
Les risques associés aux vaccins sont plus faibles que les risques de mourir du COVID-19.
Un Canadien sur cinq déjà hospitalisé à cause du COVID-19 développe des caillots sanguins. Le COVID-19 a tué plus de 15 000 Canadiens jusqu’à présent. Un Canadien sur 100 qui reçoit du COVID-19 finit par avoir besoin de soins intensifs.
Le gouvernement fédéral affirme avoir suffisamment de doses des vaccins Pfizer et Moderna pour vacciner tous les Canadiens avant l’automne.
Mais l’interruption de l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca par plusieurs pays d’Europe a également entraîné l’arrêt du flux transfrontalier du vaccin, ralentissant la lutte contre la pandémie alors que des souches plus mortelles du virus contribuent à une troisième vague au niveau mondial.