Enquête sur la Loi sur les urgences : Les premiers témoins seront des résidents et des représentants de la ville
La femme d’Ottawa qui a demandé une injonction judiciaire pour empêcher les camionneurs de klaxonner continuellement pendant le « convoi de la liberté » en février est parmi les premiers témoins d’une enquête publique sur l’utilisation de la Loi sur les mesures d’urgence par le gouvernement.
Zexi Li a intenté un recours collectif contre les organisateurs du convoi le 3 février, et un tribunal de l’Ontario lui a accordé une injonction quatre jours plus tard pour faire cesser les klaxons.
Une semaine plus tard, le 14 février, les libéraux fédéraux ont invoqué la Loi sur les urgences pour la première fois, alors que des manifestants opposés aux mandats de vaccination et aux lockdowns du COVID-19 bloquaient les passages frontaliers et occupaient les rues du centre-ville d’Ottawa.
L’invocation de la loi a temporairement accordé à la police des pouvoirs extraordinaires et permis aux banques de geler des comptes, ce qui, selon le gouvernement, était essentiel pour mettre fin aux protestations.
M. Li témoignera vendredi devant la Commission d’urgence sur l’ordre public, qui commence à examiner l’effet des manifestations sur les résidents d’Ottawa ainsi que les communications entre les conseillers municipaux, la police et d’autres représentants du gouvernement.
Catherine McKenney, qui est actuellement candidate à la mairie d’Ottawa, sera accompagnée de son collègue conseiller municipal Mathieu Fleury comme témoins vendredi. Tous deux représentent des quartiers fortement touchés par le convoi.
Fleury a déclaré avant son témoignage qu’il a participé à des appels quotidiens avec des fonctionnaires pendant le convoi, et qu’il a souvent été « très déçu par le manque de plan et le manque d’informations qui ont été partagées avec nous ».
« Il n’y avait pas beaucoup plus d’informations que celles fournies au public », a-t-il dit.
Il a également déclaré avoir fait l’objet de menaces, notamment un incident au cours duquel des personnes dans des camionnettes sont venues chez lui et lui ont crié dessus.
« En fin de compte, nous avons simplement déménagé et signalé l’incident », a-t-il dit, ajoutant qu’il avait une jeune famille.
La commission est chargée d’examiner l’évolution et les objectifs des manifestations, l’effet de la désinformation et de la mésinformation sur le convoi, et les efforts de la police avant et après la déclaration d’urgence.
Le témoignage du directeur de la ville d’Ottawa, Steve Kanellakos, devrait inclure des détails sur le rôle qu’il a joué en essayant de négocier la fin des protestations.
Kanellakos a rencontré certains des organisateurs du convoi début février lors d’une réunion alors secrète.
Quelques jours plus tard, le 12 février, Tamara Lich, l’un des leaders de la protestation, et le maire d’Ottawa Jim Watson ont échangé des lettres pour discuter d’un accord qui permettrait aux camionneurs de déplacer leurs véhicules en dehors des zones résidentielles.
Mais les organisateurs du convoi n’étaient pas sur la même longueur d’onde quant à la conclusion d’un accord, et certains manifestants très en vue ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de partir.
Au cours du premier jour des audiences de la commission jeudi, un avocat représentant la police d’Ottawa a déclaré qu’ils avaient eu peu de temps pour se préparer aux manifestations et qu’ils n’auraient pas pu prédire les impacts qu’elles ont eu sur la ville.
David Migicovsky, conseiller juridique du Service de police d’Ottawa, a déclaré jeudi qu’il y avait des processus bien établis en place pour faire face aux manifestants, mais qu’ils n’ont pas fonctionné pendant le « Convoi de la liberté ».
Il a ajouté qu’aucun des rapports de renseignement ne prévoyait le « niveau de violence communautaire et de traumatisme social qui a été infligé à la ville et à ses résidents ».
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 14 octobre 2022.