Le ministre de la Justice du Québec dit que le gouvernement déposera un projet de loi pour rendre le serment à King facultatif
Le gouvernement du Québec dit avoir l’intention de déposer prochainement un projet de loi pour rendre la prestation de serment devant le roi facultative pour les députés à l’Assemblée nationale, même s’il n’est pas clair si la province a ou non le pouvoir de le faire sans modifier la constitution canadienne.
Les trois élus du Parti québécois (PQ) et les 11 élus de Québec solidaire (QS) ont refusé de prêter allégeance à la Couronne lors de leurs cérémonies d’assermentation à l’Assemblée législative du Québec le mois dernier. Les chefs de parti disent que la tradition est « archaïque » et n’a pas sa place à l’Assemblée nationale du Québec, alors ils ont plutôt promis leur loyauté au peuple québécois.
Le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, qui a prêté allégeance au roi Charles III lors de son assermentation le 18 octobre, a déclaré mercredi aux journalistes qu’il espérait trouver une solution rapide à un problème politique qui a soulevé un certain nombre de questions constitutionnelles.
« Pour régler la situation, nous sommes prêts à déposer rapidement un projet de loi », a déclaré le ministre caquiste dans un bref communiqué, sans fournir de précisions supplémentaires.
Un projet de loi réglera-t-il le problème?
Ce n’est pas si simple. Une grande partie du débat est centrée sur un territoire inexploré – à tel point qu’il n’y a pas de consensus parmi les experts constitutionnels.
Benoît Pelletier, professeur de droit constitutionnel à l’Université d’Ottawa, a déclaré précédemment qu’il croyait que le législateur pourrait permettre aux députés dissidents de siéger en adoptant une motion. Le ministre Jolin-Barrette a dit qu’il n’était pas d’accord avec cette évaluation, affirmant que les députés devraient adopter un projet de loi — pas une simple motion — pour changer les règles.
Pelletier a déclaré qu’il croyait que le Québec pourrait changer le serment par le pouvoir que possèdent les provinces de changer leurs propres constitutions, mais d’autres experts croient que cela nécessiterait le consentement de toutes les provinces et des deux chambres du Parlement.
Ainsi, même si le Québec a adopté son propre projet de loi pour rendre le serment au roi Charles III facultatif, il n’est pas clair s’il peut en réalité être appliqué puisqu’il serait probablement directement opposé à la constitution canadienne.
Le dilemme politique qui se prépare à l’Assemblée nationale survient alors que le temps presse – la nouvelle session de la législature commence le 29 novembre et mardi, le président a clairement indiqué que les élus du QS et du PQ ne peuvent pas siéger au Salon Bleu.
Le président François Paradis a statué sur la question avec une décision qui ne laissait aucune place au doute.
Députés, a-t-il dit dans une lettre aux chefs du PQ et de QS rendue publique mardi.
« Dans le cas où une personne refuserait de se conformer à cet ordre, le sergent d’armes aura le droit de l’expulser », a déclaré Paradis.
L’ORATEUR EST ALLÉ TROP LOIN, DIT PQ
Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, n’était pas d’accord avec la décision de Paradis, affirmant qu’il s’agissait de «l’opinion» d’un président sortant qui ne présidera plus l’Assemblée nationale à compter du 29 novembre. L’Assemblée nationale choisira un nouveau président lors de la session reprend.
Joël Arseneau, député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, a déclaré que le Président était allé trop loin dans son évaluation de la question.
Le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, répond aux questions des journalistes après avoir rencontré le gouvernement et les chefs de parti, le mercredi 2 novembre 2022 à l’Assemblée législative de Québec. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot
« Je ne pense pas qu’il soit nécessaire dans une démocratie de proférer des menaces. Une sorte d’opinion constitutionnelle et de débat politique est là où nous en sommes. Nous n’allons forcer aucune porte et nous ne devrions être menacés par aucune sorte d’action », a-t-il déclaré lors d’une mêlée de presse mercredi.
« Je pense qu’il aurait dû s’en remettre à la sphère politique et aux différents experts avant de proposer [the decision]. »
Entre-temps, la perspective d’un projet de loi de la CAQ pour régler la question est un «élément intéressant» dont Québec solidaire discutera, selon le député du parti d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc.
« C’est ce que nous devons faire dans les prochains jours, les prochaines heures pour voir comment ces deux nouveaux éléments impactent notre comportement : la décision du [speaker], le nouveau projet de loi du gouvernement. Ces deux choses sont importantes. Nous devons voir comment cela affecte notre comportement », a déclaré Leduc.
Avec des fichiers de La Presse Canadienne