Le Canada gèle les avoirs d’hommes d’affaires haïtiens liés à des gangs de rue
Le gouvernement canadien a déclaré qu’il gèlerait tous les avoirs locaux de trois hommes d’affaires haïtiens très en vue, accusés de soutenir les gangs armés du pays, la dernière mesure en date visant les personnes liées aux groupes criminels de la nation caribéenne.
Les sanctions visent Gilbert Bigio, président du conglomérat industriel haïtien GB Group, ainsi que les chefs d’entreprise Reynold Deeb et Sherif Abdallah, a déclaré le gouvernement.
« Le Canada a des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut de membres éminents de l’élite économique haïtienne pour protéger et permettre les activités illégales de bandes criminelles armées, notamment par le biais du blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption », indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le Groupe GB et le bureau du Premier ministre haïtien Ariel Henry n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires. Reuters n’a pas pu obtenir de commentaire de la part de Deeb ou Abdallah.
Les sanctions s’ajoutent à d’autres déjà imposées par Ottawa, notamment à trois politiciens haïtiens en novembre, et « visent à faire pression sur les personnes responsables de la violence et de l’instabilité actuelles en Haïti ».
Les États-Unis ont imposé vendredi des sanctions à un sénateur haïtien actuel et à un ancien sénateur haïtien, accusant les deux politiciens de s’engager dans des activités de trafic de drogue.
En septembre, des gangs haïtiens ont créé une crise humanitaire en bloquant l’entrée d’un terminal de carburant, entraînant des pénuries d’essence et de diesel qui ont stoppé la plupart des activités économiques au moment même où le pays signalait une nouvelle épidémie de choléra.
Cette année, les décideurs politiques aux États-Unis et au Canada se sont montrés de plus en plus vifs dans leurs discussions sur les liens présumés entre les gangs et les élites économiques.
Deux législateurs américains ont déclaré en septembre que les Etats-Unis devraient sanctionner les chefs de gangs haïtiens et les « seigneurs de la guerre » qui les financent.
Reportage de Doina Chiacu et Brian Ellsworth à Washington, édition de Deepa Babington.