L’examen interne de Services aux Autochtones Canada devrait être public, selon un défenseur des droits.
OTTAWA — Ottawa va ouvrir le département des Services aux Autochtones à un examen visant à identifier les façons dont il discrimine les enfants des Premières Nations.
Le travail se fera dans le cadre d’une entente de principe de 40 milliards de dollars conclue en décembre dernier entre le gouvernement libéral fédéral et des groupes comme l’Assemblée des Premières Nations, les Chiefs of Ontario et les avocats de deux recours collectifs connexes.
L’accord prévoit qu’Ottawa versera 20 milliards de dollars en compensation aux enfants des Premières Nations qui ont été lésés par le sous-financement chronique des services à l’enfance et à la famille dans les réserves.
Une somme supplémentaire de 20 milliards de dollars a été affectée à la réforme du système au cours des cinq prochaines années, certaines mesures devant entrer en vigueur dès vendredi.
Un avis public sur le site Web des marchés publics du gouvernement fédéral indique qu’il a choisi l’Université d’Ottawa pour effectuer l’examen interne, qui coûtera 750 000 $.
Une porte-parole du ministère indique que c’est la première fois qu’un tel examen sera effectué sur le ministère fédéral depuis sa création en 2017, lorsque le ministère des Affaires autochtones et du Nord canadien a été scindé en deux ministères : Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones.
« Un comité consultatif d’experts guidera le processus d’évaluation et élaborera un plan de travail qui comprendra des mesures visant à identifier et à redresser les processus, les procédures et les pratiques internes du ministère afin d’éviter toute récurrence de politiques et de procédures discriminatoires à l’égard des enfants des Premières Nations », a écrit Jennifer Cooper dans un communiqué.
» Les négociations en vue d’un accord de règlement final étant toujours en cours, nous ne pouvons pas fournir plus de détails pour le moment. «
Les parties travaillaient sur la date limite du 31 mars pour finaliser l’accord de compensation, qui comprendrait des détails sur l’accès et l’éligibilité.
Cooper a refusé de dire si l’enquête sera rendue publique.
Mais Cindy Blackstock, directrice générale de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, qui fait partie des parties qui discutent des réformes à long terme, pense que cela est nécessaire.
« Cela fait partie de la réconciliation », dit-elle.
« Cela fait partie de la compréhension des raisons pour lesquelles les gouvernements n’ont pas été en mesure de mettre en œuvre les appels à l’action (de la Commission de vérité et de réconciliation), même s’ils les ont adoptés au nom de tous les Canadiens. Je pense donc qu’il devrait s’agir d’un processus public. Il devrait permettre la participation du public. »
Les Services aux Autochtones du Canada sont chargés de fournir des programmes et des infrastructures aux personnes vivant dans les réserves, ainsi que de financer les soins de santé et l’éducation.
Blackstock dit qu’une question importante pour l’examen ministériel sera de savoir pourquoi le gouvernement fédéral a continué à sous-financer les services pour les enfants des Premières Nations alors que des conclusions ont montré que cela se produisait depuis le début du 20e siècle.
« Pourquoi, alors qu’ils ont des preuves irréfutables d’actes répréhensibles, ne s’attaquent-ils pas au problème ? »
Blackstock a déposé une première plainte pour violation des droits de la personne en 2007, avec l’Assemblée des Premières Nations, ce qui a déclenché une lutte contre la gestion par Ottawa de la protection des enfants des Premières Nations.
En 2016, le Tribunal canadien des droits de la personne a conclu que le gouvernement fédéral avait fait preuve de discrimination à l’égard des enfants des Premières Nations en refusant de fournir le même niveau de financement aux services à l’enfance et à la famille dans les réserves que les gouvernements provinciaux pour ceux qui vivent hors réserve
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Les niveaux de financement étaient égaux lorsque les enfants étaient placés en famille d’accueil, ce qui a eu pour conséquence de séparer des milliers d’enfants des Premières Nations de leur famille et de les placer dans le système, où beaucoup d’entre eux ont été victimes d’abus.
En 2019, le tribunal a accordé un montant maximal d’indemnisation de 40 000 $ à chaque enfant touché par le sous-financement discriminatoire du gouvernement fédéral, ainsi qu’à leur famille.
Le gouvernement a fait appel de cette ordonnance devant la Cour fédérale, qui a confirmé en septembre dernier les conclusions du tribunal.
Le gouvernement fédéral a fait appel de cette décision devant la Cour d’appel fédérale en octobre, mais a annoncé en même temps que des négociations seraient entamées en vue d’un règlement extrajudiciaire.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 31 mars 2022.