Des gymnastes canadiens demandent une enquête sur des pratiques abusives et une culture toxique
TORONTO — Plus de 70 gymnastes canadiens demandent une enquête sur ce qu’ils considèrent comme une culture toxique et des pratiques abusives au sein de leur sport dans le pays.
Dans une lettre adressée lundi à la directrice générale de Sport Canada, Vicki Walker, les athlètes actuels et retraités affirment que la crainte de représailles les a empêchés de s’exprimer pendant près de dix ans.
« Cependant, nous ne pouvons plus rester silencieux », indique la lettre. « Nous faisons part de nos expériences d’abus, de négligence et de discrimination dans l’espoir de forcer le changement. »
Selon la lettre, il y a eu de multiples plaintes et même des arrestations pour diverses formes d’abus émotionnels, physiques et sexuels.
Les plaintes ont été déposées contre des entraîneurs canadiens, que les athlètes ont souvent côtoyés alors qu’ils étaient mineurs.
L’ancien entraîneur féminin canadien Dave Brubaker a été banni à vie par Gymnastique Canada en 2021 à la suite d’une enquête interne. Brubaker a été déclaré non coupable d’agression et d’exploitation sexuelles en 2019 après avoir été accusé d’avoir agressé sexuellement une jeune gymnaste il y a des années. Il avait été arrêté en décembre 2017.
« Nous savons qu’il existe de nombreux autres exemples de préjudice qui n’ont pas encore été révélés, et nous savons que les comportements abusifs se poursuivent aujourd’hui dans les gymnases du pays », ont écrit les gymnastes lundi. « Le conseil d’administration et le PDG actuels de GymCan n’ont pas réussi à résoudre ces problèmes et n’ont pas réussi à gagner la confiance des athlètes. »
Ils ont souligné que les plaintes des athlètes sont actuellement adressées au PDG de Gymnastique Canada, Ian Moss, qui « exerce un pouvoir important sur la carrière des athlètes », plutôt qu’à un tiers indépendant.
Les athlètes demandent une enquête indépendante, affirmant que les plaintes adressées à Gymnastique Canada n’ont pas été entendues. Ils demandent que l’enquête tienne compte de l’expérience des athlètes actuels et retraités et que les recommandations et les conclusions soient rendues publiques.
Cette lettre intervient un mois après qu’un groupe de près de 90 athlètes canadiens actuels et anciens de bobsleigh et de skeleton ait écrit à leur organisation nationale pour demander la démission de leur directeur de la haute performance et de leur PDG par intérim.
« Nous exprimons également notre solidarité avec nos collègues athlètes d’autres sports qui ont courageusement appelé au changement de manière similaire, notamment les athlètes de bobsleigh et de skeleton qui plaident actuellement pour une enquête similaire au sein de leur organisme directeur national », ont écrit les gymnastes.
La lettre a été écrite par 71 gymnastes canadiens d’hier et d’aujourd’hui, y compris des athlètes olympiques et des membres de l’équipe nationale.
Des copies ont été envoyées à la ministre des Sports du Canada, Pascale St-Onge, à la présidente du Comité olympique canadien, Trisha Smith, à la directrice générale d’À nous le podium, Anne Merklinger, et au président de Gymnastique Canada, Ian Moss.
Les plaintes des athlètes sont de plus en plus nombreuses. Rowing Canada a annoncé le mois dernier qu’il planifiait un examen indépendant de sa culture de haute performance et de sa gouvernance à la suite des préoccupations exprimées par les membres de la communauté de l’aviron à la fin de 2021 et au début de 2022.
Et un examen indépendant des programmes de haute performance de Rugby Canada a dressé un tableau accablant d’une organisation dysfonctionnelle en désaccord avec ses athlètes, son personnel et ses supporters.
Global Athlete, un mouvement mondial dirigé par des athlètes qui a été fondé pour s’attaquer à l’équilibre des pouvoirs entre les athlètes et les administrateurs, a envoyé la lettre au nom des gymnastes.
Ce rapport de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 28 mars 2022.