Le programme canadien de rachat d’armes à feu : Les chefs de police expriment leur inquiétude
Les chefs de police du Canada demandent instamment au gouvernement fédéral de ne pas compter sur les forces de police, dont les ressources sont limitées, pour mener à bien le programme de rachat des armes à feu.
Le gouvernement libéral a interdit quelque 1 500 modèles et variantes d’armes à feu, dont le AR-15 et le Ruger Mini-14, par un décret en mai 2020, au motif qu’ils n’ont pas leur place dans la chasse ou le tir sportif.
Un programme de rachat proposé obligerait les propriétaires à vendre ces armes à feu au gouvernement ou à les rendre inopérantes aux frais du gouvernement fédéral.
Le futur programme viendrait compléter diverses autres mesures de contrôle des armes à feu dans la législation étudiée par le comité de sécurité publique de la Chambre des communes.
Le chef de la police de Regina, Evan Bray, qui comparaissait jeudi devant le comité au nom de l’Association canadienne des chefs de police, a déclaré que l’organisation attendait des détails sur la mise en œuvre d’un programme de rachat et les implications pour la police.
Bray a déclaré que le rachat sera un processus administratif – et non une question de police – impliquant une quantité massive de travail.
Il a suggéré qu’une autre organisation, ou des services de messagerie ou de courrier, soient engagés pour aider les gens à rendre leurs armes à feu, permettant à la police de se concentrer sur les contrevenants ainsi que sur l’intégrité des frontières, la contrebande et le trafic.
« Nos agents de première ligne – peu importe où vous parlez au Canada – sont à bout de souffle. Ils sont mis à rude épreuve. Les attentes de leurs communautés sont beaucoup plus élevées que ce que nos agents sont en mesure de fournir « , a déclaré M. Bray.
« Et malheureusement, nous accomplissons ce travail, mais au détriment de nos agents, en raison de la pression exercée sur eux et de leur santé mentale. Et donc je pense que ce processus supplémentaire doit être détourné ailleurs plutôt que d’utiliser les ressources de la police, dans la mesure du possible. »
La GRC « fonctionne déjà à des niveaux minimaux », a déclaré Brian Sauve, président de la Fédération nationale de police, qui représente les policiers.
Il y a des défis à relever pour recruter et retenir les agents, a-t-il dit au comité de la Chambre des communes.
« Chaque fois que nous augmentons le mandat des agents de police dans la rue, il doit y avoir quelque chose qui donne « , a déclaré M. Sauve. « Et est-ce que cela va signifier que nous ne répondons pas à cet appel de santé mentale, à la personne en crise au milieu de la rue, parce que les agents de police sont maintenant attachés à aller chercher des armes à feu dont la possession n’est plus légale ? »
Sauve s’est dit inquiet que la tâche de ramasser les armes à feu interdites incombe à la police. « Sans ressources soutenues, quelque chose doit tomber de l’assiette ».
Bray a suggéré que si la police se voit confier la tâche d’administrer l’effort de rachat des armes à feu, les agents ne seront pas en mesure de le mener à bien pleinement parce qu’ils sont trop occupés à répondre aux appels urgents du public.
En retour, M. Bray craint que de nombreux propriétaires d’armes à feu soient considérés comme des criminels à la fin de la période d’amnistie parce que leurs armes n’ont pas été confisquées dans le cadre du rachat.
« Donc, si on ne lui accorde pas une priorité assez élevée, alors je pense que cela aura un effet contraire, et cela nous causera des problèmes à l’arrière également. »
Ce reportage de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 27 octobre 2022.