L’attentat de Lockerbie : Comment l’attentat s’est-il produit ?
L’annonce dimanche qu’un Libyen soupçonné d’avoir commis l’attentat à la bombe de 1988 contre un avion de ligne a été placé en détention aux États-Unis a remis l’accent sur le célèbre attentat terroriste et sur les efforts déployés depuis longtemps pour poursuivre les responsables.
Le suspect, Abu Agila Mas’ud Kheir Al-Marimi, est accusé d’avoir fabriqué la bombe qui a détruit un vol Pam Am au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie. L’attaque a tué les 259 personnes à bord de l’avion et 11 personnes au sol. La majorité des personnes tuées étaient des Américains. [Trente-quatre ans plus tard, le souvenir de l’attentat s’est largement estompé dans l’esprit du public, malgré les développements de l’affaire qui l’ont ramené par intermittence à la une des journaux. Voici un retour en arrière :
COMMENT L’ATTAQUE DU LOCKERBIE A-T-ELLE EU LIEU ?
Le 21 décembre 1988, une bombe placée à bord du vol 103 de Pam Am a explosé moins d’une demi-heure après le départ de l’avion de l’aéroport d’Heathrow à Londres, à destination de New York.
L’attaque a détruit l’avion, qui transportait des citoyens de 21 pays. Parmi les victimes se trouvaient 190 Américains. Parmi eux, 35 étudiants de l’université de Syracuse, dans le nord de l’État de New York, qui rentraient chez eux après un semestre à l’étranger. À ce jour, cet attentat reste l’attaque terroriste la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol britannique.
Les enquêteurs ont rapidement établi un lien entre l’attentat et la Libye, dont le gouvernement s’était engagé dans des hostilités de longue date avec les États-Unis et d’autres gouvernements occidentaux. Environ deux ans avant l’attentat, la Libye a été blâmée pour le bombardement d’une discothèque de Berlin qui a fait trois morts, dont deux soldats américains, et des dizaines de blessés.
QUI A ÉTÉ TENU RESPONSABLE ?
En 1991, les Etats-Unis ont accusé deux officiers de renseignement libyens d’avoir posé la bombe à bord de l’avion. Mais le leader du pays, le colonel Moammar Kadhafi, a refusé de les livrer. Après de longues négociations, la Libye a accepté en 1999 de les remettre pour qu’ils soient poursuivis par un panel de juges écossais siégeant aux Pays-Bas.
L’un des hommes, Abdel Baset Ali al-Megrahi, a été reconnu coupable et condamné à la prison à vie. L’autre, Lamen Khalifa Fhimah, a été déclaré non coupable. Les autorités écossaises ont libéré Al-Megrahi pour des raisons humanitaires en 2009 après qu’on lui ait diagnostiqué un cancer de la prostate. Il est mort en Libye en 2012.
Les familles des personnes tuées, quant à elles, ont intenté un procès au gouvernement libyen, demandant que le régime soit tenu responsable. En 2003, la Libye a accepté un règlement, acceptant formellement la responsabilité de l’attentat, renonçant au terrorisme et versant une compensation aux familles.
En dépit d’un rapprochement avec le gouvernement américain, la poursuite des autres responsables de l’attentat s’est largement arrêtée, jusqu’après l’éviction de Kadhafi du pouvoir en 2011.
QU’EST-CE QUI A CONDUIT LES ENQUÊTEURS À MAS’UD ?
Après la chute de Kadhafi, Mas’ud, un expert en explosifs de longue date pour les services de renseignement du pays, a été placé en détention par les forces de l’ordre libyennes. En 2017, les responsables américains ont reçu une copie d’une interview de Mas’ud réalisée par les autorités libyennes peu après son arrestation. [Dans cet entretien, selon les responsables américains, Mas’ud a admis avoir fabriqué la bombe utilisée dans l’attentat contre Pan Am et avoir travaillé avec les deux hommes inculpés précédemment pour la poser dans l’avion. Il a déclaré que l’opération avait été ordonnée par les services de renseignement libyens et que Ghadafi l’avait remercié, lui et d’autres, après l’attaque, selon une déclaration sous serment du FBI.
Fin 2020, le ministère américain de la Justice a annoncé des accusations contre Mas’ud. Avec Mas’ud en détention libyenne, cependant, ses poursuites sont restées largement théoriques. Les responsables américains et écossais se sont engagés à œuvrer pour son extradition, afin qu’il puisse être jugé.
La manière dont Mas’ud a été placé en détention aux États-Unis n’a pas été clairement établie dimanche. Il serait le premier à comparaître dans un tribunal américain pour l’accusation de l’attaque.