Les législateurs iraniens exigent « aucune indulgence » pour les manifestants alors que les manifestations de masse se poursuivent.
Les législateurs iraniens ont demandé à la justice du pays de ne faire preuve d’aucune indulgence envers les manifestants dans une lettre citée par la chaîne publique Press TV dimanche, alors que des milliers de personnes continuent de se rassembler dans les rues malgré la menace d’une arrestation.
La République islamique est confrontée à l’une des manifestations de dissidence les plus importantes et sans précédent depuis la mort de Mahsa Amini, une Iranienne kurde de 22 ans détenue par la police des mœurs parce qu’elle ne portait pas correctement son hijab.
Dans une lettre ouverte signée par 227 des 290 membres du Parlement iranien, Press TV rapporte que les législateurs demandent que les manifestants reçoivent une « bonne leçon » afin de dissuader d’autres personnes de menacer l’autorité du gouvernement iranien.
« Nous, les représentants de cette nation, demandons à tous les responsables de l’État, y compris le pouvoir judiciaire, de traiter ceux qui ont fait la guerre (contre l’establishment islamique) et attaqué la vie et les biens des gens comme les Daesh (terroristes), d’une manière qui servirait de bonne leçon dans le temps le plus court possible », lit-on dans la lettre, selon la chaîne d’État Press TV.
Les législateurs ont ajouté qu’une telle punition – dont les méthodes n’ont pas été précisées – « prouverait à tous que la vie, la propriété, la sécurité et l’honneur de notre cher peuple constituent une ligne rouge pour cet établissement (islamique), et qu’il ne ferait preuve d’aucune indulgence envers quiconque à cet égard. »
L’Iran a inculpé au moins 1 000 personnes dans la province de Téhéran pour leur participation présumée aux manifestations organisées dans tout le pays à la suite de la mort d’Amini, la plus grande manifestation de dissidence de ce type depuis des années, selon l’agence de presse nationale IRNA. Leurs procès sont publics et sont en cours depuis plus d’une semaine.
Le groupe de défense des droits de l’homme Iran Human Rights (IHR), basé en Norvège, a déclaré dans un rapport mercredi dernier que des dizaines de manifestants sont accusés notamment d' »inimitié envers Dieu » et de « corruption sur terre », qui sont passibles de la peine de mort.
La lettre des membres du Parlement réitère également les affirmations antérieures du gouvernement iranien selon lesquelles les manifestations en cours – qu’il qualifie d’émeutes – ont été incitées par les États-Unis et d’autres ennemis de l’Iran. Le gouvernement iranien n’a fourni aucune preuve pour étayer ses allégations d’implication étrangère dans le mouvement de protestation.
Le haut fonctionnaire des Nations Unies, Javaid Rehman, a déclaré la semaine dernière au Conseil de sécurité des Nations Unies que 14 000 personnes, dont des journalistes, des militants, des avocats et des éducateurs, avaient été arrêtées depuis que les manifestations ont éclaté en Iran à la mi-septembre.
Rehman, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, a déclaré que la « réponse violente et ininterrompue des forces de sécurité » avait causé au moins 277 décès.
CNN ne peut pas vérifier de manière indépendante le chiffre des arrestations ou le nombre de morts – les chiffres précis sont impossibles à confirmer par quiconque en dehors du gouvernement iranien – et différentes estimations ont été données par des groupes d’opposition, des organisations internationales de défense des droits et des journalistes locaux.