Rapport sur le racisme pour reprocher à la CAF de ne pas en faire plus
La ministre de la Défense, Anita Anand, publiera ce matin un rapport très attendu qui devrait reprocher aux militaires de ne pas en avoir fait assez pour lutter contre le racisme dans les rangs au cours des deux dernières décennies.
Le rapport est le résultat d’un examen d’un an par un groupe de membres retraités des Forces armées canadiennes chargé de trouver des moyens de lutter contre la haine, le racisme et la discrimination dans les rangs.
L’examen a été lancé en décembre 2020 au milieu des inquiétudes concernant le racisme systémique dans l’armée, ainsi que des liens signalés entre certains membres avec des groupes haineux, l’extrémisme de droite et la suprématie blanche.
Un document interne résumant les principales conclusions du groupe d’experts obtenu par La Presse canadienne indique que l’armée sera critiquée pour ne pas avoir donné suite aux examens et recommandations antérieurs pour résoudre le problème au cours des 20 dernières années.
« Le rapport réitère fermement que l’Équipe de la Défense doit mettre davantage l’accent sur les recommandations précédentes qui ont été faites, car elle estime que l’organisation possède les connaissances et l’expertise nécessaires pour les mettre en œuvre afin d’assurer un changement de culture efficace et significatif », lit-on dans le résumé daté du 14 avril. .
Le panel appelle également les militaires à « élever la voix de ceux qui ont des expériences vécues » et met l’accent sur le suivi de la mise en œuvre des recommandations passées pour assurer un véritable changement de culture dans les rangs.
« Le comité consultatif souligne dans le rapport que la seule façon dont le changement se produira est avec une plus grande responsabilisation commençant au niveau de l’unité et remontant à tous les niveaux de l’organisation », indique le résumé.
Il y a eu des inquiétudes croissantes concernant le racisme dans les forces armées et les liens entre certains militaires et des groupes haineux à la suite d’une série d’incidents et de rapports selon lesquels certains groupes de droite recrutent activement des militaires.
Ces incidents incluent un groupe de marins associés aux Proud Boys qui ont perturbé une cérémonie mi’kmaq à Halifax en 2017 et des reportages médiatiques sur d’autres membres associés à des groupes néonazis tels que la division Atomwaffen.
Un rapport du renseignement militaire de 2018 a déclaré que les responsables savaient que 30 membres actifs du service faisaient partie d’un groupe haineux ou avaient fait des déclarations discriminatoires ou racistes.
Anand a eu le rapport du panel depuis début janvier, mais son incapacité à le publier jusqu’à présent avait été remise en question par le bureau de l’ombudsman militaire Gregory Lick.
Son bureau a mené sa propre étude sur les efforts de l’armée pour accroître la diversité dans les rangs et les publiera début mai.
« Nous avons demandé à plusieurs reprises à voir le rapport du panel via plusieurs canaux avant sa publication depuis des mois maintenant », a déclaré le porte-parole du bureau de l’ombudsman Andrew Bernardo, qui a ajouté que les résultats de l’examen de Lick « ne sont pas jolis ».
« Quelles que soient les nouvelles initiatives mises en place à la suite du rapport du panel, l’ombudsman a insisté sur le fait que les mêmes erreurs ne se reproduisent pas et que le département et l’armée doivent faire les choses différemment. »
Le document de synthèse indique que les responsables des forces armées et du département de la défense ont travaillé à la mise en œuvre de ses 47 recommandations. Pourtant, malgré l’accent mis par le panel sur l’action, le document de synthèse indique que seulement environ la moitié des recommandations du panel sont mises en œuvre.
« D’autres prendront plus de temps et nécessiteront un examen et des consultations plus approfondis dans l’ensemble de l’organisation en raison de la portée des recommandations, de leur complexité et de la nécessité de collaborer avec des partenaires externes. »
Le travail est coordonné par un nouveau comité interne chargé de réformer la culture militaire sur la base du rapport du panel ainsi que de plusieurs autres, y compris le prochain rapport de la juge à la retraite de la Cour suprême Louise Arbour sur la lutte contre l’inconduite sexuelle dans les rangs.
Le panel devrait également appeler à des conversations « inconfortables » sur la race et le privilège des Blancs, et sur la façon dont les barrières systémiques ont eu un impact négatif sur les troupes autochtones, noires et racialisées.
Le rapport du groupe d’experts devrait également parler de l’impact du colonialisme et du déséquilibre actuel dans la part des militaires qui sont des hommes blancs par rapport au reste de la population canadienne.
« Les membres du panel tiennent à souligner qu’ils ne diminuent en rien la contribution des hommes blancs au sein de l’équipe de la Défense ; ils sont un symptôme du problème », indique le document de synthèse.
Le document comprend une proposition de réponse aux critiques selon lesquelles le rapport du panel est simplement « le wokeism en jeu », disant : « Nous avons constaté que le concept de wokeism continue d’être mal aligné avec sa signification d’origine, d’être socialement conscient et bien informé. »
Et tandis que l’armée se concentre actuellement sur la guerre en Ukraine et d’autres menaces, le document de synthèse décrit le changement de culture comme essentiel pour recruter et conserver suffisamment de troupes pour relever ces défis.
« Il est important que nous créions un environnement équitable et inclusif afin que nous soyons mieux placés pour recruter et retenir les personnes dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes urgents de l’heure », lit-on dans le résumé.
« Sans notre peuple, nous ne pouvons pas aborder ou combattre les guerres en cours. Les gens ne restent que là où ils se sentent appartenir. »
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 25 avril 2022.