Élection au Québec : les campagnes débutent officiellement dimanche avant le vote du 3 octobre
C’est maintenant officiel : le Québec est en campagne électorale.
Le 3 octobre, quelque 6 281 942 personnes ayant droit de vote au Québec auront leur mot à dire dans le choix des 125 élus qui les représenteront à l’Assemblée nationale pour les quatre prochaines années. Le parti qui remportera le plus de sièges formera le prochain gouvernement.
Le premier ministre François Legault a donné le coup d’envoi de la campagne électorale dimanche matin après que le Cabinet a adopté le décret et que le lieutenant-gouverneur J. Michel Doyon s’est rendu à son bureau pour dissoudre officiellement l’Assemblée nationale.
S’ils ne l’ont pas déjà fait, les électeurs auront environ cinq semaines pour se faire une opinion, évaluer les programmes et programmes des partis, même si c’est de plus en plus la personnalité du leader, son charisme, qui guideront leur choix de qui ils feront confiance.
Si l’on en croit tous les sondages des derniers mois, la Coalition Avenir Québec (CAQ), dirigée par Legault, se dirige vers une victoire facile et retentissante qui lui donnerait un second mandat et lui assurerait la formation d’un gouvernement majoritaire fort qui pourrait avoir jusqu’à 100 places.
Mais les campagnes peuvent surprendre : personne n’est à l’abri d’une gaffe ou d’un scandale, suivi d’une forte baisse des intentions de vote.
Les partis doivent aussi composer avec les aléas du mode de scrutin, qui favorise les uns et pénalise les autres. En 2018, M. Legault a réussi à former un gouvernement majoritaire avec seulement un million et demi de voix (plus précisément, 1 509 455 voix).
Le taux de participation, qui ne cesse de baisser, notamment chez les 18-34 ans, était de 66 % en 2018. Cela signifie qu’un électeur sur trois a choisi de ne pas exercer son droit de vote. À cette époque, la CAQ remporte 37 % du vote populaire.
Au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale, la CAQ compte 76 députés, tandis que l’opposition officielle formée par le Parti libéral du Québec (PLQ) compte 27 sièges, Québec solidaire (QS) compte 10 sièges, le Parti québécois (PQ) compte 7 sièges. et le Parti conservateur du Québec (PCQ) avait un siège.
Il y avait quatre membres indépendants.
Des cinq meneurs, Legault est de loin le plus expérimenté. Il a une longueur d’avance car il est le seul des cinq chefs de partis représentés à l’Assemblée nationale à connaître les exigences particulières d’une campagne électorale législative.
Il s’agira de sa quatrième fois à la tête de la CAQ, après celles de 2012, 2014 et 2018.
Notamment, la campagne électorale qui commence sera la première pour les quatre autres dirigeants.
Deux des cinq chefs se présentent pour la première fois à l’Assemblée nationale : le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon dans Camille-Laurin (anciennement Bourget) à Montréal et le chef conservateur Éric Duhaime dans Chauveau, une circonscription au nord de Québec.
Des cinq chefs de parti au Parlement, Legault est le plus âgé à 65 ans. À 32 ans, le chef de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois est le plus jeune du quintette.
Entre les deux, Dominique Anglade, 48 ans, est la seule femme. Ancien ministre de l’Économie dans le cabinet Couillard, le chef libéral mène un parti en chute libre dans les sondages. Elle devra convaincre tous les anciens électeurs libéraux qui ont tourné le dos au parti en 2018 de revenir dans le giron, en précisant ce qu’elle entend faire du parti. Et elle devra les convaincre qu’elle peut battre Legault, en s’attaquant à son record.
Habile communicateur et déjà parlementaire aguerri, Nadeau-Dubois devra travailler à élargir sa base, s’il veut que QS joue vraiment dans la cour des grands. Reste à savoir jusqu’où il est prêt à aller pour recentrer le parti de gauche pour y arriver.
À la tête du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, 45 ans, doit craindre de devoir passer l’essentiel de la campagne électorale à démontrer que son parti, dont la popularité ne cesse de chuter, n’est pas à l’agonie. Il devra tenter de fédérer tous les souverainistes, les exhortant à voter selon leurs convictions.
Il y a un paradoxe avec le Parti conservateur dirigé par Eric Duhaime, 53 ans. Aucun autre parti n’a réussi au cours de la dernière année à attirer autant de monde, à remplir des salles et à recruter des dizaines de milliers de membres. Mais avec environ 13 % d’intentions de vote dans les sondages, le parti de droite demeure marginal et son aura ne semble pas s’étendre au-delà de la grande région de Québec. Elle devra convaincre les électeurs qu’elle peut offrir plus que la simple lutte contre les mesures sanitaires.
Les chefs pourront croiser le fer dans des débats télévisés, d’abord le 4 septembre, puis le 22 septembre à Radio-Canada, et le 15 septembre à TVA, dans un « Face à Face ». Il n’y aura pas de débat en anglais.
Il est trop tôt pour dire avec certitude quels seront les thèmes centraux de la campagne électorale et quelle sera la fameuse question des urnes. Mais il y a fort à parier que la gestion de la pandémie, la hausse continue de l’inflation et du coût de la vie, la baisse de la pression fiscale, la pénurie de main-d’œuvre, l’accès aux soins de santé et la lutte contre le changement climatique en feront partie.
Une inconnue : les dirigeants et leurs organisations devront-ils faire face à une nouvelle vague de COVID-19 en pleine campagne électorale ? Traditionnellement, les campagnes électorales se résument à des rassemblements, des poignées de main et des câlins. Comment sera-t-il cette fois-ci ?
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois en français le 28 août 2022.