Enquête sur la Loi sur les urgences : La sécurité du Parlement s’est opposée à ce que la ville déplace des camions de convoi près de la colline du Parlement.
La force de sécurité du Parlement n’était pas d’accord avec le plan de la ville d’Ottawa visant à déplacer les semi-remorques des manifestants du « Convoi de la liberté » hors des quartiers résidentiels et dans la rue devant la colline du Parlement, selon les preuves publiées dans le cadre d’une enquête publique lundi.
La Commission d’urgence de l’ordre public a été informée que le Service de protection du Parlement, qui surveille les bâtiments du gouvernement dans le secteur, n’était pas d’accord avec un plan que la ville avait arrangé avec certains organisateurs du convoi le 12 février pour que les camions des manifestants soient déplacés des zones résidentielles vers la rue Wellington.
« Le (service de sécurité) a exprimé son inquiétude quant à la transformation de la rue Wellington en un parking de plus de 200 camions », peut-on lire dans le résumé d’un entretien accordé par le directeur municipal Steve Kanellakos à la commission, qui examine la décision du gouvernement fédéral d’invoquer la loi sur les urgences.
« La (police) a ensuite arrêté les véhicules en mouvement près de la colline du Parlement ».
Les documents connexes ont été rendus publics lundi, alors que la commission tenait sa troisième journée d’audiences publiques dans l’édifice de Bibliothèque et Archives Canada, au centre-ville d’Ottawa. Les audiences publiques sont prévues jusqu’au 25 novembre.
Le 13 février, le maire d’Ottawa, Jim Watson, a annoncé les détails d’un accord proposé avec certains organisateurs de manifestations, selon lequel 400 d’entre eux seraient retirés des zones résidentielles, ce qui devait prendre plusieurs jours.
Le résumé publié dans le cadre de l’enquête publique explique que M. Kanellakos ne savait pas si le service de sécurité du Parlement avait été consulté sur le plan avant que la police d’Ottawa ne commence à déplacer des camions sur la rue Wellington. Celle-ci abritait déjà des dizaines de gros camions, ainsi que d’autres véhicules et des tentes montées par les manifestants.
Le gouvernement fédéral n’a pas non plus été consulté sur le projet de déplacer d’autres camions près de la colline du Parlement, selon le résumé.
Au cours de l’audience de lundi, la commission a vu un courriel envoyé le 14 février – le jour de l’entrée en vigueur de l’accord – par Larry Brookson, directeur intérimaire du Service de protection du Parlement, à Kanellakos pour organiser une réunion sur la décision.
« En toute honnêteté, Steve, je ne comprends pas comment ce genre d’accord a pu être conclu avec un mépris évident pour la sécurité », dit l’email de Brookson.
« Surtout si l’on considère que nous venons de terminer une évaluation de l’explosion d’une bombe qui incluait la menace du transfert d’un explosif par de gros véhicules. »
La commission a entendu qu’une telle réunion n’a jamais eu lieu. Peter Sloly, qui était alors chef de la police d’Ottawa, a démissionné de son poste le lendemain. Le jour où Brookson a envoyé son courriel était le même que celui où le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement ont annoncé la décision d’invoquer la Loi sur les urgences
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La police a passé les jours suivants à avertir les manifestants qu’il était temps de partir, et pendant le week-end, la police est intervenue avec force pour faire partir ceux qui refusaient, arrêtant plus de 100 manifestants.
L’accord proposé par la ville pour déplacer les gros engins liés au convoi est intervenu alors que la colère montait chez les résidents qui en avaient assez du bruit causé par les manifestants qui sont arrivés fin janvier et sont restés presque tout le mois de février.
Grâce aux documents et aux témoignages présentés lundi, la commission a appris que l’idée d’un tel arrangement est venue après que les liaisons policières aient signalé une rupture de communication avec les chefs de convoi.
Certains manifestants voulaient toujours avoir une réunion avec la ville.
Le résumé de l’entretien de Kanellakos avec la commission indique que Watson était « initialement mal à l’aise avec l’idée », mais en tant que directeur municipal, il a rencontré certains représentants du convoi.
« Kanellakos voulait profiter de cette occasion pour faire sortir les manifestants des zones résidentielles », peut-on lire, ajoutant qu’il a informé d’autres personnes des discussions, y compris Watson et la police.
« Tous les participants à l’appel ont convenu que le fait de faire sortir les manifestants des zones résidentielles serait positif, à la fois pour les résidents et pour réduire l’empreinte des manifestations. »
De hauts fonctionnaires de la ville ont participé aux négociations, ainsi que Dean French, l’ancien chef de cabinet du premier ministre de l’Ontario Doug Ford.
En fin de compte, la commission a entendu que l’accord n’a incité qu’environ 40 gros camions et autres véhicules légers à quitter cinq ou six rues résidentielles.
« Comme ils n’ont pas respecté leur part du marché, les manifestants n’ont jamais donné suite à la ville pour demander une rencontre avec le maire », peut-on lire dans le résumé présenté lundi.
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 17 octobre 2022.