Les refuges pour victimes d’abus signalent à StatCan les effets de COVID-19 sur leurs opérations
Un nouveau rapport de Statistique Canada indique qu’un refuge sur trois pour les personnes fuyant les abus a déclaré avoir été fortement affecté au cours de la première année de la pandémie COVID-19.
Le rapport a utilisé les données de 557 refuges canadiens prises le 14 avril 2021, qui visaient à représenter une journée typique de fonctionnement.
La capacité d’hébergement était le plus grand défi lié à la pandémie, 61 % des établissements ayant déclaré avoir réduit le nombre de lits pour atténuer les effets de COVID-19.
Le rapport, publié mardi, révèle que 93 % des résidents séjournent dans des établissements pour des raisons liées à des abus et que 84 % d’entre eux fuient la violence de leur partenaire intime.
Le nombre d’appels de crise a augmenté de 49 % par rapport à la période précédant la pandémie, et plusieurs refuges ont déclaré avoir étendu leurs services afin de pouvoir communiquer avec les victimes par voie numérique, notamment par SMS.
Angela Marie MacDougall, directrice générale des Battered Women Support Services en Colombie-Britannique, a déclaré qu’elle n’était pas surprise par les statistiques.
« Cela a confirmé ce que nous avons vécu et cela a été très valorisant dans la mesure où cela reconnaît les préoccupations des gens concernant la violence entre partenaires intimes et la violence familiale. Cela a également confirmé la nécessité pour les prestataires de services de faire preuve de souplesse », a-t-elle déclaré.
« Autant ces éléments sont affirmatifs et validants, autant il est difficile de savoir ce que ces informations vont faire en termes de politique publique autour de la violence basée sur le genre, tant au niveau fédéral que régional. »
Le rapport indique que les admissions dans les refuges ont diminué de 31 % par rapport à 2017-18, mais il relève plusieurs obstacles au début de la pandémie pour les personnes fuyant la violence, notamment la crainte de contracter le virus.
Kaitlin Geiger-Bardswich, directrice des communications des Refuges pour femmes au Canada, a déclaré que les messages du gouvernement au début de la pandémie ont entraîné une certaine confusion quant à l’accès aux refuges.
« L’isolement est le rêve d’un agresseur et il s’agissait, dans un sens, d’un isolement parrainé par l’État, ce qui était important à faire en termes de mesures de santé, mais on n’en a pas fait assez pour atténuer les risques ou diffuser les messages appropriés. »
Geiger-Bardswich a félicité le gouvernement d’avoir fourni environ 100 millions de dollars à leur organisation pour les distribuer aux refuges à travers le pays, à l’exception du Québec, à partir d’avril 2020 et jusqu’en mars 2023. Mais elle s’inquiète de ce qui pourrait arriver aux services une fois que le financement aura cessé, a-t-elle dit.
« La crainte que nous avons est que le programme disparaisse, car le COVID ne semble pas disparaître et la violence ne semble pas ralentir. »
Geiger-Bardswich a déclaré que le rapport a également souligné la nécessité pour le gouvernement fédéral de commencer à mettre en œuvre un plan d’action national sur la violence contre les femmes et la violence sexiste.
Elle a déclaré que l’organisation a soumis un rapport détaillé, financé par le gouvernement, en avril 2021, qui a fourni des recommandations pour un plan d’action visant à unifier le pays sur sa réponse à la violence domestique.
Geiger-Bardswich a déclaré qu’ils n’ont pas encore reçu de date pour l’achèvement du plan et le début de sa mise en œuvre.
« L’accès d’une femme aux services ne devrait pas dépendre de son code postal, et c’est la situation ici au Canada. »
Ce reportage de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 12 avril 2022.