De nombreux vendeurs à Ottawa n’ont pas de politique de prévention du travail des enfants, selon un rapport.
Un rapport commandé par le gouvernement fédéral et portant sur les fournisseurs qui ont vendu des milliards de dollars de marchandises au gouvernement a révélé que la grande majorité d’entre eux n’avaient pas de politiques adéquates pour prévenir les risques liés aux droits de la personne et du travail dans leurs chaînes d’approvisionnement.
Le rapport recommande plusieurs façons dont le gouvernement peut travailler avec les fournisseurs pour éviter la complicité dans la traite des personnes, le travail forcé et le travail des enfants, par exemple en favorisant les entreprises qui ont une bonne compréhension des problèmes et des politiques appropriées pour les résoudre.
Le rapport a été achevé pour le gouvernement en mai par Rights Lab, un groupe multidisciplinaire bien informé sur la traite des êtres humains, basé à l’Université de Nottingham en Angleterre.
La Presse Canadienne a utilisé la loi sur l’accès à l’information pour obtenir une copie publique – ainsi qu’une version classifiée et fortement censurée – et une note d’information interne résumant la réponse prévue par le gouvernement.
« Le Canada prend une position de leader en exposant ses marchés publics à cet examen minutieux – une première étape importante et nécessaire », indique le rapport. « Cela permet un apprentissage efficace et crée la visibilité et les bases nécessaires à l’amélioration. »
Le gouvernement fédéral reconnaît que la nature mondiale des chaînes d’approvisionnement signifie qu’il existe un risque que les biens qu’il achète aient été produits en recourant au travail forcé ou à la traite des êtres humains.
Depuis qu’il a reçu les conclusions du rapport, le gouvernement a mis à jour son Code de conduite pour l’approvisionnement afin d’y intégrer les attentes en matière de droits de l’homme et du travail pour les fournisseurs et leurs sous-traitants.
En janvier, Ottawa a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre les violations des droits de l’homme au Xinjiang, en Chine, notamment une approche visant à défendre les droits des Ouïghours et d’autres minorités ethniques.
Le rapport du Public Rights Lab ne pointe pas du doigt les entreprises ou les pays.
Le groupe a examiné les codes d’identification générale des marchandises – des textiles et des vêtements à l’électronique et aux équipements d’éclairage – afin de déterminer celles qui risquent le plus d’être exposées à des violations des droits.
Il a inclus l’historique des contrats de Services publics et Approvisionnement Canada d’avril 2017 à septembre 2020 dans l’analyse.
Les auteurs se sont ensuite concentrés sur les trois plus grands fournisseurs par la valeur des dépenses de chacun des 13 codes à haut risque, ainsi que sur les 20 plus grands fournisseurs de l’ensemble de données par la valeur du contrat. Il y avait un certain chevauchement dans ces catégories.
Sur les 48 fournisseurs examinés, seuls cinq ont démontré une reconnaissance approfondie des risques liés aux droits de l’homme dans leurs chaînes d’approvisionnement et ont agi en conséquence par le biais de politiques susceptibles d’être efficaces, indique le rapport.
Trente-huit d’entre eux ne faisaient aucune référence aux risques liés aux droits de l’homme et aux droits du travail dans leurs chaînes d’approvisionnement sur leurs sites web ou dans tout document publié.
Deux vendeurs ont mentionné ces risques dans divers endroits accessibles au public, mais n’avaient aucune politique ou procédure concrète et publiée pour y faire face.
Trois autres vendeurs avaient élaboré des politiques ou des procédures qui ont été jugées peu susceptibles de fonctionner dans la pratique.
Rights Lab recommande le développement d’une politique d’achat du gouvernement détaillant l’engagement du Canada à aborder les questions de droits.
Il indique que la politique devrait être étendue à une « stratégie de diligence raisonnable », les fournisseurs devant savoir que le gouvernement accorde une grande priorité à la prévention de l’exploitation du travail.
Les exigences de préqualification au stade de l’appel d’offres devraient engager les fournisseurs à s’engager dans la politique et à fournir leurs propres politiques et procédures pour faire face aux risques, indique le rapport.
« Les contrats devraient être attribués aux fournisseurs disposant de politiques appropriées et ayant démontré une compréhension suffisante des risques de la chaîne d’approvisionnement liés aux violations des droits de l’homme. »
Les fournisseurs devraient fournir davantage d’informations, notamment le pays d’origine des produits et la répartition géographique de leur chaîne d’approvisionnement, ajoute le rapport.
En outre, le gouvernement pourrait offrir une formation aux fournisseurs et exiger qu’ils respectent le code de conduite révisé, ainsi que renforcer la capacité fédérale à enquêter sur les chaînes d’approvisionnement à haut risque.
Le manque de transparence et d’engagement devrait conduire à l’inéligibilité en tant que fournisseur et à l’annulation des contrats déjà en place, recommande également le rapport.
La note d’information, préparée par Services publics et Approvisionnement Canada, indique que le programme d’acquisition du Ministère a été.. :
– prépare du matériel pour communiquer les résultats de l’évaluation des risques aux fournisseurs ;
– déterminer les lacunes dans les données en vue de recueillir et de suivre des renseignements supplémentaires auprès des fournisseurs ;
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– déterminer les exigences relatives à une politique d’achat gouvernementale spécifique et à une stratégie de diligence raisonnable.
Le ministère fédéral n’avait pas de mise à jour immédiate sur ses activités.
Parallèlement au rapport, le ministère a mené une consultation auprès des parties intéressées sur les risques liés à l’approvisionnement.
« Une sensibilisation accrue, particulièrement en ce qui concerne les chaînes d’approvisionnement complexes et mondiales, demeure un défi permanent « , indique un rapport sur cet effort.
Les résultats suggèrent que la plupart des fournisseurs « n’ont pas cartographié leurs chaînes d’approvisionnement et ne sont pas conscients des risques liés au travail forcé et à la traite des êtres humains. »
La consultation a également révélé la nécessité de donner aux fournisseurs l’accès à des outils et des ressources pour répondre aux attentes en matière de chaîne d’approvisionnement dans le cadre du code.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 28 octobre 2021.