Irréalisable : Une association minière s’oppose aux règles fédérales proposées sur les effluents de charbon
L’industrie minière canadienne s’oppose aux règles fédérales plus strictes proposées pour les effluents de charbon, affirmant que le projet de règlement n’est ni pratique ni fondé sur des données scientifiques.
« Nous ne voyons tout simplement pas comment atteindre ces limites », a déclaré Pierre Gratton de l’Association minière du Canada, qui a exprimé ses préoccupations dans une lettre adressée le 2 mars à Environnement Canada.
« (Environnement Canada) n’a pas formulé de justification pour aller plus loin que les limites qui ont été convenues. »
Le gouvernement fédéral tente de rédiger des règles sur les effluents pour le charbon depuis 2017, en réponse aux demandes de l’industrie.
Les mines de charbon sont actuellement réglementées par la Loi sur les pêches, qui comprend une interdiction générale de tous les contaminants entrant dans n’importe quel cours d’eau. L’industrie voulait des règles adaptées qui répondraient clairement aux préoccupations spécifiques des mines de charbon.
Après quatre séries de consultations, le gouvernement a publié en janvier un nouveau document de discussion sur la réglementation. La période de commentaires s’est terminée ce mois-ci.
Ce document limite ce qui peut sortir du tuyau d’échappement des effluents pour trois contaminants : les solides en suspension, les nitrates et le sélénium – un élément connu pour nuire à la reproduction des poissons. L’industrie affirme que les limites proposées pour les nitrates et le sélénium, déjà augmentées par rapport à la version précédente, sont encore trop strictes.
Le sélénium, par exemple, serait limité à une lecture moyenne de 10 microgrammes par litre dans les effluents des mines nouvelles et existantes.
« (Environnement Canada) propose des limites de sélénium en bout de tuyau et dans les cours d’eau qui ne sont tout simplement pas réalisables avec la technologie actuelle et éprouvée « , peut-on lire dans la lettre de l’association.
« Ce n’est pas une question de coût. La technologie n’existe pas actuellement pour atteindre de manière cohérente ce que (Environnement Canada) a proposé. »
Gratton a déclaré que les limites proposées sapent les discussions dans des endroits comme Elk Valley en Colombie-Britannique, où un large éventail de parties prenantes a déjà élaboré un plan de gestion pour un problème de sélénium créé par des décennies d’exploitation du charbon.
« Ils proposent des limites inférieures à celles qui ont été fixées », a-t-il déclaré.
L’objectif du document de discussion serait difficile à atteindre, même pour les nouvelles mines, a déclaré Charles Dumaresq, responsable de la science et de la gestion environnementale de l’association minière.
« Même à ces limites, ils repoussent vraiment l’enveloppe de ce que la technologie actuelle peut réaliser ».
L’association souligne également que les limites suggérées sont basées sur des directives générales destinées à protéger les écosystèmes aquatiques et non sur des recherches spécifiques sur le comportement du sélénium dans les bassins versants, comme celles qui ont été menées dans la vallée d’Elk.
« (Environnement Canada) n’a pas été en mesure de justifier la nécessité d’un niveau inférieur « , a déclaré M. Gratton.
L’association soutient une grande partie du contenu de la proposition sur les effluents.
« La proposition d’Environnement Canada comporte une très forte composante de surveillance environnementale « , a déclaré M. Dumaresq. « Cela fournit des preuves sur place de l’existence de problèmes, de ce que les entreprises doivent améliorer.
« Nous l’appuyons.
Les groupes environnementaux ont critiqué l’attitude de l’industrie à l’égard du document de travail.
Ils disent que les restrictions plus strictes sont justifiées, étant donné les inconnues sur la façon dont le sélénium se déplace dans les rivières et les ruisseaux. Ils ajoutent que les règlements devraient donner la priorité à l’environnement et non aux capacités de l’industrie.
Ils ont également critiqué le document pour sa dépendance à l’égard de ce qui sort du tuyau, au lieu d’un regard global sur les effets des effluents.
M. Gratton a déclaré que le document de travail est un bon début, mais qu’il doit être retravaillé.
« Ils ont présenté l’étoffe de quelque chose qui peut être fait pour bien fonctionner. Mais il y a des problèmes assez importants qui doivent être réglés. »
Environnement Canada prévoit une autre période de commentaires de 60 jours à la fin de l’année, la version finale du règlement étant prévue pour la fin de 2023.
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 13 mars 2022.