Des officiers condamnés pour avoir utilisé un » indicatif d’appel » inapproprié
L’Aviation royale du Canada annonce que deux officiers militaires ont reçu des réprimandes et des suspensions mineures de solde pour avoir omis d’appliquer les ordres militaires sur la prévention et le traitement de l’inconduite sexuelle.
Les accusations et les mesures disciplinaires découlent d’une réunion informelle connue sous le nom de « comité d’examen des indicatifs d’appel » tenue le 22 juin à l’une des deux principales bases d’avions de chasse du Canada, la 4e Escadre Cold Lake, en Alberta.
D’anciens pilotes de chasse ont décrit ces comités d’examen comme étant des réunions informelles après des exercices d’entraînement ou des opérations majeures au cours desquelles les pilotes attribuent des surnoms, ou des indicatifs d’appel, aux nouveaux membres autour d’un verre.
L’armée de l’air affirme que lors de la réunion de juin, plusieurs pilotes de chasse ont proposé, discuté et attribué un indicatif d’appel « inapproprié » à un autre pilote.
Le colonel Colin Marks est privé de huit jours de salaire après son verdict de culpabilité lors d’une audience sommaire, et le lieutenant-colonel Corey Mask perd cinq jours de salaire.
L’armée de l’air déclare dans un communiqué que ces décisions ne marquent pas la fin de l’affaire car un changement culturel plus large est en cours. [Le message partagé par le porte-parole de la Force aérienne, le major Trevor Reid, décrit les audiences sommaires, qui ont eu lieu devant 50 membres de la 4e Escadre, comme un « processus non pénal et non criminel utilisé pour traiter équitablement les infractions à la discipline militaire au niveau de l’unité ».
La déclaration, envoyée aux membres de l’armée de l’air, indique qu’elle doit tirer des leçons de l’incident « afin de faire évoluer notre culture vers un respect absolu, où chacun d’entre nous peut apporter le meilleur de lui-même à l’opération et à l’organisation chaque jour ». [Elle a ajouté que l’armée de l’air « prend des mesures pour officialiser la tradition des commissions d’examen des indicatifs d’appel afin d’assurer une surveillance adéquate et de veiller à ce qu’elles soient menées d’une manière conforme aux valeurs de l’armée de l’air. »
Le commandant de l’armée de l’air, le Lt.-Gen. Eric Kenny, commandant de la Force aérienne, a révélé pour la première fois l’existence d’une enquête sur la réunion du 22 juin lorsqu’il a annoncé en août qu’une cérémonie d’installation de Marks comme commandant de l’autre base de chasseurs à réaction du Canada, la 3e Escadre à Bagotville, au Québec, était retardée.
Les deux officiers ont été inculpés en octobre, mais la nouvelle des accusations et des procès sommaires n’a été révélée qu’à la fin du mois dernier. [Les accusations n’étaient pas de nature criminelle, et les audiences ont été menées par d’autres officiers à Cold Lake, en Alberta, qui, selon la Force aérienne, étaient suffisamment éloignés pour » assurer l’impartialité des décisions rendues « . Aucune des deux audiences n’a été ouverte au public.
Un troisième officier, plus subalterne, a également été accusé d’avoir porté atteinte à la discipline ou au moral pour avoir participé, selon la Force aérienne, à l’attribution d’un « indicatif d’appel inapproprié ». [L’accusation contre cet officier, dont le nom n’a pas été divulgué, a été abandonnée par la suite et l’officier a reçu ce que les militaires appellent des mesures administratives.
Des mesures administratives, qui impliquent généralement des avertissements et des réprimandes, ont également été imposées à d’autres officiers dont le grade va de sous-lieutenant à major, a déclaré Reid.
L’affaire Marks et Mask a mis en lumière une tradition de longue date dans l’armée canadienne, soit l’attribution d’indicatifs d’appel, à un moment où l’armée doit encore composer avec les retombées d’une série de comportements inappropriés, voire criminels, de la part d’officiers supérieurs.
Ce reportage de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 12 décembre 2022. ;