COP15 : Une conférence pour discuter du rôle du secteur financier dans la conservation de la nature
Le rôle de l’argent privé et de l’industrie dans la préservation d’un nombre suffisant d’écosystèmes naturels pour assurer le fonctionnement de la planète sera au centre des discussions mercredi lors d’une conférence internationale sur la biodiversité à Montréal.
Alors que les négociateurs continuent d’essayer d’élaborer un accord global sur la conservation, des discussions sont également prévues sur la manière dont les flux de capitaux mondiaux peuvent être exploités pour travailler avec la nature plutôt que de l’exploiter.
Les chiffres des Nations Unies suggèrent que ces flux de capitaux font désormais plus partie du problème que de la solution.
L’ONU indique qu’en 2019, les industries qui érodent la biodiversité ont reçu de la part des grandes banques d’investissement des fonds équivalents à l’ensemble du PIB du Canada, soit environ 3 500 milliards de dollars.
Les chiffres de l’ONU disent que la plupart de cet argent est allé à l’agriculture, la pêche, les combustibles fossiles et la foresterie.
Ils disent que l’argent consacré à la conservation était de 200 milliards de dollars au maximum.
Les délégués à la convention ont déjà passé des jours à discuter de la manière dont les pays riches devraient aider les pays pauvres à financer la conservation. La plupart de la biodiversité mondiale est concentrée dans les pays du Sud.
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a reconnu mardi que le secteur privé aura un rôle à jouer.
« Il est clair que les gouvernements n’ont pas assez d’argent pour répondre à tous les besoins « , a-t-il déclaré.
Shaughn McArthur, directeur associé des relations gouvernementales pour le groupe à but non lucratif Nature United, a déclaré que les entreprises sont d’accord avec des initiatives telles que le rapport obligatoire des effets des activités commerciales sur la nature et cherchent des moyens de réaliser leurs promesses en matière de climat.
« Les entreprises ont clairement des problèmes, mais elles se sont engagées à atteindre le zéro net et elles savent que pour y parvenir, elles peuvent le faire d’une manière positive pour la nature et le climat – avec les bonnes conditions favorables. »
Les estimations du montant nécessaire varient considérablement.
Les délégués discutent d’une proposition de 200 milliards de dollars par an à fournir aux pays en développement, mais 500 milliards de dollars supplémentaires pourraient être redirigés des subventions nuisibles à la biodiversité.
De nombreux chefs d’entreprise participant à la conférence souhaitent également discuter des règles de divulgation, afin que les entreprises qui prennent en compte la biodiversité dans leurs décisions d’investissement ne soient pas désavantagées par celles qui ne le font pas. D’autres veulent s’assurer que les ressources sont transférées de manière transparente, afin que les tiers puissent s’assurer qu’elles vont là où elles sont censées aller.
Ce n’est pas non plus une simple question d’argent. D’autres discussions porteront sur le transfert de technologies et le renforcement des capacités afin d’aider les bénéficiaires des fonds à utiliser efficacement les ressources.
Dans l’ensemble, la conférence COP15 vise à produire un accord pour la biodiversité mondiale en déclin équivalent à l’accord de Paris de 2015 qui a assigné des objectifs durs aux pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Les négociateurs espèrent obtenir des engagements pour préserver 30 % des terres et des eaux de la Terre d’ici 2030, ainsi que des plans pour mettre fin au déclin des écosystèmes à la même date.
Le changement climatique et la biodiversité sont étroitement liés. Les scientifiques ont conclu qu’il sera impossible de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C sans préserver au moins un tiers de la planète.
Les réunions de la COP15 se poursuivent jusqu’à lundi.
Ce reportage de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 14 décembre 2022.