Online news : Le projet de loi C-18 pourrait obliger Google à subventionner des organes d’information partiaux
Google prévient que le projet de loi sur l’information en ligne du gouvernement fédéral pourrait l’obliger à subventionner des sources d’information non autorisées ou partiales, comme l’agence de presse russe Sputnik.
Mais l’organisation représentant l’industrie des médias d’information au Canada affirme que la formulation du projet de loi est stricte et qu’elle exclut spécifiquement les médias qui promeuvent les intérêts d’une organisation.
Google soutient que la définition d’une source d’information admissible est si large que des organes d’information non professionnels ayant au moins deux journalistes au Canada, y compris ceux qui sont financés par des États étrangers, pourraient être admissibles à un paiement des géants de la technologie.
Le projet de loi sur les nouvelles en ligne, qui s’inspire d’une loi similaire en Australie, vise à soutenir l’industrie canadienne de l’information et à lutter contre la diffusion de nouvelles provenant de sources partiales ou non fiables.
Le projet de loi, connu sous le nom de C-18 au Parlement, obligerait les géants de la technologie tels que Google et Meta à payer pour réutiliser des informations produites par des organismes de presse canadiens.
La législation proposée empêcherait également les géants de la technologie de pénaliser ou de donner la préférence aux organismes de presse avec lesquels ils ont conclu des accords.
Mais Google affirme que cela pourrait affecter la façon dont il classe les nouvelles sur son moteur de recherche et modère le contenu.
Après le début de la guerre en Ukraine, Google a commencé à limiter la visibilité de l’organisation médiatique russe contrôlée par l’État, RT, y compris sur l’outil de recherche Google News.
Lauren Skelly, une porte-parole de Google, a déclaré que le moteur de recherche pourrait être confronté à « l’imposition d’amendes massives pour avoir présenté le contenu le plus utile et le plus fiable aux Canadiens et avoir appliqué nos propres règles. »
Mme Skelly a déclaré que le géant de la technologie soutient l’objectif central du projet de loi, mais qu’elle craint que la législation, telle qu’elle est rédigée, n’ait des conséquences inattendues, notamment celle de faire payer les entreprises de presse qui ne respectent pas les normes journalistiques.
Il pourrait s’agir de deux personnes qui ont créé une entreprise de presse numérique dans leur sous-sol, de groupes de presse parrainés par des États étrangers ayant un bureau au Canada ou de médias ayant un parti pris d’extrême gauche ou d’extrême droite.
« Nous devons croire que ce n’est pas le résultat souhaité par les décideurs politiques et nous espérons travailler avec eux pour répondre à ces préoccupations », a déclaré M. Skelly.
« La législation telle qu’elle est rédigée utilise une définition extrêmement large des entreprises de presse éligibles et des dispositions de ‘préférence indue’ qui, lorsqu’elles sont mises en pratique, pourraient entraîner le paiement obligatoire de contenus qui ne répondent pas aux normes journalistiques de base. »
Mais le président de News Media Canada, qui représente l’industrie des médias d’information du pays, a déclaré que la loi proposée est formulée avec soin.
« Il s’agit d’une très bonne législation qui exclut spécifiquement les organes d’information qui promeuvent les intérêts d’une organisation par opposition à la production de nouvelles originales d’intérêt général », a déclaré Paul Deegan.
« Le projet de loi permettra à de nombreux petits éditeurs de se regrouper et de négocier des accords de licence de contenu avec les grandes entreprises technologiques. Nous exhortons les parlementaires de tous les partis à travailler ensemble et à adopter cette législation nécessaire et urgente avant les vacances d’été. »
Patrimoine canadien a déclaré dans un communiqué que « ce n’est pas le rôle du gouvernement de décider ce qui est et n’est pas une information en ligne. »
« Il existe un ensemble de critères objectifs, éloignés de toute décision politique, pour déterminer les organisations de presse qualifiées. Une presse libre et indépendante est essentielle à la démocratie », a-t-il ajouté.
Lorsqu’il a annoncé le projet de loi C-18, le gouvernement fédéral a déclaré que la législation garantirait aux Canadiens l’accès à des informations de qualité, fondées sur des faits, à une époque où la désinformation et la méfiance du public augmentent.
L’organisme de réglementation de la radiodiffusion, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, sera chargé de déterminer ce qui est considéré comme un organisme de presse.
Selon le projet de loi, pour être admissible, un groupe de presse devra être désigné comme une organisation de journalisme canadien en vertu de la Loi de l’impôt sur le revenu ou produire des nouvelles portant principalement sur des questions d’intérêt général, et exploiter et employer deux journalistes ou plus au Canada.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 14 mai 2022.
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Meta finance une bourse de recherche qui soutient des postes en journalisme à La Presse Canadienne.