Ethiopie : Les forces du Tigré dénoncent une offensive de grande envergure
Les autorités de la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, ont allégué mercredi que l’armée éthiopienne avait lancé une offensive « à grande échelle » pour la première fois depuis un an, ce qui constituerait un revers important pour les efforts de médiation et le travail humanitaire visant à nourrir des millions de personnes privées de nourriture et d’autres produits de première nécessité.
L’affirmation du commandement militaire du Tigré fait suite à des mois de regroupement militaire et à un avertissement lancé cette semaine par l’armée éthiopienne contre tout compte rendu des mouvements de troupes dans les médias et sur les médias sociaux.
Le conflit du Tigré a éclaté en novembre 2020, tuant des milliers de personnes, et s’est calmé au cours des derniers mois grâce à des efforts de médiation lents. Mais la semaine dernière, la porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed a affirmé aux journalistes que les autorités du Tigré « refusaient d’accepter les pourparlers de paix. »
La déclaration du commandement militaire du Tigré mercredi dit : « Les forces éthiopiennes, ainsi que les forces spéciales et les milices d’Amhara, ont commencé une attaque de grande envergure vers 5h00 du matin en direction d’Alamata, dans le sud du Tigré. »
Getachew Reda, porte-parole des forces du Tigré. a tweeté que l’offensive faisait suite à une « provocation d’une semaine » de la part des forces de la région voisine d’Amhara.
Le porte-parole de l’armée éthiopienne, Getnet Adane, n’a pas répondu aux questions. Dans un tweet, l’ambassadeur d’Éthiopie aux Émirats arabes unis a affirmé que ce sont les forces du Tigré qui ont lancé une offensive.
Dans une publication sur Facebook mardi, l’armée éthiopienne a rejeté les allégations de renforcement militaire ou d’attaques et a affirmé que les forces du Tigré étaient « engagées dans le bruit pré-conflit ». Le post mettait en garde contre la diffusion des « secrets de l’armée ».
Le gouvernement éthiopien a déclaré qu’il était prêt à entamer des pourparlers mais insiste sur le fait que l’Union africaine doit diriger les efforts de médiation. Les autorités du Tigré ont critiqué les efforts de l’organisme continental et ont demandé de toute urgence la reprise des services de base qui ont été largement interrompus depuis le début de la guerre.
L’aide humanitaire a commencé à affluer vers le Tigré au cours des derniers mois, mais un nouveau rapport du Programme alimentaire mondial a indiqué la semaine dernière que le peu de carburant autorisé dans la région « ne s’est pas encore traduit par une augmentation de l’aide humanitaire ». Le rapport de l’agence des Nations unies indique que les « taux de malnutrition sont montés en flèche » dans la région, avec 29 % d’enfants mal nourris et 2,4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave.