L’Irlande va donner aux personnes adoptées leur dossier pour mettre fin à une « injustice historique ».
DUBLIN — L’Irlande va autoriser pour la première fois les personnes adoptées à accéder automatiquement à leur dossier de naissance, en vertu de nouvelles lois dont le gouvernement espère qu’elles mettront fin à un « tort historique », notamment pour des milliers de personnes envoyées en adoption en secret par des institutions catholiques.
Les lois internationales stipulent que tous les enfants doivent être en mesure d’établir leur identité, mais des dizaines de milliers de personnes adoptées en Irlande n’ont aucun droit automatique à leur dossier de naissance ou à l’accès aux services de recherche.
La législation a été publiée un an jour pour jour après qu’une enquête ait révélé que des milliers de nourrissons sont morts dans des foyers irlandais pour mères célibataires et leur progéniture, principalement gérés par l’Église catholique entre les années 1920 et 1990.
De nombreux enfants ont également été enlevés à leurs mères et envoyés à l’étranger pour être adoptés, selon ce rapport, le dernier d’une série qui a mis à nu certains des pires abus de l’Église.
Le ministre de l’Enfance, Roderic O’Gorman, a déclaré que la nouvelle loi, si elle est promulguée, permettra la divulgation complète et non censurée des informations sur la naissance, les débuts de la vie et les informations médicales à toute personne âgée de plus de 16 ans, indépendamment de la volonté des parents.
« Nous savons qu’un tort historique a été fait aux personnes adoptées. Avec ce projet de loi, nous rétablissons les informations que tant d’entre nous considèrent comme allant de soi et faisant partie de nos propres histoires personnelles », a déclaré Mme O’Gorman, qui cherche à mettre fin au « statut d’exception » de l’Irlande.
Les gouvernements successifs avaient fait valoir qu’une décision de la Cour suprême de 1998 les empêchait d’ouvrir les dossiers d’adoption parce qu’elle mettait l’accent sur le droit à la vie privée de la mère. Un projet de loi de 2019 visant à améliorer l’accès aux dossiers a été abandonné après l’opposition du Parlement et des groupes de défense des droits.
Les partis d’opposition ont largement salué le nouveau projet de loi, mais ont critiqué le fait que les personnes adoptées devraient toujours tenir une « séance d’information » par téléphone avec des fonctionnaires lorsqu’un parent a exprimé une préférence de non-contact. Une version antérieure du projet de loi prévoyait une rencontre obligatoire avec un travailleur social.
Certains militants ont également déclaré que le niveau d’information proposé par le projet de loi était encore insuffisant et que les sources auprès desquelles les données peuvent être collectées doivent être élargies pour inclure toutes les agences et institutions.